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musulman, juif et chrétien

L'Aïd dans les banlieues
témoignage de femmes musulmanes


Modernité d'Abraham
témoignage d'un juif,Emile Moatti
Délégué Général de la Fraternité d'Abraham


Juifs et chrétiens : des héritiers indignes
témoignage d'un arabe chrétien, Elias Zahlaoui
prêtre melchite à Damas

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L'Aïd dans les banlieues
témoignage de femmes musulmanes



Les propos qui suivent ont été glanés dans un groupe de femmes maghrébines;
au lendemain de l'Aïd, en décembre 2008, elles parlaient ensemble de la fête.

Le mouton est précieux

Ici, en France, le jour de l'Aïd, je me sens plus seule que jamais. Je n'ai qu'une fille et elle est chez son père. Ma famille est loin, bien loin, au bled. Je ne peux même pas téléphoner : ces jours-là les lignes sont trop encombrées. Je m'enferme et je pleure.

Autour de moi, pourtant, c'est la joie. Toutes les familles que je connais ont acheté un mouton. En France, on commence à organiser des ventes autour des mosquées mais beaucoup préfèrent aller à la campagne. L'an dernier ceux qui avaient commandé la bête auprès de l'imam ont été déçus. La bête est arrivée très tard le soir. On sait qu'elle avait été immolée selon les règles mais cela n'avait pas le même charme.

C'est la joie quand on peut avoir l'animal vivant avant la fête. C'est important pour les parents d'avoir leur animal ; cela fait tellement plaisir aux enfants ! La veille, ils se réunissent autour de lui et les femmes lui mettent du henné. On joue avec lui, on le tire gentiment par les cornes, les garçons montent sur son dos. C'est la joie ; on entend les rires dans la cour.

Il faut reconnaître que ça coûte cher. Le père d'une de mes amies a acheté 10 moutons ! Il a cinq fils mariés ; il faut qu'il pense aussi à sa mère, ses deux grands-mères et lui ! Je connais des familles qui préfèrent se priver ou emprunter. Une maman près de chez moi a vendu des bijoux pour donner ce plaisir à ses trois enfants.

Allahou Akbar !

Le matin, je fais comme tout le monde ; je mets la radio pour entendre la prière et pour être à l'heure. Je vais à la mosquée le matin vers les 9 heures. Tous les hommes sont en blanc et les enfants ont de beaux vêtements. L'imam raconte l'histoire d'Abraham et d'Ismaël. Il nous parle des pèlerins qui sont à La Mecque et nous, on n'arrête pas de murmurer «  Allahou Akbar ». J'ai envie de pleurer quand tous ensemble on entend ça ; j'en suis toute remuée dans mon corps.

J'aime bien cette histoire d'Ismaël. Abraham avait fait un rêve et un rêve c'est un message de Dieu. Ismaël avait 85 ans. Il a dit à son père : « tu fais comme Dieu veut ! ». Abraham allait égorger son fils mais Dieu lui a dit : « tiens ! Je te donne un mouton ; garde ton fils ! ». Dieu faisait un test, comme on dit des fois aujourd'hui. Il n'avait qu'un fils et il a obéi. On appelle ça un sacrifice. Un sacrifice c'est quand on obéit à Dieu. Abraham nous montre l'exemple à nous les musulmans.

« Mabrouk ! ». Quand on rentre à la maison on se tombe dans les bras ; on se pardonne quand on est fâché avec quelqu'un et après ça les hommes vont tuer le mouton. Chez moi, dans l'immeuble, on a de la chance parce qu'il y une cour et tous les voisins sont musulmans. On sacrifie l'animal et on est sûr que personne ne va porter plainte. Là où habite une de mes amies, la police a emporté plusieurs moutons. L'an dernier, au bout de la rue ils sont venus parce que des voisins s'étaient plaints mais quand ils ont vu la joie des enfants, ils ont souri et sont repartis sans rien dire.

