La religion d'Abraham
Michel Jondot
"Héritiers d'Abraham" Page d'accueil Nouveautés Contact

Exclusivisme, inclusivisme, pluralisme :
les trois termes sont des repères
pour situer la pensée des théologiens chrétiens
soucieux de promouvoir le dialogue interreligieux.
Réussissent-ils à tenir simultanément
leur référence à Jésus et une ouverture authentiquement fraternelle?


Des enfants déchirés

On parle des « enfants d'Abraham » comme s'il s'agissait d'une seule famille. Un seul père et pourtant des enfants déchirés, se jalousant les uns les autres ! L'islam naissant arrache les chrétiens à leurs racines palestiniennes. Il divise l'Eglise en coupant le monde byzantin de l'église romaine ; il étouffe les églises d'Afrique du Nord. La chrétienté, en Europe, se rebiffe et pendant des siècles part en croisade.

On donne souvent l'Andalousie médiévale comme un bel exemple de coexistence entre les trois familles se réclamant d'Abraham. Ceci ne doit pas masquer la persécution des juifs par la dynastie des Almohades ni les guerres de reconquête ni la politique de purification ethnique qui, à la chute du royaume musulman de Grenade en 1492, expulse juifs et musulmans afin que l'Espagne soit terre chrétienne. Aujourd'hui même, le monde musulman demeure blessé par les siècles de colonisation qui se poursuivent sous des formes nouvelles en Palestine. En obéissant à Yahvé, Abram s'était laissé conduire par une parole qui l'avait conduit en Canaan, une terre où les musulmans vénèrent son tombeau, une terre dont les juifs se considèrent les seuls héritiers sans égard pour les arabes musulmans ou chrétiens qui, eux aussi, se considèrent enfants d'Abraham.


La Révélation et le Coran

Certes, l'histoire des héritiers d'Abraham n'est pas entièrement négative. Les croisades étaient plus un affrontement entre l'Orient et l'Occident qu'entre chrétiens et musulmans ; les uns et les autres se considéraient agressés par l'Europe et les Byzantins soupçonnaient les latins de vouloir récupérer l'empire grec. Contre Rome, musulmans et chrétiens, au Proche-Orient, étaient au coude-à-coude. La cohabitation entre juifs, musulmans et chrétiens a permis en Espagne l'accueil de l'héritage grec et de la pensée d'Aristote. Sans les musulmans d'Andalousie, aurions-nous vu naître en Europe la métaphysique introduite par Avicenne et relayée par Thomas d'Aquin ? L'islam avait inventé un système permettant aux juifs et aux chrétiens d'avoir leur place dans la cité musulmane; cette manière de faire une place au juif et au chrétien donne à penser qu'un lien existe entre ceux que les musulmans désignent comme la Famille du Livre (Ahl Al Kittab).

Depuis bientôt un siècle, le monde catholique s'efforce de penser le lien que peut créer entre les uns et les autres la référence à Abraham. C'est en mai 1908 que Louis Massignon, au contact d'une famille musulmane, retrouvait la foi au Dieu d'Abraham et de Jésus. S'amorçait alors pour cet intellectuel fameux un engagement politique et théologique où, jusqu'à sa dernière heure (qui correspond à la fin de la guerre de l'indépendance en Algérie), il s'efforcerait, tout en restant chrétien, de faire la preuve que la Révélation commencée avec Abraham se poursuivait dans le Coran.


Le prophétisme de Mohammed

Pour comprendre l'importance des intuitions de Massignon, il faut avoir présente à l'esprit la notion d'« histoire du salut » ; au cours des siècles, Dieu intervient pour conduire l'humanité à la vie en plénitude, par-delà la mort. Ce don nous est fait en Jésus dont le mystère s'amorce avec l'histoire d'Abraham et se poursuit par l'histoire d'un peuple, le don de la Loi, la prédication des Prophètes et la méditation des Sages. Elle se poursuit après Jésus, mystérieusement, à travers la marche de l'Eglise et par les sacrements. Comment faire entrer les musulmans dans cet ensemble ?

