"L'hospitalité interreligieuse"
Une démarche spirituelle
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Reprenant l’initiative de Jean-Paul II en 1986, Benoît XVI a organisé une rencontre de toutes les religions à Assise le 27 Octobre 2011. Ainsi apparaît que l’univers est habité par un grand nombre de familles religieuses et que la paix du monde dépend de la façon dont les uns et les autres sauront s’accueillir.

Nous proposons aux amis de « La Maison islamochrétienne » de s’unir à cette démarche à partir de l’expérience islamo-chrétienne que nous vivons.

Ce montage de textes, de prières, d’expériences diverses, éclairé par nos Ecritures, peut être utilisé individuellement ou en groupe. S'il est utilisé dans le cadre d'une rencontre islamo-chrétienne, un animateur pourra lire les introductions (textes en italiques) et des lecteurs différents pourront se répartir les textes.


Introduction

Coran, Sourate 1, Al Fâtiha : (cliquer sur la flèche à gauche de la barre)

La société est en danger, menacée par la tentation du repli. Le dialogue protège la communauté humaine: il est une forme de l’hospitalité et celle-ci, à en croire Jacques Derrida, le philosophe, en nous exposant les uns face aux autres, nous transforme: «elle me transporte loin de moi». L’hospitalité élargit et humanise l’horizon de chacun.

L'hospitalité selon Jacques Derrida

« Donner de soi dans l’hospitalité C’est décider de s’exposer,
de s’offrir, de se donner,
mais cette décision ne peut rester mienne
parce que si je reste maître de cette décision,
je ne donne rien.
La décision me transporte, elle me porte plus loin que moi.

Les uns chez les autres

Un musulman en France

La France est à un tournant de son histoire. Saura-t-elle ouvrir ses portes à ceux qui attendent à ses frontières? Saura-t-elle vivre l’hospitalité? Un musulman s’interroge sur la portée religieuse, en islam, de cet accueil de l’autre sans lequel il ne peut y avoir d’humanité.

de Mehdi

L’islam est né de l’accueil ; sa naissance est le fruit de l’hospitalité. Chose curieuse, l’islam tient son existence d’autrui. «Nul n’est prophète en son pays» dit Jésus dans les Evangiles des chrétiens. Sa parole se vérifie dans la vie de Muhammad (pssl). Les premiers convertis de La Mecque –des pauvres parmi les pauvres, esclaves au service des riches– furent persécutés. La communauté naissante aurait été étouffée dans l’œuf si le Négus, en Abyssinie, terre chrétienne, n’avait ouvert ses portes aux premiers croyants qui trouvèrent refuge chez lui.

C’est de Yathrib, à 360 km de la Mecque, qu’on vint négocier avec le Prophète, les conditions permettant à la première communauté de trouver un asile. Deux tribus arabes, les Ansar, et trois tribus juives accueillaient les persécutés de la ville; avec eux, Muhammad (pssl) mettait au point une sorte de constitution permettant une vie commune. C’est dans ce contexte que progressivement naissait une société où musulmans et non-musulmans pouvaient vivre côte-à-côte dans la justice et le respect mutuel. Quand Yahtrib devint Médine, les Ansar avec Mohammed et ses disciples avaient réussi à créer les conditions pour qu’advienne une société d’un type nouveau, où adviennent entre les uns et les autres, justice et respect.

L’islam vient de Dieu. Il se reçoit à travers l’accueil d’un environnement humain.

C’est pourquoi l’hospitalité est tellement attachée à la culture islamique. Que le voyageur, à la recherche d’un abri, frappe à la maison d’un musulman, il y sera reçu comme l’envoyé du Seigneur qu’il faut nourrir et protéger. Celui qui arrive est considéré comme envoyé par Allah lui-même. «Hôte de Dieu soit le bienvenu»: on accueille l’inconnu qui passe avec cette formule. L’étranger est un dépôt sacré remis entre nos mains!

Amis de France, vous vous insurgez parfois de voir l’islam s’implanter sur votre terre. L’islam fait peur et vous fermez vos frontières. Sans doute, ce faisant, vous privez votre pays d’un ferment d’humanité. «France Terre d’asile», dit-on. Mais le xénophobie vous menace. L’islam peut vous aider à retrouver ce qui fait votre beauté.

Chrétiens de France qui vous tournez vers nous, nos rencontres interreligieuses sont précieuses pour nous, musulmans. Vous nous accueillez et vous voyez en nous des amis et des frères. Ce faisant vous sauvez ce qui fait notre originalité. En nous accueillant, vous nous permettez de demeurer ce que nous sommes: les enfants de l’hospitalité!