Celui qui sacrifie

Ce sont toujours les hommes qui font le sacrifice du mouton. Les femmes restent à la maison et les enfants sont autour de l'animal ; ils ouvrent les yeux tout grand et ils restent en silence : ça les impressionne. Chez moi au bled, on habite dans un tout petit village avec seulement trois familles. Parce que mon père est l'aîné c'est lui qui va dans chacune des maisons pour tuer le mouton. Les autres familles passent avant la nôtre. C'est toujours le plus digne qui sacrifie : le plus vieux ou celui qui est hadj.

On ne mange pas l'animal tout de suite : le matin on prend le foie, on le lave et on le mange en prenant le thé. Le midi on prépare les tripes avec des pois chiches. Il faut les couper, mettre du persil, des oignons, de l'ail. On enveloppe le tout et on le coud. J'ai des amis qui mangent l'épaule le soir, mais c'est rare. En général la bête demeure suspendue jusqu'au lendemain. On sépare la viande en trois parties : une pour les pauvres, une pour des amis ou des voisins et le reste pour la famille.

Un groupe de Maghrébines



Modernité d'Abraham
témoignage d'un juif,Emile Moatti
Délégué Général de la Fraternité d'Abraham


Merci à Emile MOATTI d'avoir répondu à notre invitation.
Rappelons qu'en collaboration avec Pierre Rocalve et Muhammad Hamidullah,
il a écrit un livre : «Abraham» (éditions du Centurion).

Dans une société matérialiste

- Abraham est-il encore d'actualité aujourd'hui ?

Certainement. Son message est d'une grande modernité. Il apparaît en effet lors d'une crise de civilisation, à Babel, dans une société qui, s'étant détachée de Dieu, est devenue matérialiste et inhumaine : le projet des hommes est orienté uniquement vers la réalisation des grands projets techniques de construction de la ville, projets qui asservissent toute la population ; ce qui conduit à une impasse. Face à cette situation, Abraham réagit avec détermination mais sans violence. Il prend ses distances et quitte la région avec sa proche famille, se dirigeant vers Canaan, à la demande de Dieu, pour trouver une autre voie.

- Quel est le fondement de cette autre voie ?

Abraham va montrer le chemin de la redécouverte de Dieu. D'après nos commentaires, redécouvrir Dieu par soi-même sera le problème majeur de la fin des temps ; cela veut dire que la Révélation sera à la portée de tous : chacun, s'il écoute sa voix intérieure, sera inspiré par l'Esprit. Abraham recherche donc Dieu, et c'est pourquoi Dieu lui parle et le guide.

Le Dieu d'Abraham

- Vous parlez de Dieu. Quelles sont les caractéristiques du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ?

Le Dieu d'Abraham est le créateur de l'univers et le libérateur de tous les êtres humains. Il les aime, Il leur donne la vie et Il veut leur bonheur. De là vient la mission confiée à Abraham qui est explicitée par trois fois dans le livre de la Genèse: « devenir une bénédiction pour toutes les familles et pour toutes les nations de la terre. (Gn 12,3 ; 18,18 ; 22,18). Cette mission doit être aussi poursuivie par sa descendance, qu'elle soit charnelle ou spirituelle car Abraham contribue à la réunification de toute l'humanité.

Le salut des sociétés dépend du comportement éthique de l'homme. C'est ce que nous apprend l'épisode du déluge où seuls Noé et sa famille sont épargnés parce que Noé est un «juste». L'homme est appelé à « faire la volonté de Dieu ». Dieu ne peut rien tout seul et il a besoin de l'aide des êtres humains : Il a fait de l'homme son représentant sur la terre et Il attend de lui qu'il se comporte avec amour dans le respect de la justice. (Cette dimension d'amour sera considérée comme la valeur fondamentale dans le christianisme). Chacun doit se préoccuper des autres, comme cela a été commenté par Emmanuel Lévinas : « je suis responsable de mon prochain. Les besoins matériels d'autrui sont mon devoir spirituel ». Ainsi Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais sa repentance, c'est-à-dire son retour à Lui pour faire Sa volonté en respectant Ses commandements. C'est la condition du bonheur de la société.

L'amour de tous les hommes

- Quels exemples d'amour de tous les hommes Abraham nous donne-t-il ?