Faut-il mettre Mohammed au nombre des prophètes et croire le Coran inspiré? Certes la tradition musulmane se réfère à Abraham et ses fidèles s'en considèrent les héritiers en tant que descendance d'Ismaël, le fils d'Agar, la servante du Patriarche. Mais l'islam refuse le mystère de Jésus : sa filiation divine et sa mort sur la croix. Face à ces objections, Louis Massignon comme plusieurs islamologues chrétiens à sa suite, distingue la Révélation du Coran et l'interprétation qu'en font les musulmans. Prêchant la naissance virginale de Jésus, Mohammed conteste la descendance charnelle d'Abraham. Mieux que les Juifs, les musulmans font entendre que la filiation abrahamique vient d'en-haut. Quant à la filiation divine elle est formulée comme une question qui attend sa réponse au jour du jugement, à la fin des temps (1). Le terme de l'histoire : tel est bien la clef qui permet d'entrer dans le prophétisme de Mohammed et de placer le Coran dans l'histoire du salut. Dira-t-on qu'avec le Canon des Ecritures, la Révélation est close ? Il faut répondre qu'après le temps du Christ s'ouvre celui de l'attente eschatologique. Mohammed est prophète en ce qu'il annonce le retour du Messie. Voyons en lui « un témoin, la Voix qui crie dans le désert la séparation finale des bons et des mauvais, le témoin de la séparation ». Reste le refus de la Croix ? En réalité l'écoute des mystiques manifeste que, par-delà les lectures légalistes et grâce au message coranique, le mystique peut rejoindre la figure du juste crucifié. Les recherches de Massignon débouchent, en effet, sur les écrits et la vie du mystique Husein ibn Mansour Al Hallâj, mis en croix à Bagdad au début du 10ème siècle pour avoir prêché une union à Dieu qui suppose que soient dépassées les prescriptions légales dans lesquelles les savants d'alors prétendaient enfermer leur Révélation.Autrement dit, dans cette cohérence, affirmer que le Coran est inscrit dans la Révélation des héritiers d'Abraham est possible mais à condition de reconnaître que les musulmans, tout comme les Juifs par rapport à leurs livres, ne font pas, à l'exception de quelques mystiques, la bonne lecture du Coran.

1) A propos de la divinité de Jésus : « c'est une question à laquelle, devant les chrétiens de Najran, il (Mohammed) a répondu par une demande d'ordalie, de jugement de Dieu (mubâlah, 3,54). Il l'attend toujours, bien plus le Coran énonce que c'est au jugement dernier seulement que Dieu posera ce signe, comme la question suprême, non seulement aux hommes, mais aux prophètes, en demandant à leur porte-parole, Jésus, s'il a proposé les deux seuls Purs, sa mère et lui, comme deux dieux » (Cité par Y. MOUBARAK. « Bilan de la théologie du 20ème siècle », p. 386).

Vatican II et la reconnaissance de l'islam

A peu près à la mort de Massignon, le Concile tentait de situer les différentes religions dans leur rapport à l'histoire du salut. Deux textes font autorité : la Constitution sur l'Eglise, le texte sans doute le plus important de Vatican II, et la Déclaration sur les Religions non-chrétiennes. Dans ce cadre, le concile privilégie le lien avec les juifs mais reconnaît, dans la référence à Abraham, l'authenticité du monothéisme des musulmans. «  Ceux qui n'ont pas reçu l'Evangile (...) eux aussi sont ordonnés au peuple de Dieu. En premier lieu, ce peuple qui a reçu les alliances et les promesses et dont le Christ est issu selon la chair (...) Le dessein de Dieu enveloppe également ceux qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour » (Constitution sur l'Eglise n°16). La Déclaration, elle aussi (n°4), privilégie la relation de l'Eglise au judaïsme ; elle « rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d'Abraham. L'Eglise du Christ en effet, reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, dans les patriarches, Moïse et les prophètes ». A propos de l'islam la Déclaration ne parle pas, comme pour le judaïsme, de « lien » mais le monothéisme des musulmans, la naissance virginale de Marie dans le Coran (si importante aux yeux de Massignon), les principales convictions de l'islam orthodoxe y sont mentionnés. Surtout la référence à Abraham invite l'Eglise à reconnaître, dans la foi des musulmans, l'héritage du «  Père des croyants  »  : «  ils cherchent à se soumettre - comme s'est soumis à Dieu Abraham auquel la foi islamique se réfère volontiers ».

