Le Docteur François Larue est anesthésiste. Il est attentif non seulement à la guérison de ses patients mais au phénomène de la souffrance.
On pourrait croire qu’un médecin est naturellement légitime pour parler du corps. Personnellement, j’en doute. Certes, il connait l’anatomie, le fonctionnement des organes (la physiologie), les interactions des différentes fonctions entre elles. Mais il ne s’agit là que de la « mécanique » du corps, loin de la réalité que les patients ou les soignants nous décrivent. Pour ce qui me concerne, il m’aura fallu bien des années pour en percevoir mieux certains aspects. L’écoute répétée, l’observation, la découverte de nouvelles pratiques m’ont beaucoup appris, au point que je m’autorise à écrire ces lignes, ce dont je me serais senti incapable il y a peu de temps encore. L’expérience aidant, en portant de plus en plus d’attention à la personne soignée et notamment à son corps, je ressens que je deviens peut-être un « meilleur » médecin, impression paradoxale ayant conscience dans le même temps d’être moins bon « prescripteur » que nombre de jeunes collègues bien plus savants sur certains traitements ou nouveaux médicaments.
Le corps qu’on découvre
Quand on se destine à la profession de médecin on est, jeune, mis brutalement face à des réalités qui vont nous accompagner toute notre vie : ça paraît être un truisme mais beaucoup n’y ayant pas encore été personnellement confrontés découvrent à cette occasion la maladie et la mort. Quand j’ai débuté mes études, à la fin des années 70, notre premier contact avec le corps se faisait dans les salles de dissection. J’ai le souvenir, à la faculté de médecine de la rue des Saints Pères, d’immenses salles avec des tables sur lesquelles étaient allongés des cadavres. Avec le recul, cette image me semble presque irréelle. Je perçois mieux maintenant la violence de cette situation. Ces corps avaient été vivants. Mais je crois que nous ne les voyions pas ainsi. Peut-être était-ce une « défense » psychologique, un moyen de faire face à une vision qui nous agressait, il y avait dans notre attitude une certaine dérision à l’égard de ces dépouilles, ce que certains appelleraient « l’esprit carabin ». J’en ai personnellement gardé un recul vis-à-vis de la démarche de don du corps à la médecine que font certaines personnes : ce corps qu’ils donnent sera-t-il respecté comme il se doit ? Nous y reviendrons.
Puis venait la découverte et l’apprentissage du corps vivant. Je n’ai curieusement jamais lu de témoignage sur la difficulté qu’impose au jeune étudiant l’apprentissage de l’examen clinique. Pourtant, nous devons regarder, toucher, écouter un corps. Il faut donc le dé-couvrir puis entrer en contact avec lui. Il faut respecter la pudeur du patient et lutter contre une gêne (dans mon souvenir importante) à pratiquer l’examen alors que nous sommes de tout jeunes adultes. Cette gêne est d’autant plus importante que l’examen que nous faisons est long car il doit permettre de reconnaître des signes que nous ne trouvons pas immédiatement. Elle est aussi plus perceptible si nous abordons l’examen des seins, du périnée ou de la sphère génitale et plus encore sur des patients de l’autre sexe. Bien entendu on apprend la distance et je n’ai maintenant plus de réticence à pratiquer un examen clinique même intime. Mais il m’aura fallu du temps et j’imagine ne pas avoir été le seul à ressentir ces difficultés. Au passage, je me pose une question. Se pourrait-il que pour une jeune femme, cet apprentissage soit moins difficile que pour un jeune homme ? Est-il imaginable qu’il y ait moins de gêne ? Cette question part d’un constat : les femmes, historiquement du moins, ont peut-être été plus que les hommes au contact du corps, corps des enfants, des personnes malades dans leur entourage. J’imagine que bien des personnes seront en désaccord avec cette proposition. Mais ce n’est qu’une hypothèse…
Le corps qu’on examine
Pour ce qui me concerne, l’examen des patients respecte un rituel strict. Je n’examine un patient qu’après lui avoir demandé son accord. S’il est alité, je lui demande l’autorisation de retirer le drap et ne découvre que la partie du corps examinée. Je lui explique ce que je fais et, éventuellement pourquoi je le fais, ce que je cherche. Il y a aussi des patients que je n’examine pas, notamment lors de la première consultation, sentant que ce serait inopportun et qu’il est préférable de le faire plus tard.
