Question d'un chrétien à des musulmans
DAECH et le Coran
Quand on a connaissance des massacres dont Daesh est l’auteur, les musulmans disent : « Ce n’est pas cela l’islam ! Notre Dieu est un Dieu de miséricorde. » Mais on ne peut les croire ; d’après le Coran, Dieu ne fait miséricorde aux hommes que s’ils se convertissent à l’islam : « Tuez les impies partout où vous les trouverez, capturez-les, assiégez-les et dressez-leur des embuscades. Mais si, s’étant convertis, ils observent la prière et font l’aumône, laissez-les en paix, car Dieu est toute intelligence, toute miséricorde » (IX,5). Il semble bien que les chrétiens font partie de ces impies : « Ceux qui disent que Dieu est le Messie, fils de Marie, sont des infidèles » (V,17).
Réponse de musulmans
Dieu n’a parlé à Mohammed que face à des situations particulières. Les propos que vous citez ont été prononcés face aux attaques subies par des adversaires ; il s’agissait d’une situation de légitime défense. Par ailleurs, si les ennemis en viennent à résipiscence, on ne doit pas se venger d’eux mais faire acte de miséricorde, à l’image d’Allah. Tel est l’enseignement qu’il faut retirer du texte que vous citez. Loin d’inciter à la violence, Dieu prévient que « tuer un seul homme c’est abattre l’humanité tout entière. » Quant aux chrétiens, le Coran parle d’eux d’une façon profondément respectueuse. A l’en croire, il s’agit d’une « communauté intègre dont les membres …croient au Jour dernier, ordonnent ce qui est décent et réprouvent ce qui est blâmable. Ceux-là sont au nombre des justes » (III, 113-115).
Question d'un musulman à des chrétiens
l'autoritarisme clérical
« Vous, catholiques, vous êtes écrasés par un système hiérarchique qui vous impose une manière de vivre et de croire. Vous vous soumettez au pouvoir des évêques et du Pape. L’islam a l’avantage de ne pas être soumis à une autorité cléricale. »
Réponse de chrétiens
Il est vrai que l’autoritarisme clérical est parfois difficile à supporter. Mais les musulmans peuvent-ils dire qu’ils sont libres par rapport à la Charia ? Celle-ci pèse sur les consciences plus lourdement que les textes de la Hiérarchie. En réalité, Jésus n’abolit pas la loi mais il nous dit que ce n’est pas en l’observant qu’on est sauvé. Nous prétendons que l’Esprit de Jésus est avec nous et qu’il nous pousse à décider en conscience d’agir en fonction de ce qui est bon.
Par ailleurs les décisions de la hiérarchie peuvent être libératrices. Par exemple jusqu’aux années soixante, les mentalités chrétiennes, surtout en Occident, se détournaient des musulmans. Lors du Concile Vatican II la hiérarchie a engagé les chrétiens à entre en dialogue avec eux. Il faut s’en réjouir !
Question d'un chrétien à des musulmans
Ce n'est pas cela l'islam ?
Quand on interroge un musulman sur le comportement d’un coreligionnaire, il est fréquent qu’on nous dise : « Ce n’est pas cela l’islam ». Cela est vrai pour les détails de la vie courante ; les avis divergent, par exemple, sur le voile ou sur les interdits alimentaires. Bien évidemment, lorsqu’un musulman bien intégré dans la société voit la cruauté du Daesh, la formule traditionnelle vient sur ses lèvres. Mais peut-on vraiment dire que ce n’est pas au nom de l’islam que Daesh terrorise et massacre juifs et chrétiens ? Ne faut-il pas dire qu’il obéit au Coran ? Comment interpréter cet ayat : « ...Les chrétiens disent le Messie fils de Dieu : ce n’est qu’un propos de leur bouche analogue à celui des dénégateurs de Jadis. Que Dieu les combatte » (IX 30) ? D’autres passages sont en contradiction avec celui-ci, c’est vrai. Mais cette condamnation, nous disent les islamologues, annule les paroles précédentes. Elle les « abroge » ; elle est « le dernier mot » du Livre sur la question.
Réponse de musulmans
Il est vrai que les musulmans de France viennent d’horizons différents et que beaucoup confondent les coutumes liées à un pays avec l’islam proprement dit. Ces divergences ne brisent pas l’unité de l’islam et aucun musulman, quelle que soit sa sensibilité, n’est exclu de la prière à la mosquée, contrairement à ce qui se passe chez les chrétiens pour les divorcés écartés de la communion. Il est vraisemblable que, dans quelques générations, les comportements en France seront unifiés.