Ces deux textes marquaient, dans le monde chrétien, le point de départ d'une réflexion théologique nouvelle. Pour parler comme le Père Geffré, désormais « la théologie doit affronter un nouveau défi, celui du pluralisme religieux ».

La fin des temps

Plusieurs attitudes s'affrontent. Elles ont en commun de vouloir prendre leurs distances par rapport aux positions classiques. « Hors de l'Eglise point de salut  », disait-on autrefois. On parle d'exclusivisme pour désigner cette position selon laquelle chaque personne humaine ne pouvait parvenir à la béatitude promise pour le dernier jour sans passer par l'Eglise et les sacrements. Les théologiens et les pasteurs de l'Eglise, dans un dialogue parfois difficile, font un effort pour penser le lien qui unit les différentes religions et, en premier lieu, les religions abrahamiques. Certains parlent de Christocentrisme : comment les disciples de Jésus peuvent-ils penser l'histoire du salut sans se référer au Christ ? Les autres religions contiennent en germe ce que le disciple de l'Evangile possède en plénitude. La référence commune à Abraham fait partie de ce que les Pères de l'Eglise appelaient des « semences du Verbe». Mais n'est-ce pas mettre le christianisme en position dominante par rapport à autrui ? D'autres parleront de régnocentrisme ou, par référence aux religions asiatiques, de théocentrisme. Le royaume prêché par le Christ, le règne de Dieu que le baptisé appelle dans la prière que Jésus lui a apprise, advient partout où le comportement humain se manifeste comme obéissance à Dieu ou à ce que les religions asiatiques appellent « la réalité ultime ». L'expression «théocentrisme» est assez peu prisée par la hiérarchie (Jean-Paul II a contesté cette position dans son Encyclique «Redemptoris Missio») et par l'ensemble des théologiens. Ne compromet-elle pas le caractère unique et singulier qu'il convient d'accorder, en christianisme, au mystère de Jésus ? On parle alors de pluralisme : chaque religion est voulue par Dieu comme un moyen de salut et non comme une réalité dégradée par rapport au message évangélique. Toutes ces marches vers Dieu seront récapitulées et trouveront leur sens en Jésus à la fin des temps lorsque l'histoire du salut aura touché son terme. « Il y a des vérités dans l'ordre religieux qui trouveront leur accomplissement dernier dans le mystère du Christ mais qui ne seront jamais thématisées dans le christianisme historique.  » (Claude Geffré, « de Babel à Pentecôte  » p. 76).

Ces démarches pour inclure dans l'histoire du salut, les différentes religions - les religions abrahamiques en particulier - ne sont pas pleinement satisfaisantes. A l'heure actuelle chez les chrétiens qui se réclament de Vatican II, on veut sortir d'une vision de l'Eglise comme seul moyen de salut. Elle ne peut se prendre pour le tout voulu par Dieu sans qu'on la soupçonne de totalitarisme. Elle se doit de vivre avec ce qui la dépasse et l'entoure. En réalité lorsqu'on parle de fin de l'histoire et de retour de Jésus, ne retombe-t-on pas dans la même erreur ? Au bout du compte, c'est le Christ qui aura le dernier mot : on repousse les limites au terme de l'histoire mais on reste dans un système clos et encore totalitaire même si le tout considéré est élargi de façon gigantesque.