Pourtant, malgré ces précautions, il peut arriver que je sois dans l’impossibilité d’examiner un patient. Je devrais dire une patiente car dans mon expérience j’ai toujours rencontré cette difficulté dans la même situation : la femme musulmane accompagnée de son mari et qui refuse que j’aie tout contact avec elle. Anesthésiste pendant une trentaine d’années, j’ai été amené à voir de nombreuses femmes en consultation pendant leur grossesse. L’objectif de cette consultation est de prévenir les risques liés à l’accouchement, de poser éventuellement l’indication d’une péridurale. Pour faire ce travail il faut un minimum d’examen du corps qui peut se faire, comme je l’ai écrit, dans le plus strict respect de la personne et de sa pudeur. Mais je suis un homme et, à ce titre, me suis heurté au refus des femmes, refus, me semble-t-il, venant surtout des hommes, des maris. On est désarmé dans une telle situation. On veut et on doit faire son métier dans le respect de la personne et on est dans l’impossibilité de le faire !
Je voudrais aussi revenir sur un débat remontant à quelques mois et qui a fait grand bruit : des examens gynécologiques avaient été pratiqués par des internes sur des femmes sous anesthésie générale qui n’en avaient pas été préalablement informées. Bien entendu, il ne saurait être question de pratiquer un examen, gynécologique de surcroît, sur une personne anesthésiée ou non sans l’en avoir informée. Mais j’ai été surpris par le ton qu’avait pris ce débat. On parlait de viol et le mot m’a paru excessif. Pour certains, le terme est indiscutable dans cette circonstance car il s’agit de la pénétration d’un organe intime sans le consentement de la personne. Personnellement, je nuancerais car il s’agit avant tout d’un examen médical. Il me semble que, pour cette raison, le terme est inapproprié. Il arrive que, en début d’intervention chirurgicale, un examen gynécologique soit réalisé par un chirurgien car il peut sous anesthésie générale avoir des informations qu’un examen chez une femme consciente ne permettrait pas. Il n’est d’ailleurs pas exceptionnel que plusieurs opérateurs réalisent successivement cet examen pour confronter leur avis. Ce sont des pratiques diagnostiques justifiées.
Le corps malade
Le médecin soigne. C’est sa fonction. Il s’appuie pour cela sur des connaissances théoriques et techniques et, pour y parvenir, il n’est pas rare qu’il soit amené à soumettre le corps à des examens ou des thérapeutiques qui peuvent être perçus comme agressifs. Les examens invasifs (endoscopies par exemple) en font partie. La chirurgie en est l’illustration la plus explicite, le traitement passant initialement par une agression du corps dont on découpe l’enveloppe pour travailler « au-dedans ». Peut-être est-ce là une des explications de la crainte que peuvent inspirer les médecins à certains malades. Heureusement, beaucoup de manœuvres pénibles ou invasives sont maintenant pratiquées sous anesthésie ou toute autre technique prévenant l’inconfort ou la douleur. Heureusement aussi, les traitements, médicamenteux notamment, sont de mieux en mieux tolérés.
Le travail des médecins se distingue, et les patients ne s’y trompent pas, de celui des soignants qui sans forcément soigner prennent soin du corps. On évoque souvent les infirmières et bien moins les aides-soignantes. Ce sont pourtant elles qui font les toilettes, accompagnent les patients dans les actes les plus intimes d’élimination, aident à manger les malades qui ne peuvent le faire seuls. Elles sont réellement, physiquement et attentivement, au contact du corps. On ne mesure pas à sa juste valeur l’aide qu’elles apportent au quotidien. Les patients, eux, le savent bien et s’ils attendent chaque jour le passage de quelqu’un c’est souvent celui de l’aide-soignante qui procurera bien être et soulagement.