Quant à la cruauté de l’islam, elle est démentie par l’histoire. Lorsque les Croisés en 1099 instaurèrent le « Royaume latin de Jérusalem », ils furent impitoyables et massacrèrent sauvagement les musulmans avant d’aller vénérer le tombeau de Jésus. En revanche, lorsque Saladin reprit la ville il fut généreux et fixa une rançon très modérée aux chrétiens pour qu’ils échappent à l’esclavage. Il organisa la sortie des habitants afin qu’ils échappent à un massacre éventuel.
En ce qui concerne l’interprétation de la condamnation des chrétiens, il ne faut pas oublier que l’islam a su inventer une manière de vivre le pluralisme à l’intérieur de la cité musulmane. Juifs et chrétiens étaient considérés comme des dhimmis, des « protégés », et non comme des impies à abattre. Ce statut n’est plus pensable dans une société démocratique mais il témoigne des possibilités d’universalisation et de respect des différences de la part de l’islam. Ceci n’aurait pas été possible si le texte du Coran incriminé avait été compris comme une prescription. Sans doute s’agissait-il d’une circonstance particulière où les chrétiens étaient considérés comme une menace. A l’époque même où ces paroles tombaient du ciel, peu avant sa mort, le Prophète avait reçu un Evêque et 14 notables. Venus du Yémen jusqu’à Médine ils ont négocié leurs relations avec les musulmans et abouti à un accord que l’islam a toujours respecté au long de son histoire. La condamnation de la sourate a été prononcée précisément à l’époque où Mohammed (Qbsl) élaborait le statut de dhimmis. Celui-ci a eu l’approbation des chrétiens en la personne de l’évêque de Najran. En réalité les musulmans ont toujours respecté les juifs et les chrétiens avec qui, disent-ils, ils forment un seul peuple, celui du Livre.
Question d'un musulman à des chrétiens
Naissance de Jésus et celle du Prophète
A Noël 2015, les musulmans, comme les chrétiens ont fêté le même jour la naissance de leurs prophètes réciproques. Pourquoi les chrétiens n’ont-ils pas célébré en même temps ces deux événements ?
Réponse de chrétiens
Peut-on dire que les musulmans, de leur côté, ont confondu les deux événements dans une même célébration ? En réalité, dans certaines paroisses catholiques et protestantes, on a évoqué cette correspondance et on a prié pour tous les musulmans. On parle beaucoup aussi d’une belle rencontre à l’église St Merri.
Contrairement à vous, les chrétiens ne mettent pas sur le même plan Jésus et Mohammed. D’ailleurs Jésus n’est pas désigné avec le même nom chez les chrétiens et chez vous les musulmans. Jésus, pour nous, n’est pas Aïssa comme dans le Coran.
Et surtout, pour les chrétiens il est le Fils de Dieu qui se manifeste en personne et, nous y croyons, le Fils de Dieu est mort sur la croix. Nous le savons: ces affirmations sont intolérables pour ceux qui ne font pas la rencontre du Jésus des Evangiles; pour d’autres que les chrétiens, c’est une folie et un scandale, disait St Paul.
Il est normal que vous ne compreniez pas mais vous savez nous respecter et nous vous en sommes reconnaissants.
Disant cela, il faut ajouter que nous ne prétendons pas avoir raison contre les musulmans. Tentons plutôt de vivre « en vérité » sans cacher nos convictions.
Question d'un chrétien à des musulmans
Le voile, signe de pudeur ?
Le rappel que les femmes de la Caravelle sont en général voilées me fait ressouvenir d’une question que je me pose, sans rapport avec l’actualité : ces musulmanes voilées considèrent-elles que le voile est une marque de pudeur, une exigence de la pudeur ? Ou une marque de fidélité religieuse sans justification particulière et indépendante de la pudeur ?
Réponse de musulmans
Le Coran parle du voile à deux reprises (24,31 et 33, 59). Il est un appel à la pudeur et s’adresse aux épouses du Prophète. « O Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de resserrer sur elles leurs voiles : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. » Le voile en question, dans ce texte, semble envelopper le corps tout entier comme le vêtement des salafistes (jilbab). Le lien n’est pas unanimement perçu, dans l’ensemble de l’Oumma, avec la religion. A La Caravelle, ne pas porter le voile relève souvent de la peur du « qu’en dira-t-on ». Mais beaucoup y voient une façon de se soumettre à la volonté de Dieu et de vivre dans la dignité. Chez certaines adolescentes, on peut déceler parfois une forme de coquetterie.