Cela ressort de son comportement. En particulier et tout d'abord sa pratique de l'hospitalité : il accueille sous sa tente trois anges qui ont pris une apparence humaine et qui peuvent appartenir à n'importe quel peuple ou communauté étrangère.

Abraham montre aussi l'importance de l'éducation des enfants pour que ceux-ci deviennent des exemples de recherche de la justice à l'égard de tous les hommes, d'une part, et de la pratique de la solidarité matérielle vis-à-vis de ceux qui n'ont pas assez, d'autre part ; cette solidarité est un devoir en vue d'établir sur terre le Royaume de Dieu.

Abraham montre aussi le comportement respectueux et égalitaire qu'il faut avoir vis-à-vis de ses serviteurs: alors que sa première épouse Sara reste stérile, il élève la servante Agar au rang d'épouse à part entière, en vue d'avoir une descendance qui continuera la tâche qui lui est assignée par Dieu.

La réconciliation d'Isaac et d'Ismaël

- Y a-t-il d'autres enseignements importants chez Abraham ?

Oui, beaucoup. Par exemple le respect de la femme mariée, contrairement au comportement qu'il constate lors de ses séjours en Egypte chez Pharaon, puis chez le roi Abimelek. Ceci est à la base du souci de la pureté familiale.

Abraham montre également la façon de dialoguer amicalement avec tous les peuples rencontrés, afin de rester toujours dans le consensus avec autrui. (Cette vertu sera mise en valeur dans la culture islamique.) C'est ainsi qu'il achètera le tombeau de Makpéla pour enterrer Sara. C'est ainsi également qu'il se sépare de Loth : il lui donne la priorité du choix de la direction dans laquelle il veut aller; Loth ira vers Sodome et Gomorrhe pour s'enrichir davantage, et Abraham ira vers le désert (dont on sait qu'il est le lieu de la rencontre avec Dieu dans nos trois traditions).

Abraham nous apprend enfin l'immortalité de l'âme puisqu'il «rejoint ses pères» après son décès, lequel survient loin de son pays natal.

Abraham va souffrir de la séparation d'avec Ismaël, le fils qu'il a eu avec la servante Agar. Sara lui a demandé de la chasser pour préserver le jeune frère Isaac qu'elle a elle-même donné à Abraham. Mais au moment de la mort d'Abraham et de son enterrement, on assistera, comme à la fin des temps, à la réconciliation d'Isaac et d'Ismaël, et donc de leurs descendants. La séparation provisoire est certes regrettable, mais elle a permis d'éviter les violences.

Abraham nous a enfin donné l'exemple de l'efficacité de la prière pour autrui lors de son séjour chez le roi Abimelek. Il va prier pour ce dernier et sa famille avant de penser à lui-même. En conséquence après que la prière pour autrui a été entendue par Dieu, celui-ci va bénir aussi la famille d'Abraham en lui donnant un fils, Isaac, avec sa première épouse Sara. (On retrouvera ce souci de l'autre dans les Evangiles, dans l'épisode de la Samaritaine et dans celui du pardon au fils prodigue.) C'est pourquoi Abimelek reconnaît en Abraham un prophète de Dieu.

Bien que non-violent, Abraham nous invite à nous opposer par la force aux preneurs d'otages : lorsque Loth est enlevé par des rois tyrans et pillards venus attaquer Sodome, il n'hésite pas à prendre les armes pour libérer son neveu.

Abraham donne l'exemple du désintéressement : il récupère le butin du pillage et il le restitue intégralement à ses légitimes propriétaires  : il montre ainsi qu'on ne doit pas s'enrichir par le moyen de la guerre et de la violence, même si la société considère qu'on est autorisé à le faire.

Vers une alliance universelle

- Quelle est la vision d'avenir présente chez Abraham ?