La parole et l'alliance

Mais, dans ce temps de l'histoire, s'inscrit un autre temps dont nous parle l'Evangile : « Abraham a connu mon jour et il s'est réjoui » disait Jésus à ses disciples. « Les juifs lui dirent alors ' tu n'as pas cinquante ans et tu as vu Abraham !'» Ce court dialogue laisse entendre qu'au milieu de l'histoire qui, aux dires des théologiens, s'achemine vers sa fin, circule un temps autre que celui qu'on peut mesurer en années, en siècles ou en millénaires. Jean commence son Evangile par un mot qui permet de comprendre dans quel temps se trouve Jésus lorsqu'il parle de son jour. « Au commencement était la Parole ». La parole va avec le commencement  ; elle inaugure. Lorsqu'elle surgit, elle suppose ou elle fait naître des sujets qui s'attendent, s'entendent et se répondent. Point de parole qui se déploie sans que se noue un lien entre « je » et « tu ». Pour demeurer dans le vocabulaire de Jésus, disons qu'il n'est pas de parole sans «alliance». Dans le temps de l'histoire s'inscrit le temps de l'alliance.Approfondissons ce dernier mot. Lorsque des sujets se parlent, pour vivre en demeurant alliés, ils ont besoin d'une référence commune, par exemple la famille, une science précise ou une cause à défendre. Lorsque les partenaires ont réussi à faire passer leur message ou lorsque la cause qu'ils défendent est atteinte, le discours s'achève. Certes, il peut repartir mais il doit pour cela trouver un autre objet. Qu'en est-il lorsque les interlocuteurs parlent de Dieu ? En réalité, dans cette situation, l'objet en question ne peut être atteint. Certes, les interlocuteurs peuvent trouver des mots pour se mettre d'accord au moins provisoirement. Ils parleront de transcendance ou d'immanence, de Trinité ou d'unité. Ils s'entendront sur des gestes ou des rites. Mais ce qu'ils disent ne doit pas masquer que Celui dont on parle n'est pas encore rejoint à moins d'en faire une idole.


Dans le temps d'Abraham

Dieu, à l'intérieur de leurs particularités juives, musulmanes et chrétiennes, s'affirment croyants, ils prétendent que Dieu leur a parlé et la foi est réponse à cette parole. Autrement dit, quand les héritiers d'Abraham, dans une religion particulière, parlent de Dieu, se produit une situation originale. Celui dont parlent les croyants dans le temps des hommes est aussi Celui qui leur parle et leur est présent aujourd'hui comme il l'était aux jours où il parlait à Abraham, le premier des croyants, le premier à avoir reconnu, au coeur de ses alliances humaines, l'alliance avec Dieu. Appelons « temps d'Abraham » cette situation où, parlant de Dieu, adviennent des sujets croyants.

Une exigence s'impose pour que chacun des sujets, advenant dans le temps d'Abraham, puisse se maintenir dans la foi, à l'intérieur de sa religion particulière, sans pour autant se couper des autres héritiers promis à l'ancêtre. Une scène de l'Evangile illustre la façon d'être fidèle à cette exigence. Jésus et ses disciples quittaient le territoire de la judaïté pour pénétrer en terre cananéenne, du côté de Tyr et de Sidon. Il se laisse toucher par l'angoisse d'une maman implorant la guérison de sa fille. Jésus marque bien la distance entre le juif et le non-juif (« je ne suis venu que pour les brebis perdues de la maison d'Israël ». Mais par-delà toute frontière, dans l'appel de celle qui se tourne vers lui, il perçoit que, dans l'entretien en cours, l'Autre qu'Abraham un jour avait rencontré est reconnu : « O femme, grande est ta foi ! Qu'il t'advienne selon ton désir » (Mat. 15/21-28). La rencontre de l'autre aurait pu le conduire à dire « viens ! Suis-moi » et à augmenter le nombre des « brebis de la maison d'Israël ». Il serait alors resté à l'intérieur de la judaïté considérée comme le tout de son horizon. Ce mouvement qui permet au juif Jésus d'entendre la cananéenne et de lui répondre est passage du singulier à l'universel. Ce franchissement des frontières, qui n'est pas abandon de sa particularité juive, constitue la cohérence abrahamique. A la suite de Jésus nous sommes invités à vivre, dans la tradition particulière qui est la nôtre, le passage du singulier à l'universel ; il s'agit ainsi de fuir toute prétention à la totalisation. C'est en franchissant de la sorte nos frontières que nous entrons dans le temps d'Abraham et que nous sommes pris dans le mouvement de l'alliance.