Question d'un chrétien à des musulmans
Interdiction du mariage entre une musulmane et un chrétien
Mon fils ingénieur veut épouser une jeune femme musulmane qu’il a connue pendant ses études. La famille de celle-ci s’oppose à cette union à moins que le garçon
catholique ne se convertisse à l’islam. N’y a-t-il pas là une forme d’intolérance religieuse ? De pareils comportements servent d’arguments
aux islamophobes dont le nombre grandit.
Réponse de La Maison Islamo Chrétienne
De pareilles situations se multiplient. Elles témoignent qu’en France, par-delà la diversité des cultures, les croyants sont acculés à reconnaître qu’un repli
sur leurs seuls interdits religieux appelle à la réflexion.
Chrétiens et musulmans de « La Maison islamo chrétienne » nous nous élevons fermement contre l’obligation faite à un jeune de se convertir pour se marier.
Nous conseillons à votre fils et à celle qu’il aime de trouver des personnes compétentes, musulmanes et chrétiennes, avec qui parler et trouver le chemin qui sauvera l’amour.
Que sera le pape François ?
Question d'un musulman à des chrétiens
Le pape actuel semble sympathique mais, venant d’Amérique latine, saura-t-il comprendre les problèmes de l’islam en Europe? Benoît XVI, au début de son Pontificat, a eu des paroles malheureuses à Ratisbonne, laissant entendre que les chrétiens étaient moins violents que les musulmans. Que sera le Pape François ?
D’abord, n’enfermons pas Benoît XVI dans les quelques paroles maladroites qui concernaient un événement remontant au Moyen Age. Rappelons-nous plutôt la journée du 27 octobre 2011 où, 25 ans après Jean-Paul II, il réunissait à Assise 300 représentants de toutes les religions.
En ce qui concerne le pape actuel, il faut remarquer que le fait d’avoir choisi comme nom celui de François est un symbole qui donne à espérer. Saint François est un bel exemple de dialogue : sa rencontre, pendant les croisades, avec le sultan de Damiette, en Egypte, est un point de repère qui permet aujourd’hui au chrétien d’avoir un modèle à imiter. Par ailleurs, le nom de François est attaché à la ville d’Assise où Jean-Paul II et Benoît XVI ont provoqué les rencontres que l’on sait.
De toute façon, aucun pape ne peut revenir sur les conclusions du Concile Vatican II qui continueront à faire autorité.
En lisant le discours du Pape François au corps diplomatique, nous découvrons cette phrase révélatrice :
« Il est important d’intensifier le dialogue entre les différentes religions, je pense surtout au dialogue avec l’Islam, et j’ai beaucoup apprécié la présence, durant la messe du début de mon ministère, de nombreuses Autorités civiles et religieuses du monde islamique».
Pourquoi l'Eglise cache-t-elle les conversions ?
Question d'un musulman à des chrétiens
Lorsqu’un chrétien devient musulman, il ne le cache pas. De même lorsqu’une communauté compte des convertis parmi ses membres, elle n’en fait pas mystère. Mais la réciproque n’est pas vraie. L’Eglise refuse de faire connaître les conversions qui ont lieu chez elle. Comment l’expliquez-vous ?
L’Eglise ne cache pas les conversions qui conduisent des musulmans à adhérer à la foi chrétienne. Tous les ans, lors de la nuit de Pâques, dans tous les diocèses ont lieu de nombreux baptêmes d’adultes et la célébration est publique. Parmi eux, il peut arriver qu’on trouve des musulmans mais on n’éprouve pas le besoin de le dire pas plus qu’on n’affiche l’origine des bouddhistes ou des athées, des hommes ou des femmes.
Ce qui arrive c’est que les chrétiens venus de l’islam, très souvent, ont peur de faire de la peine à leurs familles et vivent leur foi nouvelle dans la plus extrême discrétion. Il semble que les familles chrétiennes acceptent plus aisément qu’un des leurs choisisse sa voie. Il est sans doute sociologiquement plus facile pour un chrétien de devenir musulman que pour un musulman de devenir chrétien.
Il ne faut pas nier que le problème des conversions est délicat. Rappelons qu’un des numéros de nos cahiers lui a été consacré.
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Pourquoi les chrétiens ne se convertissent pas à l'islam ?
Question d'un chrétien à des musulmans
Le message transmis par Muhammad (Mohammed, Mahomet) est venu achever la prophétie, compléter, rectifier de manière définitive ce que les croyants avaient retenu des Paroles antérieures.