Un chrétien en terre d'islam

Thierry Becker est prêtre en Algérie. En janvier 2002, il représentait Monseigneur Teissier, l’Archevêque d’Alger, au congrès interreligieux organisé à Assise par le Pape Jean-Paul II. Il y prenait la parole à partir de son expérience au milieu des Algériens.

de Thierry Becker

« Je voudrais seulement dire quelques mots sur le partage de l’expérience intérieure, sur la rencontre possible entre chrétiens et musulmans sur le terrain de la vie spirituelle. Nous en faisons l’expérience, quelques-uns en Algérie, d’autres la font aussi en divers pays.

«…Ces chrétiens et ces musulmans … se rencontrent dans l’écoute et le respect, souvent après une heure de silence dans la présence du Seigneur qui habite l’intérieur de chacun. « Si l’autre ne te comprend pas, disait le sage africain contemporain Amadou Hampaté Bâ, c’est que toi, tu ne l’as pas compris. Le jour où toi, tu le comprendras, lui te comprendra».

C’est ainsi que la compassion permet de découvrir ce que peuvent être des relations cordiales entre tous ceux qui se reconnaissent créatures de Dieu. C’est ce qu’a exprimé, quelques semaines avant d’être assassiné en 1994 à Tizi-Ouzou en Algérie, le P.Christian Cheyssel, Père blanc : « Ainsi que le rappelle la tradition musulmane, quiconque compatit à la souffrance d’autrui, mérite d’être appelé rahim. C’est d’abord par la compassion que chrétiens et musulmans se découvrent de véritables croyants lorsqu’ils se trouvent affrontés à la violence. Mais c’est peut-être justement l’expérience d’une souffrance commune et d’une compassion partagée qui permettra de découvrir un peu mieux le «Dieu plus grand» et de comprendre la vision théologique de l’autre…Premier et peut-être dernier mot de la rencontre islamo-chrétienne par temps de crise, la compassion tourne nos regards vers ce que l’on peut considérer comme les premiers et les plus beaux noms de Dieu, celui de Clément pour les musulmans, celui de Père pour les chrétiens».


Des lieux d’hospitalité

Mar-Moussa : « Le sacrement du bon voisinage »

Au milieu du désert syrien, un jésuite a découvert les restes d’un ancien monastère dédié à Moïse. Il eut l’idée un peu folle de le restaurer et d’en faire un lieu d’hospitalité islamo-chrétienne.
L’hospitalité abrahamique est inscrite dans ses murs. Les visiteurs d’un jour ou de plusieurs semaines, sont de toutes nationalités, cultures et confessions.
L’harmonie se construit aussi par la rencontre de l’Occident avec l’Orient. Par son mode de vie simple et ascétique, le monastère ne se départ pas du mode de vie local et le fait partager aux visiteurs qui prennent part, souvent avec joie, au travail de la communauté.
Ce Père Jésuite, Paolo Dall’Oglio, a consacré un livre à cette expérience ; nous en extrayons le passage suivant.

de Paolo Dall’Oglio

Je voudrais insister sur la valeur théologique du bon voisinage, le sacrement du bon voisinage. Je pense immédiatement aux quatorze siècles de vie commune entre chrétiens orientaux et musulmans, sans oublier les juifs. Au niveau de la vie de tous les jours, et à travers et en dépit des lois alimentaires et cultuelles qui séparent les communautés, c’est une vraie convivialité, commensalité qui s’installe. L’aspect théologique vient du fait qu’il est impossible de vivre côte à côte avec des personnes que nous considérons comme soumises à Satan ! Comment imaginer de vivre ensemble, de jouer ensemble…en croyant que mon compagnon de jeu est destiné à l’enfer ? Et encore, comment vivre dans l’estime réciproque en considérant la religion de l’autre et sa foi comme vaines? Au-delà des dogmes de condamnation réciproque, le bon voisinage dit une espérance bienveillante envers son voisin et indique une voie pour le futur partout où chrétiens et musulmans partagent un même espace de vie et de travail.

