Le monde est inquiet ; désormais l'interdiction de construire des minarets est inscrite dans la constitution d'un pays européen.
De quel mal la votation suisse est-elle le symptôme ?
On sent bien que le gouvernement suisse est mal à l'aise.
Faut-il parler d'islamophobie dans un pays démocratique ?
Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme estime que cette interdiction est discriminatoire.
Le résultat de ce référendum, selon lui, a mis un pays en infraction avec la loi internationale.
Le Conseil de l'Europe estime, pour sa part, qu'il s'agit d'une atteinte à la liberté d'expression
et à la liberté de religion telles qu'elles sont garanties par la Convention européenne des droits de l'homme.
Pour notre part, nous sommes moins sévères. Interdire un minaret n'est pas une atteinte à la liberté de culte.
Bien sûr, le résultat de la votation est le fruit de la propagande de partis de droite.
Mais s'agit-il d'un refus de l'islam ?
Nous pensons, quant à nous, que ces réactions posent une question aux urbanistes et aux architectes
en même temps qu'aux moralistes. La présence de l'islam en Europe ne peut se réduire à l'importation
d'un art issu des pays orientaux. Recopier l'architecture d'une mosquée égyptienne dans le paysage
d'une ville européenne est un anachronisme et une faute de goût. Cela revient à confondre folklore et oeuvre d'art.
A l'islam d'Europe de faire preuve de créativité et de construire des lieux de prière en harmonie avec son environnement.
« Dieu est beau et il aime la beauté », dit-on en islam. Aimer la beauté conduit à l'inventer, non à recopier.
En réalité, l'expérience de notre association, devant l'embarras de la Suisse, s'avère intéressante.
Ce que nous vivons, dans une banlieue, éclaire un problème qui est tout autant culturel que religieux.
Des femmes, dans une cité, découvrent les méthodes de tissage des Gobelins et s'en inspirent pour pratiquer
en France un art de faire appris au Maghreb. Quand on les voit travailler, on dépasse les clivages culturels
et on vit un réel plaisir. Par ailleurs, nous invitons nos lecteurs à faire une visite à
la mosquée Ennour de Gennevilliers.
Ils découvriront qu'on peut construire un lieu de culte qui, loin de cacher l'islam, manifeste une présence prometteuse et fraternelle.