Du fait de cette succession bien ordonnée, certains musulmans s’étonnent … que le chrétien qui est entré en dialogue et en amitié avec eux, qui a dépassé les préjugés répandus dans la société occidentale, n’envisage pas de se convertir à l’Islam. Car, si chaque prophète a été envoyé par Dieu pour reprendre et améliorer le message du précédent, il devient incompréhensible que les chrétiens veuillent s’arrêter à l’avant-dernier et lui reconnaître un statut divin, et refusent Muhammad, dernier de la liste et sceau de la prophétie.
Il faut reconnaître que nous musulmans, nous sommes convaincus que la Révélation de Dieu n’est complète qu’avec la venue de Mohammed (qspdsl). Il faut regretter aussi que beaucoup de musulmans soient convaincus que c’est une raison pour souhaiter la conversion des chrétiens. L’histoire a montré que jamais, en arrivant au pouvoir dans un pays, l’islam n’a imposé sa foi à qui que ce soit. La diversité des religions, à en croire le Coran, est voulue par Dieu. « Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté mais Il veut vous éprouver au regard de ce qu’il vous a donné. Rivalisez dans l’accomplissement des bonnes actions. Vous retournerez tous à Dieu et Il vous éclairera sur vos différends. » ( Sourate 5,48).
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Jésus se moquerait-il des musulmans?
Question d'un chrétien à des musulmans
Jésus s'est moqué des juifs, critiquant leur manière de réduire le culte à des gestes extérieurs.
Il leur reprochait de préférer le respect du sabbat à la guérison des malades.
Il se moquait de ceux qui faisaient passer le jeûne avant la libération des prisonniers.
Ne pensez-vous pas qu'aujourd'hui il partirait en guerre
contre les musulmans lorsqu'ils font leurs ablutions
ou lorsqu'ils ont les yeux braqués sur leur montre pour ne pas rompre le jeûne avant l'heure exacte ?
Je ne connais Jésus que par le Coran et quand je songe à lui, je n’ai devant moi que des images de bonté et de miséricorde. Il est Esprit
de Dieu. Il est Parole de Dieu. Comment pourrait-il se moquer de moi ou me faire des reproches lorsque, découvrant la volonté de Dieu telle
qu’elle est écrite dans le Coran, je m’efforce de la respecter ? Lorsqu’un musulman accomplit les rites prescrits, il est assuré de faire
la volonté de Dieu. Il ne me viendrait pas à l’esprit de me moquer d’un chrétien qui va régulièrement à la messe. Pourquoi reprocherait-on
à un musulman de se soumettre à son Seigneur ?
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Dieu, un bon papa
Question d'un musulman aux chrétiens
Vous, les chrétiens, vous déformez le mystère de Dieu. Vous en faites une espèce de bon papa qui pardonne-tout.
C'est pourquoi l'Occident se porte si mal. Si les hommes avaient conscience qu'un jour ils seront jugés
et que leurs méfaits seront châtiés, le monde serait plus heureux ; on verrait moins d'hommes politiques corrompus ;
les ventes de drogue n'existeraient pas ; on ne laisserait pas des hommes et des femmes, des enfants surtout,
mourir de faim et de froid. La justice règnerait entre les hommes !
Lorsqu'un chrétien est témoin de ces malheurs, il s'insurge. Faire injure à l'homme revient à injurier Dieu lui-même.
Lorsqu'un enfant meurt de faim par la faute des hommes, c'est Jésus (Dieu fait homme aux yeux des chrétiens) qui est insulté.
Il est vrai qu'il faut appeler l'humanité à la conversion. La tradition chrétienne conduit à appeler les hommes à changer leur cSur,
à agir par amour, à faire passer autrui avant eux-mêmes. On parie qu'en appeler à l'amour peut être plus efficace que de brandir
des menaces de châtiment. Lors de l'hiver 53-54, devant les morts de froid dans la rue, l'Abbé Pierre en a appelé à la compassion
humaine, non sans résultat. Le reproche à faire au chrétien est peut-être de ne pas témoigner assez de cet amour.
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L'Eglise et l'Empire romain
Question d'un imam aux chrétiens
On dit que le christianisme n'a pas réussi à influencer l'Empire romain
mais qu'au contraire l'Empire romain a imprégné l'Eglise.
Que faut-il en penser ?
Disons d'abord que l'Eglise n'est pas née à Rome mais à Jérusalem, lors d'une fête juive, la Pentecôte.