Tibhirine

« Nous sommes comme des oiseaux sur la branche » disaient les moines aux paysans de Tibhirine chez qui ils étaient accueillis. En réalité, les événements ont retourné la situation. Accueillis au départ par l’Algérie et les villageois de Tibhirine, ils sont devenus la branche sur laquelle s’appuyaient leurs voisins qui leur disaient : « Nous sommes les oiseaux et la branche, c’est vous!» Tibhirine fut un lieu de recherche spirituelle interreligieuse et mystique. En témoigne cette rencontre que Christian de Chergé aimait raconter.

de Christian de Chergé

« Depuis qu’un jour, il m’a demandé, tout à fait à l’improviste, de lui apprendre à prier, Mohammed* a pris l’habitude de venir s’entretenir régulièrement avec moi. C’est un voisin. Nous avons ainsi une longue histoire de partage. Souvent il m’a fallu faire court avec lui, ou passer ces week-ends sans le rencontrer quand les hôtes se faisaient trop nombreux…

Un jour, il trouva la formule pour me rappeler à l’ordre et solliciter un rendez-vous: «Il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits!». L’image est restée. Nous l’employons quand nous éprouvons le besoin d’échanger en profondeur. Une fois, par mode de plaisanterie, je lui posai la question: "Et au fond de notre puits, qu’est-ce que nous allons trouver ? De l’eau musulmane ou de l’eau chrétienne?". Il m’a regardé mi-rieur, mi-chagriné: "Tout de même, il y a si longtemps que nous marchons ensemble et tu me poses encore cette question!»… Tu sais, au fond de ce puits-là, ce qu’on trouve, c’est l’eau de Dieu». *Mohammed était le garde champêtre de Tibhirine, il fut assassiné pour avoir alerté Ch. de Chergé que la communauté courait un danger.

La Maison Islamo Chrétienne

En 1994, un jeune Marocain sortait d’une Ecole de commerce parisienne ; il y était entré après avoir fait des études islamiques à l’Université d’Oujda. Son premier réflexe fut de mettre ses compétences au service d’une petite mosquée perdue sur le Port de Gennevilliers, difficile d’accès, coincée entre des autoroutes, mal desservie par les transports publics. L’islam est-il encore l’islam lorsqu’il est à l’écart de toute vie sociale?

de la Maison Islamo Chrétienne

Mohammed ne pouvait concevoir une vie religieuse coupée de tout environnement humain. Il n’hésita pas à frapper à la porte du presbytère où il eut la chance d’être bien accueilli. Très vite il entrait en contact avec les personnes engagées dans le dialogue interreligieux. Il partageait leurs questions, se mettait à leur disposition. Tout naturellement il s’engageait dans la naissance d’une association islamo chrétienne (Approches 92) et il acceptait d’en être président.

Trente-sept ans plus tôt, au milieu de la guerre d’Algérie, un militant, venu des portes du Sahara, sonnait à la porte du Presbytère de la Paroisse St Jean de Grésillons. Il y était envoyé par le FLN; il y fut accueilli, aidé. Une fois acquise l’indépendance de son pays, il rejoignit l’Eglise de Lyon ; avec des prêtres il se mit au service du monde immigré. Lorsqu’à Nanterre se mit en place, bien des années plus tard, un mouvement islamochrétien, fort de son expérience, il ouvrait le groupe sur les besoins auxquels nous pouvions répondre.

L’action menée en commun fait naître un projet : la création d’un lieu d’accueil que nous appelons «La Maison islamo chrétienne». Grâce à Mohammed Benali, une belle mosquée a vu le jour à Gennevilliers. Ses murs nous abriteraient.

De cette série d’actes d’accueil, naissent deux convictions.
D’abord, l’hospitalité amorce une sorte de dynamique heureuse.
Par ailleurs, lors de la rencontre de 1986, chaque confession religieuse n’a pu prier qu’en se séparant des autres. Limitées à la particularité de chaque religion, les convictions des uns circonscrivent un ensemble d’où les autres sont exclus. Mais lorsqu’on s’en tient au « contenu » de la Révélation, on oublie l’acte de communication qui se réalise lorsqu’on parle. Cette deuxième dimension du langage conduit à entrer dans ce mouvement d’ouverture et d’accueil qui constitue l’hospitalité.