S'ouvrir sur l'universel

Dans la Bible des chrétiens et des juifs, Abraham franchit des frontières et son message manifeste un élan que les siècles n'ont pas freiné puisqu'il est venu jusqu'à nous. Ce mouvement préserve tout héritier fidèle à Abraham du repli. Il se manifeste lorsque, se tournant les uns vers les autres, par-delà les frontières qui les définissent, juifs, chrétiens et musulmans se reconnaissent, se rejoignent.

Nos réflexions partaient d'un constat : les héritiers d'Abraham se sont souvent opposés dans la violence. Celle-ci n'est-elle pas fille de la totalité ? En réalité la cohérence abrahamique ne conduit-elle pas ceux qui se considèrent ses descendants à retrouver le mouvement dont nos écritures sont la trace ? Pour avancer sur ce chemin, sans doute faut-il que chacun, sans perdre sa particularité, découvre sa ressemblance avec tous du fait de la singularité qui nous marque et ainsi, mystérieusement, nous rassemble. Cette cohérence serait celle de la parole qui permet aux sujets de se tourner les uns vers les autres et de sortir d'eux-mêmes pour naître et renaître à autrui. Par-delà les dogmes et les rites qui séparent, le passage du singulier à l'universel ouvre la possibilité d'un univers - le bien nommé ! - de reconnaissance mutuelle et de convivialité gratuite.

Le souci des théologies de l'histoire du salut conduit à voir en Jésus le seul Sauveur. La présentation qu'on trouve ici ne l'a-t-elle pas éliminé  ? En réalité, n'est-Il pas en christianisme la manifestation parfaite du passage à l'universel ? Fils d'Israël, il élargit l'Alliance « sur la multitude  » qui n'est pas une totalité. Par ailleurs, c'est en Lui que le chrétien découvre la perfection du lien avec Dieu en même temps que l'alliance des sujets croyants. Entre lui et ses disciples, le lien est comparé à la sève qui circule des sarments au cep de la vigne. Dans le contexte où Il développe cette image, il affirme la présence de l'Autre : « Qui me voit voit le Père ! ». La place de Jésus dans l'histoire des hommes manifeste le temps d'Abraham.


Pour demeurer dans la cohérence chrétienne

On se demandera peut-être enfin dans quelle mesure on peut rester dans la cohérence chrétienne en faisant fi du retour du Christ à la fin de l'histoire. En réalité, ce qu'on appelle « le dernier jour » ne peut être que le triomphe de la parole des commencements et, par conséquent, une ouverture sur un temps nouveau où l'universel triomphe des toujours possibles violences qui naissent de nos particularités. Loin d'enfermer l'histoire dans la totalité, la parole ne cessera d'être promesse. Telle est notre foi et notre espérance.

Il faut bien le dire pour conclure. Le souci qui nous anime s'est alimenté d'un livre dont nous conseillons la lecture : « Abraham ou l'invention de la foi » de Guy Lafon aux Editions du Seuil. En entrant dans chacune de nos trois traditions, il tente de dégager ce qu'il appelle « La Religion d'Abraham ». N'entendons pas par là une religion qui récapitulerait les affirmations des uns et des autres dans une totalité d'un type nouveau. La religion d'Abraham se reconnaîtrait au fait qu'à travers des dogmes différents se reproduit ce mouvement de rencontre vécu entre Abraham et IHVH, où la parole de l'Un est inséparable de la réponse de foi, où l'avenir s'ouvre et où les possibilités de l'alliance sont universelles et jamais totalisables.


Michel Jondot


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