Le 22 mars 2008, lors de la vigile pascale, Benoît XVI baptisait un musulman qui se préparait depuis plusieurs années à rentrer dans l'Eglise.
L'événement déclenchait des propos enflammés ; ce geste, déclare Yahya Pallavicini, une important personnalité musulmane en Italie,
« révèle l'intention politique du Vatican de faire prévaloir la suprématie de l'Eglise catholique sur les autres religions ».
Aref Ali Nayed, une personnalité musulmane de Jordanie qui est à la racine de la lettre des 138 intellectuels adressée aux responsables chrétiens,
emploie le mot « exécrable » pour désigner cet acte de conversion.
Dans les pays musulmans, l'Eglise catholique se réduit de jour en jour.
Les chrétiens fuient parce que des pressions s'exercent sur eux, parfois avec violence.
Il arrive qu'ils aient à choisir entre la mort ou la conversion.
En certains pays, ils subissent des vexations parce qu'on les confond avec des sectes américaines.
En France, dans les banlieues, les jeunes catholiques sont la proie privilégiée d'un prosélytisme musulman particulièrement actif.
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En réalité toute pression pour convertir à l'islam est repoussée par le Coran (« nulle contrainte en religion »).
L'Eglise catholique, pour sa part, lors du Concile Vatican II, a solennellement affirmé son respect
pour la liberté religieuse qui s'enracine dans la dignité de la personne humaine (Cf. Décret « Dignitatis humanae »).
Pour notre part, nous nous devons de rappeler que le travail islamo chrétien auquel nous sommes attelés a pour point
de départ la conscience qu'en France, le respect entre croyants est le point de départ nécessaire du dialogue interreligieux.
« Maintenant que nous savons, l'un et l'autre, que nous ne cherchons pas à nous convertir, nous pouvons aller de l'avant ».
Un musulman prononçait ces mots à l'adresse d'un ami chrétien en 1995. C'était notre acte de naissance.
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La peur et la méfiance d'aujourd'hui ont pour cause, selon nous, une politique internationale qui déstabilise profondément les pays où,
jusqu'à une date récente, les communautés chrétiennes et musulmanes avaient toujours su vivre en bonne intelligence.
Nous voulons, là où nous sommes, vivre les uns avec les autres animés d'une double conviction.
Nous croyons, d'abord, qu'une parole ne peut être vraie si elle tente d'attirer à soi, de rendre semblable, d'assimiler.
On ne rencontre pas l'autre en le réduisant au même : convertir consiste à nier l'altérité.
Par ailleurs, musulmans et chrétiens ont, les uns et les autres, dans leurs messages des raisons de travailler
à faire advenir une société où chacun peut vivre dans la justice et la dignité.
En répondant à cette vocation nos religions nous ouvrent les uns sur les autres non pour convaincre
que nous avons raison mais pour faire reculer la violence et l'injustice.
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