En se convertissant à l’islam, si l’on en croit l’expérience de Dominique-Mehdi Doulain, on entre dans un monde authentiquement mystique mais qui, trop engoncé dans les rites, est mal présent au monde d’aujourd’hui.
Une autre dimension
de l’homme
Depuis toujours, par nature, j’ai toujours cherché à mette en relation mes aspirations profondes avec la réalité du cours de ma vie. Cela m’a demandé, sans que ce soit un effort, de rester très perméable au contexte et d’en tirer ce qui pouvait à mon sens qualifier mon existence. En m’apportant de la compréhension, de la profondeur, du partage, des rencontres, tout ce qui peut donner du relief permettant d’être en communion avec mon entourage ; tout ce qui me permet d’exister avec ma propre singularité.
L’islam a été et reste un lieu de prédilection pour ma spiritualité. Cette recherche d’autres dimensions chez l’homme que celle du réel, est consubstantiel à ma personne. Il y a d’ailleurs, chez chacun de nous une dimension, une volonté, une intuition qui nous propose d’aller au delà de la réalité. Tous les événements, les réussites, les tensions, les bonheurs, les rencontres, etc. qu’elle nous propose de vivre en permanence, nous implique dans un questionnement sur un au-delà de la réalité, sur une autre dimension de l’homme, plus ample, plus profonde ...
Toutes les spiritualité et les religions essaient de proposer des réponses à cette volonté de transcendance de l’homme ; l’islam bien sûr à sa manière...
Ces réponses viennent de corpus qui nous sont apportés par nos cultures et qui sont datés historiquement.. Toute ces traditions n’ont de cesse de prôner des dogmes intangibles qui malheureusement frictionnent souvent avec l’évolutions des société et du monde en général ...
Les dernières évolutions ( convulsions ... ) du monde moderne et en particulier du monde musulman montrent clairement que cette religion telle qu’elle est comprise et pratiquée actuellement débouche sur une forte tension qui touche les croyants accompagnée d’une forte inadéquation avec le monde d’aujourd’hui.
Inadéquation au monde que nous vivons
Il en résulte que certains croyants se retrouvent dans une posture intenable de rupture qui se manifeste par ces radicalisations-fanatisme-sectarisme, qui portent en elles la violence. Cette volonté de tuer, et de se tuer pour affirmer sa religion est l’expression de la fin d’une doctrine qui se saborde elle-même ; posture de désespoir, souvent envenimée par l’Occident, est un signe manifeste de l’effondrement d’une religion par inadéquation au monde que nous vivons.
Ce rituel à outrance, marqueur unique de l’islam, pour se protéger, pour s’enfermer pour ne plus voir la réalité du notre temps. Tout le corpus de l’Islam sacrifié, sanctionné, dénaturé par un monde musulman qui sombre dans la folie sectaire... L’islam n’est plus une religion, l’islam n’est plus une spiritualité, l’Islam est réduit à une secte fanatique d’un Dieu qu’ils se sont totalement approprié. Tout le monde est dans l’erreur, seul eux ont la vérité !!!
La fin d'un monde
C’est la fin d’un monde musulman qui face à l’histoire, face à la modernité n’a pas su ouvrir son «corpus» pour lui donner « sa présence au monde » pour mettre ces croyants en harmonie avec les vibrations essentielles qui portent le bonheur terrestre ...
Cette analyse, heureusement ne peut être généralisée ! Il existe d’une façon éparpillée, sous des formes très différentes, des lieux et des êtres qui vivent toujours avec leur coeur et leur esprit au diapason de cette spiritualité apaisante et lumineuse ... Ces ilots, où les fondements ont gardé leur primauté sur les formalismes et le rituel, vont avec le temps reconstruire sainement et solidement ce qui a été déconstruit par les sociétés, leur dirigeants, leurs politiques frustrés par la modernité et l’histoire ...
Ce passage d’un état d’ouverture sereine à un état de fermeture sectaire d’une partie du monde musulman a été pour moi une épreuve. Je l’ai vécu de très près étant engagé dans une association musulmane à Vanves. J’ai d’abord pensé que ce formalisme ritualiste permettait aux musulmans de faire communauté, de revitaliser leur pensée, leur présence au monde face à la marginalité que notre pays pouvait leur imposer et de leur redonner confiance en la société. En fait ce communautarisme, alimenté entre autres de l’extérieur par des courants très hostiles à l’Occident, s’est recroquevillé sur lui même et peu à peu a muté en un communautarisme sectaire de refus du monde, renfermant les musulmans dans un système d’exclusion, les marginalisant...
Sentant cette « raideur » s’installer dans la petite communauté et voyant le vent tourner, j’ai démissionné et repris mon chemin. Celui où je me sens libre et serein. En fait je regrette d’une certaine façon ce passage dans cette communauté, car les échanges ont toujours été délicats et le partage limité ( se sont des signes sur lesquels j’aurais dû réfléchir ! ) dans la mesure où « n’étant pas de cette culture » je ne pouvais pas les comprendre et eux ne pouvaient entendre totalement ma parole; il y avait une espèce d’attirance-méfiance qui jouait à la fois sur les deux tableaux...
Cependant l’islam en France reste toujours celui des musulmans français d’origine maghrébine qui se rattachent à leur tradition augmentée d’un discours sectaire dispensé par les jeunes fanatiques qui opèrent dans l’hexagone sans problème ... Voir les attentats de Charlie et du Bataclan ... Cette situation critique d’un islam guerrier portée par notre société d’exclusion est une impasse totale qui met toute la communauté en déséquilibre face à notre société ...
Une inversion totale des objectifs d’une religion pour en faire une doctrine guerrière mortifère.
Déviations envahissantes
Le grand respect que je porte à cette spiritualité a été sali par ces déviations envahissantes dont se délecte l’Occident qui bien sûr n’arrête pas de mettre de l’huile sur le feu ... Ceci étant, m’éloignant de ces dérives, je poursuis mon chemin comme je le soulignais précédemment, en gardant au fond de moi ce qui m’a toujours passionné dans l’islam :
L’idée de l’unité, comme source créative qui produit la diversité.
L’idée de Dieu : c’est l’idée d’un créateur perpétuel.
L’idée d’être libre en permanence : le « libre arbitre » est essentiel.
L’idée d’être en rapport avec Dieu quand on veut, bien sûr, sans intermédiaire.
L’idée que Dieu se révèle par sa création : le cosmos, la nature, les êtres humains et par notre incarnation qui est notre seul statut d’existence sur terre...
L’idée que Dieu est à l’origine de tout : le bien mais aussi le mal.
L’idée que Dieu passe sont temps à nous pardonner puisqu’il nous a faits imparfaits. Dieu est infiniment miséricordieux c’est sa qualité première.
L’idée que Dieu aime sa création, ses créatures. Il est amoureux de ce qu’il fait.
Dominik/Mehdi Doulain