« Musulmans et chrétiens constituent bien ensemble plus de la moitié de la population mondiale.
Sans la paix et la justice entre ces communautés religieuses, il ne peut y avoir de paix significative dans le monde.
L'avenir du monde dépend donc de la paix entre musulmans et chrétiens. »
Ainsi parlent 138 responsables musulmans qui ont envoyé un long message à Benoît XVI et à tous les responsables des églises chrétiennes.
Ce texte a été reçu de manière très positive par le pape. Il invite à constituer, au plus haut niveau,
un groupe de travail et de réflexion réunissant des spécialistes patentés du dialogue.
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Nous nous réjouissons de cet événement ; il a une dimension théologique et une portée politique.
A en croire l'histoire, il est une certaine façon de faire de la théologie qui conduit à la violence.
Le « jihad » ou les guerres saintes sont le fruit d'une certaine conception de la vérité.
Nous avons la vérité ; elle vient de Dieu ; elle s'impose.
Au nom de la vérité,
il convient de soumettre autrui pour que soit maintenue l'autorité de Dieu de qui vient toute connaissance.
Ainsi s'explique la croisade du bien contre le mal qui conduit les troupes américaines en Irak.
Ainsi se justifie la notion de jihad qui fait des ravages en plusieurs pays, musulmans ou non.
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Le « texte des 138 » brise ce cercle vicieux. Il manifeste une écoute des révélations chrétiennes
et musulmanes que les mots de la conclusion résument parfaitement : «Conformément au Coran, nous, en tant que musulmans,
invitons les chrétiens à s'accorder avec nous sur ce qui nous est commun : les deux commandements de l'amour ».
Dans les rencontres islamo-chrétiennes, lorsque nous évoquons « ce qui nous est commun », nous avons trop souvent
coutume de nous référer à des dogmes (l'unicité divine, la virginité de Marie, la création& ) ou à des vérités contenues dans des mots.
L'amour n'est pas une vérité, au sens philosophique. Il dit le souci de ceux qui cherchent le langage capable d'imposer non
la vérité dont on se réclame, mais de créer des liens entre les hommes. Ce tissage humain est un réel travail politique.
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Tissage, « mes tissages » : le nom de notre association, parce qu'il opère la rencontre entre familles religieuses différentes,
désigne cette dimension sociale. Quelquefois, chez les croyants, on a peur de parler de ce sujet.
C'est peut-être en France, le fruit de la séparation des religions et de l'Etat.
C'est peut-être aussi parce qu'on réduit la politique à un jeu de pouvoir et de rivalité.
En réalité lorsque, dans une société, on élargit le cercle de la convivialité, lorsqu'on brise les murs qui enferment et qui particularisent,
la dimension politique de la vie est une forme de l'amour; l'amour conduit à dépasser les frontières qui nous
définissent. Lorsque nous y parvenons, nous sommes au coeur d'une aventure mystique.
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