C’est donc bien le même corps qu’on peut soigner ou dont on peut prendre soin.
Prendre soin ce peut être toucher et masser. Dans certaines cultures le massage, des enfants par exemple est quotidiennement pratiqué par les mères. Il semble que dans la nôtre on s’en éloigne. Ainsi, il devient rare de trouver des kinésithérapeutes qui massent les patients alors que c’est tellement nécessaire. Mais il m’arrive aussi de voir en consultation des personnes qui ayant des contractures musculaires pourraient être soulagées par des massages pratiqués par le conjoint. Je fais souvent cette proposition et suis surpris de la fréquence à laquelle on me répond que c’est inimaginable, le conjoint ne massant jamais.
Le corps blessé, le corps violé
Il y aurait beaucoup à dire sur ces sujets et d’autres, sans doute, le feraient mieux que moi. Mais l’expérience m’a appris certains faits :
Un corps blessé est un corps qui souffre, durablement, parfois définitivement si cette souffrance n’est pas prise en considération et reconnue. Je ne peux m’empêcher de penser en écrivant ces lignes aux victimes des récents attentats, aux survivants de cette barbarie. D’expérience, je sais qu’une reconnaissance et une réparation juridique sont des préalables nécessaires à la mise en place de nouveaux projets de vie.
Et je pense aux corps violés. Avec le temps, j’en découvre la fréquence et les ravages. Je n’en avais pas conscience à ce point il y a quelques années. Est-ce par mon attitude, permettant aux personnes de s’exprimer plus facilement, il ne se passe pas un mois, parfois une semaine sans qu’un ou une patiente évoque une agression sexuelle passée et les conséquences dramatiques de ces évènements sur leur vie physique, psychique ou sexuelle. Peut-être la parole se libère-t-elle un peu avec le temps. On sait à quel point c’est difficile, le paradoxe conduisant les victimes à se sentir honteuses d’un crime qu’elles ont pourtant subi et qui doit être puni. Souhaitons que toutes les mesures légales nécessaires aux justes condamnations continuent progressivement de se mettre en place.
C’est la personne toute entière qui souffre, la vie émotionnelle et la perception du corps étant intimement liées. Je suis par mon métier au contact de patients douloureux, souvent depuis longtemps. Bien entendu, la première étape est une enquête à la recherche d’une cause potentiellement curable de cette douleur. Mais le plus souvent, même si l’origine peut être identifiée, elle ne suffit pas à expliquer l’ensemble du tableau et surtout le traitement de la cause ne suffira pas à soulager le patient, à le réengager vers une vie plus active et satisfaisante. Le temps a fait son œuvre, souvent en aggravant le tableau, en y associant des angoisses, des éléments dépressifs. La chronicité s’est installée et ce n’est qu’en prenant du temps à notre tour et en tenant compte de tous les aspects de la souffrance que nous parviendrons, le patient et nous, à prendre le chemin d’une amélioration, parfois d’une guérison.
Et qu’on ne juge pas les patients dont le corps souffre alors même qu’aucune cause médicale n’est découverte. Parfois, ça cache simplement notre ignorance. Il est des maladies qu’on ne connait pas encore, qu’on identifiera avec le temps. Il y a aussi, et c’est différent, des souffrances du corps liées à des troubles psychologiques. On n’imagine pas sans doute les authentiques douleurs du corps dont l’origine est psychologique. On ne les imagine pas et certains se permettent pourtant de les juger voire de les nier. Prétendre que ces patients simulent leur souffrance, comme on l’entend parfois, n’est pas acceptable.
Les thérapies à médiation corporelle
Depuis quelques années, comme bien d’autres, je me suis engagé dans la pratique des thérapies à médiation corporelle. De quoi parle-t-on ?
D’abord, il s’agit de reconnaître qu’une personne est un « tout », qu’il n’y a pas le corps d’un côté, le psychisme de l’autre mais que les deux interagissent en permanence. Par ailleurs, ce sont des thérapies complémentaires; elles ne se substituent pas aux traitements classiques mais les complètent.