Les sources de l’hospitalité

En islam

Impossible de s’accueillir sans ouvrir le champ de la parole.
En ce lieu, le musulman et le chrétien discernent la parole de leur Seigneur:

Coran, sourate 18 :
« Si la mer était d’encre
Pour écrire les paroles de mon Seigneur,
La mer serait assurément tarie
Avant que ne tarissent les paroles de mon Seigneur,
Même si nous apportions une quantité d’encre
Egale à la première. »

Prière musulmane

Prier ensemble pour la Paix
Au nom de Dieu le tout compatissant, le tout miséricordieux
La Paix, c’est d’abord en nous qu’il faut la construire,
nous le savons, Dieu nous le demande,
Il nous l’enseigne et Il nous guide pour cela .... Soyons à son écoute !
Ayez confiance en Lui, Il ne nous demande que ce qui est possible pour chacun
Tous, chacun à notre manière, nous décidons jour après jour,
de combattre ce qui produit de la tension, du déséquilibre,
du mal, tout ce qui dénature l’homme, tout ce qui l’abaisse,
tout ce qui le plonge dans les abîmes de la guerre et de la destruction.
Dieu est venu pour guider et sauver l’homme, Il distribue sa Lumière sans fin
En tant que croyant, nous avons été choisis par Dieu, pour cette mission,
ne nous dérobons pas ... Rendons Lui grâce de cette confiance,
de cet responsabilité qui nous portent irrémédiablement vers Lui...
Béni soit ce qu’Il fait pour nous, rendons lui grâce pour sa miséricorde infinie.


Chacun, nous parcourons ce long et beau chemin
que la vie - que Dieu - nous offre sur terre,
choisissons inlassablement en nous
ce que notre esprit et notre corps mûrissent de meilleurs pour
témoigner de Lui, pour agir pour lui
pour mettre notre personne au diapason de l’harmonie Divin.
Dieu est Grand, il a tout prévu, faisons lui confiance
Devenons des acteurs de Paix. Agissons pour la Paix
auprès des autres, pour les autres et avec les autres.
Agissons pour reconnaître Dieu partout, pas seulement chez nos frères,
dans nos communautés respectives,
mais ailleurs, chez le différent, l’inconnu;
ceux que l’on ne connaît pas, ceux que l’on refuse, ce que l’on dénie,
ceux qui nous dérangent, ceux qui nous gênent, ceux qui nous offensent,
ceux qui nous ignorent, ceux qui nous combattent...
Dieu est immanent, il sait ce que vous ignorer, il nous guide; implorons-le
Avoir la PAIX en soi, c’est
Endiguer la violence, la colère qui veillent en nous
Effacer les rancoeurs, les méfiances, les préjugés, les médisances...
Bannir les carcans culturels et idéologiques qui s’appuient sur le déni de l’autre
Oublier la jalousie, la possession, Dieu nous donne ce dont nous avons besoin !
Agir pour la Paix, c’est cheminer avec la lumière de Dieu
dans la sérénité, le partage, le respect et le vrai bonheur qu’Il nous propose.
Dieu incite l’homme aux bonnes actions, la bonne guidance vient de Dieu.

Dominik/Mehdi Doulain octobre 2011
Texte pour le 25ème anniversaire de la rencontre d’Assise

En christianisme

Dans une île de la mer Egée, l’apôtre Jean entendit une voix qui lui disait :
«Ne tiens pas secrètes les paroles de ce livre».
Ecouter la parole de Dieu, en effet, tourne vers son voisin.

Extraits du livre de l'Apocalypse (chapitres 1 à 10):
Ce que tu vois, écris-le dans un livre.
« Et je vis dans la main droite de Celui qui siège sur le trône un livre roulé, écrit au recto et au verso, et scellé de sept sceaux.»
« Et le ciel disparut comme un livre qu’on roule »
« Je pris le petit livre de la main de l’Ange et l’avalai. Dans ma bouche, il avait la douceur du miel, mais quand je l’eus mangé,
il remplit mes entrailles d’amertume».
« Ne tiens pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre».

" Et le ciel disparut comme un livre qu'on roule"


EcrituresSaintes_chretienne2 par lamaisonic

Prière chrétienne

Seigneur, tu es notre Créateur
Et nous savons que toute vie vient de toi.
Nous te rendons grâces pour ces années que tu nous as données.
Tu attendais que nous répondions à tes attentes
Et nous sommes restés sourds à tes appels
Prends pitié de nous !
Seigneur tu as parlé aux hommes
Pour leur ouvrir le chemin qui conduit à toi et pour
Que la société des hommes se transforme
En un royaume de paix
En réalité l’univers est un champ de bataille
Et de rivalité
Prends pitié de la famille humaine
Redresse-la.
Seigneur, tu as donné à la création de produire la nourriture nécessaire à la vie humaine.
L’homme, ta créature, n’a pas su gérer les biens que tu lui a confiés.
L’un a faim lorsque l’autre regorge de richesses.
Prends pitié de ceux qui gouvernent le monde.
Eclaire-les !
Seigneur, à ceux qui n’ont pas reçu ta parole
Tu as donné la sagesse
Pour qu’ils discernent dans le monde
Les signes de ta générosité
Permets qu’ils trouvent auprès des croyants
Un soutien fraternel.

