La France traverse une période difficile. Les citoyens ne croient plus à l’efficacité des partis et le peuple de gauche, après avoir éliminé Sarkozy, s’avère déçu de la politique de l’actuel Président. La confiance que les Républicains mettaient en leurs leaders est ébréchée. Dans ce contexte, le FN, avec un programme qui tourne le dos à l’Evangile, prend de l’ampleur même parmi les chrétiens. Pour ce parti nationaliste et totalitaire, l’islam est la bête à rejeter loin de nos frontières. Les Français d’origine européenne se laissent convaincre et Madame Le Pen fait grandir son parti avec son islamophobie.
Certes, en certains quartiers, quelques français d’origine européenne sont très minoritaires, entourés par des populations originaires d’un pays musulman, particulièrement nombreuses. Paradoxalement ces Français d’origine européenne se sentent étrangers dans l’Hexagone : on est acculé à vivre au rythme de l’islam. Les enfants sont souvent victimes de cette situation. Le niveau scolaire y est plus bas que dans d’autres endroits et les enfants non-musulmans se font parfois insulter. On les traite de porcs et on essaye de les convertir.
On pourrait multiplier le nombre des situations conflictuelles qu’il ne s’agit pas de nier : on aurait tort d’ignorer les difficultés de quelques-uns. Néanmoins on aurait tort également de faire porter le poids de cette situation aux seuls disciples de l’islam. (...) Islam de France ou islam en France ? Malgré quelques heurts, malgré l’islamophobie croissante des populations d’extrême droite, l’islam a trouvé sa place « à la table de la République ». Des instances représentatives se mettent en place qui savent éduquer les consciences pour que les musulmans entrent dans la société laïque qu’ils ont rejointe. Dans les quartiers des villes ou des banlieues les mosquées sortent de terre et permettent à l’islam de vivre, malgré tout, dans une certaine dignité.
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L'Islam en voie d'institutionnalisation
La France a pu se doter d’une instance de représentativité de l’Islam au terme de plusieurs années de tâtonnement dont Christine Fontaine nous fait le récit :
- A la recherche d'une instance représentative
Deux acteurs musulmans de ce travail (Mohammed Zeïna et Ladj Thami Brèze) nous font part de leur expérience :
- Le CORIF, Mohammed Zeïna
- L'UOIF et le CFCM, Ladj Thami Breze
Anne-Sophie Vivier-Muresan, Professeure à l’Institut Catholique de Paris, nous parle de la formation des imams :
- La formation des imams, Anne-Sophie Vivier-Muresan
L'islam victime de la politique française
Professeur émérite de langue et civilisation arabes à la Sorbonne nouvelle, Boutros Hallaq, un arabe syrien de confession melchite, s’interroge sur la confusion entre arabité et appartenance musulmane.
- Citoyenneté et islam : comment sortir du piège ? Boutros Hallaq
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Le vis-à-vis de l'islam et de l'Eglise
Le Service des Relations avec l’islam devient le Service National des Relations avec les Musulmans. Le SRI fut mis en place par Monseigneur Huyghe, l’évêque d’Arras. Au nom de la Conférence Episcopale, il confia au Père Michel Lelong, Père Blanc, le soin de faire vivre cette instance de dialogue. C’était en 1975, à l’heure où les immigrés, venus du Maghreb, faisant venir leurs familles en France, manifestaient la présence de l’Islam dans l’Hexagone. Notre Comité de rédaction s’est tourné vers le Père Michel Lelong pour qu’il nous parle de cette époque où l’Eglise de France manifestait sa volonté de dialogue. Sans doute par modestie, Michel Lelong a préféré nous faire part des convictions qui l’animent aujourd’hui.
- Chrétiens et musulmans dans la France d'aujourd'hui, Michel Lelong
Celui qui lui succède aujourd’hui, le Père Feroldi, dans le dernier numéro de « La lettre du SRI » (n°125), dévoile l’esprit dans lequel son équipe et lui-même envisagent d’assurer le service qui leur est confié. Nous en extrayons quelques passages pour évoquer le désir de dialogue à l’œuvre chez beaucoup de chrétiens.
- SRI ou SNRM, Vincent Féroldi
Les musulmans de France sont très divers. Pourtant ils veulent promouvoir une réelle unité et une vraie cohésion. Dix fédérations et cinq grandes mosquées ont proclamé un « Manifeste citoyen des musulmans de France ». Quatre cents personnalités musulmanes, réunies à L’Institut du Monde Arabe à Paris le 29 novembre dernier, s’y sont ralliées. On en donne ici quelques extraits qui font apparaître leur accord profond avec le pacte républicain. Cette adhésion est inséparable du dialogue interreligieux.
- Manifeste citoyen des musulmans de France
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Regards
Un Français converti à l’islam depuis les années 70 nous dit ses sentiments à l’égard de l’islam d’aujourd’hui dans notre pays :
- Un chrétien converti à l'islam, Dominique-Mehdi Doulain
Dans un pays comme la France, marqué par les guerres de religion et par des luttes ayant abouti à la séparation de l’Etat et de l’Eglise, l’apparition de l’islam aiguise la recherche des sociologues et des intellectuels. Nous nous sommes intéressés à deux livres récents :
- "Islam et démocratie", réactions de Mohammed Benali
- "Situation de la France", un livre de Pierre Manent - Compte-rendu de Michel Jondot
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