Près du Temple, Pierre prit la parole devant une foule de gens venus de partout.
Il annonça la Résurrection : 3000 personnes furent conquises par son message.
Les chrétiens voient là un miracle, le travail de Dieu lui-même, par la force de son Esprit.
C'était l'acte de naissance de l'Eglise.
Les apôtres de Jésus, à la suite de Pierre - dont tous les papes se considèrent les successeurs -
annoncèrent l'Evangile dans les communautés juives de Palestine ou du bassin méditerranéen.
Les premières églises locales voient le jour : Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Ephèse.
Grâce à Paul, le christianisme se diffuse dans les milieux païens jusqu'à Rome.
La rencontre fut cruelle pour les chrétiens.
Ils étaient accusés d'athéisme sous prétexte qu'ils n'offraient pas de sacrifices aux dieux romains.
Et surtout ils refusaient de considérer l'empereur comme Dieu.
Pendant trois siècles, l'Eglise eut à faire face à trois types de problèmes :
il fallait se préparer à supporter la persécution ;
il fallait aussi organiser la vie de l'Eglise pour permettre son unité ;
il fallait enfin répondre aux objections que soulevait la prédication évangélique.
En réalité, l'Eglise d'aujourd'hui, repose pour l'essentiel sur la vie chrétienne telle qu'elle fut inventée dès cette époque :
préparation au baptême, mise en place de l'Eucharistie, institution des prêtres et des évêques,
réflexion intellectuelle pour se situer par rapport au monde ambiant
mais aussi par rapport aux interprétations aberrantes qu'on entendait parfois dans certains milieux chrétiens.
Une pensée théologique prenait corps avec laquelle les intellectuels catholiques d'aujourd'hui doivent encore composer.
Le christianisme était à Rome autour des années 40.
En 60, Pierre et Paul y étaient mis à mort.
Comment se fait-il que le message monothéiste des disciples de Jésus ait pu mordre
sur une société alors polythéiste et aux moeurs souvent dépravées ?
Sans doute répondait-il à une attente spirituelle déçue par les nombreux cultes païens de l'Empire
autant que par la religion officielle qui divinisait l'Empereur.
Dans la cohérence chrétienne ce ralliement d'un grand nombre de « païens » au christianisme
paraît du même ordre que celui qui s'était manifesté à Jérusalem au jour de la Pentecôte.
On y voit l'oeuvre de Dieu agissant par son Esprit.
L'Eglise, jusqu'en l'an 313, avait vécu entièrement libre par rapport au pouvoir impérial
auquel elle s'opposait dans la non-violence absolue.
Vint le moment où l'empereur Constantin se convertit au christianisme.
Il se considérait alors comme chargé de régenter l'Eglise, de prendre des initiatives, de convoquer des conciles.
L'Eglise était à un tournant ; à partir de Constantin le pouvoir politique a interféré avec le pouvoir spirituel,
sans pour autant se confondre avec lui.
A une longue époque où le but du chrétien était de se préparer au martyre,
succédait un temps où l'Eglise acquérait pignon sur rue. Il fallut réagir :
ce fut la tâche des moines.
Beaucoup d'hommes partirent au désert pour rappeler aux chrétiens que l'idéal du disciple de Jésus était loin des palais impériaux.
A la suite de St Antoine, ils vécurent dans la pauvreté, la chasteté et la soumission à Dieu par l'obéissance à un supérieur.
Oui, l'Empire romain a influencé l'Eglise : comment une religion peut-elle rencontrer une culture sans en être marquée ?
Mais l'Eglise a veillé, au long des siècles, à suivre l'exemple des premiers moines
et à rester vigilante pour ne pas arrêter l'impulsion que lui a donnée Jésus.
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Pouvons-nous être amis?
Question d'un chrétien à des musulmans
En relisant le Coran (traduit par Kasimirski) trois premiers versets m'interpellent.
Pouvez-vous m'expliquer ce qui me paraît contradictoire ?
Sourate II verset 59 : « Ceux qui ont cru, ceux qui suivent la religion juive, les chrétiens,
les sabéens et quiconque aura cru en Dieu et ou jour dernier, et qui aura pratiqué le bien,
tous ceux-là recevront une récompense de leur Seigneur."
Mais, Sourate III verset 79 : « Quiconque désire un autre culte que la résignation à Dieu (Islam),
ce culte ne sera point reçu de lui, et il sera dans l'autre monde du nombre des malheureux. »
Et encore: Sourate V verset 55 : « O Croyants ! ne prenez point pour amis les juifs et les chrétiens,
ils sont amis les uns des autres.