Selon Isabelle Celestin-Lhopiteau, psychologue qui fait référence dans ce domaine, ces thérapies incluent des méthodes qui partant du corps (yoga, massages, …) ont une action sur le psychisme ou, à l’inverse, des méthodes qui partant du psychisme (hypnose, méditation, …) ont un retentissement sur le corps.
Trois situations récemment vécues éclairent l’aide que peuvent apporter ces thérapies.
Madame S est porteuse d’une maladie neurologique progressive depuis plusieurs années. Sa mobilité se réduit peu à peu mais elle reste capable de marcher avec des cannes, souffrant parfois de troubles de l’équilibre. Elle ressent par ailleurs des douleurs dans la partie inférieure du corps en rapport avec sa maladie. Les traitements qu’elle a reçus jusqu’ici pour la soulager n’ont pas eu d’efficacité ou se sont accompagnés d’effets indésirables mal supportés. Elle m’est adressée par une collègue qui pense que l’hypnose pourrait l’aider. L’hypnose permet aux personnes qui la pratiquent de faire appel à des ressources non conscientes capables d’influencer leur état physique ou psychique. Le thérapeute accompagne le patient dans un apprentissage, l’objectif étant que celui-ci devienne progressivement son propre thérapeute. Avec cette dame, nous avons réalisé plusieurs exercices, lui faisant prendre conscience de toutes les perceptions de son corps, l’accompagnant dans des souvenirs agréables ou sécurisants qu’elle peut retrouver seule ensuite dans son auto-apprentissage, fixant des objectifs vérifiables dans le temps. Après quelques consultations, je l’ai vue venir sans canne. Puis, un jour, en fin d’exercice elle m’a dit ne ressentir aucune douleur, sensation qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps. La fois suivante, elle m’a raconté qu’elle faisait des exercices quotidiens suivis à chaque fois d’un soulagement de presque 24 heures. Que retenir de cette expérience (celle-ci est positive, ce n’est pas toujours le cas) ? Madame S a appris à avoir un certain pouvoir sur son corps par une technique qui n’a rien de magique et que chacun peut acquérir.
Manon est une jeune femme de 28 ans. Elle souffre d’une maladie digestive gravissime qui l’emportera d’ailleurs quelques mois après que nous ayons fait sa connaissance. Un jour, à la suite d’une chimiothérapie, elle fait une complication infectieuse grave qui la conduit en réanimation. Son état cardiaque est alors précaire, son cœur bat très vite (150 fois par minute), elle est très inconfortable et angoissée. Lorsque je passe la voir en réanimation, je suis accompagné d’une infirmière qui, constatant sa détresse, lui propose de la masser ce qu’elle accepte. Se met alors en place un massage doux, long et attentif, des épaules, du dos, du cou, en prenant bien garde de ne déclencher aucune douleur. J’observe la situation et vois que Manon se détend peu à peu. Son visage s’apaise, ses membres deviennent plus souples. Au bout de 20 minutes, surpris, je constate également que sa fréquence cardiaque s’est ralentie, passant à 120 par minute ce qui certes reste rapide mais est plus proche de la normale. Pour moi qui ai travaillé en réanimation au début de mon parcours professionnel, ce constat est très surprenant ; le réflexe premier du réanimateur est de mettre les signes cardiaques sur le compte de l’infection généralisée. Mais dans ce cas il est probable que, en plus de l’infection grave, une angoisse majeure augmentait les signes, angoisse en partie contrôlée par un soin attentif du corps. Les thérapies à médiation corporelle ont donc leur place partout, même dans des services de haute technicité.