Les risques de l’hospitalité

Ne rêvons pas. L’accueil de l’autre est un combat. Il suppose vigilance et courage.
Mustapha Chérif est bien conscient que la foi des uns conduit à dénoncer les dérives et les crimes qui se commettent au nom de la religion.

de Mustapha Cherif

Dire que telle nation est supérieure à telle autre et que, par voie de conséquence, sa religion est supérieure à telle autre, est déjà une dérive grave. C’est cette méthode qu’ont utilisée souvent les conquérants. C’est cette même méthode qui se poursuit aujourd’hui non pour faire connaître une religion mais surtout pour servir de moyen d’asservissement et de domination. Face aux défis des fanatismes et extrémismes de tous bords, du nihilisme, du libéralisme sauvage et de l’athéisme dogmatique, les croyants et les humanistes de toutes les cultures et religions ont pour tâche de rapprocher les communautés et les peuples. Il s’agit non de s’ enfermer dans un idéalisme coupé de la dure réalité, mais de bâtir des ponts et de donner à penser.

La réalité d’aujourd’hui est marquée par le retour en force de la xénophobie, de par la crise morale et économique et le pseudo-retour de la religion sous des formes intégristes. Nous avons pour devoir, au nom de la foi qui nous porte, de dénoncer toutes les dérives et les crimes qui se commettent en notre nom…

Le devenir est commun et passe par le respect de toutes les minorités religieuses. S’il est excessif de parler de «purification religieuse», au vu de la symbiose millénaire entre les chrétiens et les musulmans, il est clair que des chrétiens en Orient sont soumis à une grave épreuve. Il faut en cerner les causes, que rien ne peut justifier. Dire son sentiment horrifié et ému, au sujet des attentats de Bagdad et d’Egypte, est un devoir. Le sort des chrétiens d’Orient nous concerne en premier. Les populations musulmanes refusent de voir disparaître une partie d’eux-mêmes.

Dialoguer est plus risqué que faire la guerre. Thierry Becker, prêtre en Algérie, nous le rappelle.

de Thierry Becker

Dialoguer est dangereux, plus risqué et plus coûteux que faire la guerre. Cela peut être une conversation où l’on se parle avec respect et attention sans aller jusqu’au fond des problèmes…

Nous nous avançons le plus souvent vers l’autre avec notre batterie d’arguments tirés de nos livres, prêts à être envoyés, nous écoutons peu et préparons notre réponse, dans ce cas, on ne se rencontre pas, on s’affronte. On ne peut vraiment se rencontrer que si on se présente d’homme à homme, dans la plaine, sans la protection de nos citadelles : notre religion dit, nos anciens ont dit… mais toi, que dis-tu? Que penses-tu personnellement? La vraie rencontre est un risque de se faire désarçonner par l’expression ou le regard de l’autre, d’être mis devant certaines incohérences, de se sentir démuni sauf d’amour, d’être obligé de se remettre en cause et de s’exprimer de manière retravaillée. La guerre supprime celui qui est différent et croit ainsi supprimer l'épreuve. La seule force est d’être vraiment soi-même, bien dans sa foi, dans sa tradition, dans le monde d’aujourd’hui et de ne craindre que de blesser l’autre ou de ne pas le comprendre.

Conclusion

Dieu nous a mis face les uns aux autres et chacun est pour l’autre une invitation à convertir son cœur.
Yunus Emre, ce poète musulman du 13ème siècle l’avait compris: «un cœur sans amour est une pierre noire.»

de Yunus Emre

O amis, entendez-moi:
l'amour est pareil au soleil
et le cœur sans amour est semblable à une pierre noire.

Que peut pousser d'un cœur de pierre?
Celui qui le porte n'a sur la langue que venin,
et ses paroles, même les plus douces,
sont violentes comme la guerre.

Le cœur riche d'amour est ardent
et devient tendre comme le cierge;
Les cœurs de pierre sont comme l'hiver:
hiver noir, hiver dur comme glace.

Chant à Marie : (cliquer sur la flèche à gauhe de la barre)


Un grand merci :
à Abdallah Akar pour ses calligraphies;
à Dominique Penloup pour ses peintures;
à Claire Mandel pour les vidéos artistiques;
à Phuc Lehong pour son aide technique;
aux pères du Saint-Esprit pour le chant à Marie.


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