Déclaration du bureau
de la Maison Islamo Chrétienne
Saad Abssi, Mohammed Benali,
Christine Fontaine, Michel Jondot
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La mort ou la violence ?

Ce dossier avait été rédigé au printemps dernier et les cahiers furent envoyés à nos abonnés au tout début juillet. Nous nous situions face à une question qui agitait nos concitoyens et qui oblige la société – et tout particulièrement chrétiens et musulmans - à se poser une question difficile. A-t-on le droit d’interrompre la vie d’un homme plongé depuis longtemps dans un coma profond et qui ne retrouvera jamais la conscience. C’était l’occasion de nous interroger mutuellement sur le mystère de la mort et de la vie dans lequel est prise toute personne humaine. Lecteurs du Coran et de l’Evangile, de quel message sommes-nous porteurs ?

Certes, les relations internationales étaient troublées mais les événements n’avaient pas atteint le degré de barbarie qu’on a vu se déployer cet été dans la prison de Gaza et au Proche-Orient avec l’avènement du nouveau califat. « Tu ne tueras pas » : les religions monothéistes ont reçu cet interdit. Ce sont pourtant des hommes de religions qui s’affrontaient. Le Cardinal Tauran, responsable au Vatican des Relations interreligieuses, a pressé les autorités musulmanes de condamner les actes de terrorisme insoutenables du Daesh. Il aurait pu aussi – il aurait dû, semble-t-il – appeler les autorités juives du monde entier à arrêter les actes inhumains qui ont envoyé à la mort des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants incapables de se défendre.

Un travail de réflexion s’impose à nous. Certains pensent, peut-être avec raison, que le recours à la violence est inévitable si l’on veut maintenir les droits des peuples et la sécurité des personnes. Mais, à coup sûr, il est des limites à ne pas franchir sans sombrer dans la barbarie. Ces limites ont été franchies cet été : nous nous devons de les dénoncer. On parle beaucoup de « terrorisme », à propos des Palestiniens. Mais quelle différence convient-il de faire entre terrorisme et résistance ? Il se trouve –est-ce un pur hasard ? – que les ennemis qu’on a vus se déchirer se réclament tous, victimes ou bourreaux, d’une religion monothéiste : Juifs, musulmans et chrétiens se reconnaissent à bon droit héritiers d’Abraham. La violence est-elle inhérente aux religions monothéistes ? Troublante question pour ceux et celles qui, comme nous à la Maison islamo chrétienne, œuvrent pour qu’advienne une véritable fraternité.

La mort dont nous parlons dans ce dossier est celle que nous ne pouvons éviter et avec laquelle il faut composer pour mener une vie vraiment humaine. Mais la mort dont nous sommes les auteurs est d’un autre ordre. Nous nous proposons, dans un prochain dossier, de regarder en face ces questions que l’actualité met sous nos yeux. Restons modestes, bien sûr ; nos compétences sont limitées et nos moyens bien faibles. Nous ne résoudrons pas les problèmes mais nous pouvons nous aider à vivre dans la dignité et à refuser la barbarie. Jésus nous aurait dit que nous pouvons, chacun à sa mesure, devenir « artisans de paix ».

Notre prochain cahier sera donc consacré aux questions du Proche-Orient. Ceux qui sont abonnés recevront le fruit de ce travail au cours de l’hiver 2014-2015. Ceux qui ne sont pas abonnés mais qui souhaiteraient avoir connaissance de nos réflexions avant qu’elles ne soient consultables en ligne, pourrons demander qu’on leur envoie ce numéro : n’hésitez pas à nous faire signe.

Saad Abssi, Mohammed Benali, Christine Fontaine, Michel Jondot


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