Celui qui les prendra pour amis finira par leur ressembler, et Dieu ne sera point le gui des pervers ».
A propos de la sourate II, 59 (ou 62 selon d'autres versions), il faut se rappeler le contexte
et pour cela connaître l'histoire de Salman, un des compagnons du prophète.
Ce personnage, d'origine perse, avait suivi les disciples d'un moine chrétien qui l'avait averti :
« un prophète va venir ; je suis trop vieux pour avoir des chances de le rencontrer,
mais toi tu le reconnaîtras ». L'annonce du moine n'était pas vaine.
L'histoire conduisit Salman jusqu'à La Mecque où il reconnut celui qu'on lui avait annoncé
et dont il devint le compagnon.
Assuré de son salut dans l'Au-delà, il fut pris d'inquiétude à propos des amis qu'il avait laissés en Perse.
« Que deviendront dans l'autre monde ceux que l'ai laissés ? ».
« Ils sont perdus », aurait dit le Prophète. La Parole de Dieu serait alors descendue pour contester son Envoyé et rétablir la vérité.
Tous ceux qui auront adhéré aux paroles de Jésus ou de Moïse sans avoir reçu la Révélation de l'Islam seront sauvés.
C'est à la lumière de ce contexte qu'il faut comprendre le second verset (III, 79 ou 85 selon d'autres versions).
Juifs et Chrétiens ou sabéens dont parle le prophète sont ceux qui ont connaissance
de l'ultime révélation et qui refusent de s'y soumettre. La situation est tout autre que celle des amis de Salman.
Quant à la troisième citation (V, 55 - ou 57) il faut pour la comprendre la corréler à la Sourate 60, versets 8 et 9).
On est plus fidèle au texte arabe en parlant de « guides » plutôt que d'« amis ».
Dieu interdit de suivre ceux qui combattent les musulmans, les chassent de leurs maisons ou les évincent de leurs postes.
En revanche, il n'interdit pas de se montrer aimables (« vertueux et équitables ») avec tout homme, qu'il soit juif ou chrétien.
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Dieu Père ?
Question d'un musulman à un chrétien
Nous ne pourrons jamais admettre que les chrétiens disent que Dieu est Père.
Dieu ne peut avoir d'enfants.
Qu'en pensent les chrétiens de « La maison » ?
Le mot « Père », dans le langage de la Bible, ne signifie pas « géniteur ».
Il désigne la référence à la Loi ainsi que la bonté et la générosité : du père vient la vie.
Lorsqu'on dit que Dieu est le Père de Jésus, nous affirmons un lien qui n'est pas d'ordre génétique.
Tout comme les musulmans, les chrétiens affirment que Jésus est né d'une vierge.
Dire que Dieu est le Père de Jésus consiste à affirmer un lien de dépendance de l'un à l'autre.
Jésus est envoyé par le Père pour accomplir sa volonté.
En appelant Dieu « Père » (« Notre Père »), le chrétien prétend rejoindre
Jésus pour ajuster son désir sur la volonté de Celui dont le fils de Marie est l'envoyé :
« Notre Père, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».
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La représentation du Christ
Question d'un musulman à un chrétien
L'Islam interdit la représentation du Prophète Mohammed,
il évite ainsi le risque d'idolâtrie.
Comment se fait-il que vous, chrétiens, vous n'hésitiez pas à représenter Jésus sur la Croix?
Cela nous gêne, même si nous vous respectons.
La question de la représentation du Christ a été l'objet de vives controverses,
surtout parmi les chrétiens d'Orient, au 8ème siècle.
Une réalité matérielle ne peut représenter la divinité de Jésus, disaient certains.
On appelle « iconoclastes » ceux qui voulaient que disparaisse toute image sainte.
En réalité, les iconoclastes furent condamnés par un Concile en 787.
Le Fils de Dieu, devenu homme, a sanctifié le monde matériel qui, transfiguré,
est devenu capable d'évoquer les mystères auxquels croient les chrétiens.
Quant à la Croix, elle est moins une représentation qu'un symbole.
Le chrétien y reconnaît la victoire du Christ sur la mort et le péché.
Par ailleurs, elle est devenue un signe de reconnaissance :
ceux qui la portent rappellent à leurs coreligionnaires quel lien les unit.
Précisons qu'une image du Christ ne peut être vénérée pour elle-même.
Elle invite le croyant à ouvrir son coeur et son esprit sur l'invisible.
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