Un jour, en fin d’après-midi, nous sommes appelés au chevet d’un patient en phase terminale de SIDA. Il est extrêmement agité et l’équipe qui le prend en charge ne sait plus quoi faire. Lorsque nous prenons connaissance de son dossier nous apprenons que ce patient, toxicomane, a rendu la vie de son entourage très difficile. Il aurait même, selon certains, fait vivre pendant de longues années un véritable enfer à ses proches. Nous nous retrouvons face à ce patient, jeune, très inconfortable et manifestement dans une angoisse extrême qui explique son agitation. En tant que médecin, je lui administre un puissant sédatif et observe que l’infirmière qui m’accompagne lui fait respirer une huile essentielle puis se met à lui masser doucement les bras, la poitrine. En quelques minutes, le patient va s’apaiser puis s’endormir. Sans doute les deux approches (médicamenteuse et corporelle) se sont-elles renforcées. Mais je ne peux m’empêcher de vous faire part de la pensée qui m’est venue à ce moment. Ce patient pouvait donner une image très négative si l’on considère la souffrance qu’il avait fait subir à sa famille. Mais dans ce cas, il était, quand nous l’avons vu, au fond d’un gouffre de détresse. Quand j’ai vu l’infirmière prendre soin de son corps avec des gestes quasi maternels, j’ai pensé à cette phrase de l’évangile : « Ce que vous ferez au plus petit d’entre vous, c’est à Moi que vous le ferez. » A cet instant, en ce lieu, le plus petit d’entre nous c’était lui, ce patient qui aurait pu passer pour monstrueux si l’on ne considérait que l’immense souffrance qu’il avait causée et non celle qui le torturait.
Le corps défunt
Et puis, un jour, on meurt. Le corps reste. Quelques temps du moins. Selon les cultures, les religions, les rituels diffèrent. Mais je voudrais évoquer les soins au corps, indépendamment de ces rituels.
Dans certains services, les équipes portent une attention toute particulière à la présentation du corps, considérant que son aspect, l’image que les proches garderont, peuvent contribuer à rendre la séparation moins douloureuse. J’ai vu des équipes aller jusqu’à un maquillage, certes discret, destiné à embellir le défunt. Il y a débat sur ces pratiques, d’autres estimant au contraire que l’aspect « brut » est nécessaire à la prise de conscience de la mort. Sans entrer dans ces débats, j’ai juste souhaité citer ces pratiques pour évoquer les soins qui ne s’arrêtent pas à la seule période vivante du patient.
Des patients, je l’ai dit, donnent leur corps à la médecine. Il n’y a pas de funérailles. Le corps est emporté puis sera mis à disposition pour l’apprentissage des jeunes médecins et chirurgiens. J’ai évoqué les réticences que j’ai pu avoir vis-à-vis de cette démarche, réticences liées à l’expérience de mes premières années d’étude. Un jour, nous avons évoqué cette question en groupe de parole, réunion destinée à évoquer les difficultés personnelles rencontrées dans des situations cliniques difficiles. Les avis étaient partagés et j’ai donné le mien. Puis a émergé l’idée que le respect du corps que je tenais pour quasi sacré ne l’était peut-être pas tant que ça aux yeux du patient qui pouvait de son côté considérer que son corps n’avait plus de valeur particulière après sa mort. Là encore, il n’y a pas de vérité. Mais, une fois de plus, m’est finalement apparue comme une évidence le fait que le choix du patient domine pour le cours de sa vie ou au-delà.
Le corps naissant, si fragile et pourtant…
Ces dernières lignes sont symboliquement dédiées au corps naissant, porteur d’espoir, corps fragile, nécessitant soin et affection. Les équipes médicales et soignantes le savent bien et proposent maintenant, dès les premiers instants de vie, des séances de « peau à peau », moments privilégiés de contact entre les parents et leur enfant nouveau-né.
Ces petits corps peuvent aussi montrer d’étonnantes pulsions de vie : me revient en mémoire l’exemple de cette enfant, extrême prématurée, petite fille de mes amis, venue au monde pesant à peine plus de 700 grammes. Cette même petite fille a fait preuve d’une incroyable détermination quand, après quelques semaines, elle a d’elle-même arraché le tube la faisant respirer, comme si elle voulait acquérir son autonomie respiratoire, qu’elle a réellement gagnée et gardée depuis. Elle est maintenant une adorable fillette un peu espiègle.
Le corps exprime et ressent à tous âges et en toutes circonstances. Sachons l’observer, être à son écoute et le respecter.
François Larue