Abraham se met au service de Dieu avec lequel il fait alliance pour lui et pour sa descendance : dans la Bible de Moïse, la circoncision en est le signe. Mais l'Alliance est destinée à devenir universelle à la fin des temps, comme l'a rappelé André Chouraqui, le traducteur des textes sacrés de nos trois religions qui se réclament d'Abraham, « le père des croyants ». Cette alliance avec Dieu est confirmée par Melchisédek, ( dont le nom veut dire « le roi de justice »), roi de Salem (entendons «Jérusalem»). Melchisédek représente la sagesse universelle de l'humanité tout entière. Il enseigne à Abraham le rite du partage du pain et du vin, c'est-à-dire le partage des moyens de vie économique (le pain) et le partage de la connaissance spirituelle (symbolisée par le vin). Cette tradition est le fondement d'une part du « kiddouch » des Juifs, au début des repas, et, d'autre part, de l'Eucharistie des chrétiens instituée par les Evangiles. Elle préfigure les temps messianiques de la communion dans le partage que l'on retrouve en islam avec le lait caillé et les dattes.

Abraham nous invite à redécouvrir Dieu par le dialogue, afin d'éviter toute violence. Individus comme peuples doivent pouvoir s'épanouir dans la liberté. Par le dialogue nous devons actualiser les valeurs éthiques universelles présentes dans nos trois traditions. C'est ce qui nous conduira ensemble à l'avènement des temps messianiques. Nous devons aider chaque peuple à s'épanouir sur un territoire qui lui est octroyé par un consensus universel.

Si la culture abrahamique qui nous conduit au Dieu-Un de l'humanité tout entière, inspire tous les peuples, le problème du respect des minorités vivant au sein de peuples majoritaires sera résolu. L'expérience millénaire du peuple juif dispersé dans les nations a prouvé que les minorités peuvent elles aussi s'épanouir lorsque la société est fondée sur l'état de droit - c'est-à-dire une justice égale pour tous et la pratique de la solidarité matérielle pour éradiquer la misère. Nous irons alors tous ensemble vers un temps de communion et de joie partagée. Tel est le fondement de notre espérance de croyants.

Emile MOATTI Délégué Général de la Fraternité d'Abraham



Juifs et chrétiens : des héritiers indignes
témoignage d'un arabe chrétien, Elias Zahlaoui
prêtre melchite à Damas



Le Père Elias ZAHLAOUI est pradosien.
Prêtre arabe, de rite melchite, en Syrie,
il a toujours eu le souci de nouer des relations
avec les musulmans de ce pays où les chrétiens sont minoritaires.

Abraham, un modèle à imiter

Les citoyens d'Israël se disent « enfants d'Abraham ». Leur père est un modèle à imiter  : n'est-il pas l'homme de Dieu par excellence, celui qui a fait l'expérience de Dieu ?

Le Seigneur l'a arraché à son pays, à sa tribu, à ses dieux auprès desquels les siens cherchaient refuge. Le Seigneur l'a propulsé vers l'inconnu. Abraham a tout accepté. Il a marché avec Dieu dans un total dénuement. Abraham a cru : Dieu lui a promis une descendance aussi nombreuse que les étoiles. Il avait cent ans ! Il y avait de quoi rire, ce dont Sara son épouse ne s'est pas privée. La foi d'Abraham l'a emporté. Abraham a obéi. Quand l'enfant fut venu, qu'il eut grandi, on lui demanda de s'en détacher et de l'offrir en sacrifice ; il s'est soumis !

A la mort de son épouse, il ne disposait pas du moindre carré de terre ; il lui a fallu acheter un tombeau pour l'inhumer. Lorsqu'arriva l'heure de sa propre mort, on l'ensevelit en terre étrangère.

Foi, soumission à Dieu, dénuement : tels sont les traits de celui dont juifs et chrétiens se prétendent héritiers. Quel contraste! Pas la moindre ressemblance entre le père et les héritiers !

Entre Abraham et ses enfants, quel contraste!

Le comportement des Juifs, aujourd'hui, est à l'opposé de celui d'Abraham. Il n'avait rien mais ses descendants se sont emparé de la Palestine. Ils l'ont prise par la force et la terreur, pour l'occuper. Leur présence sur cette terre est le fruit d'une tuerie comme on en voit peu dans l'histoire. Leur désir de posséder ne connaît pas de frontière et dépasse les limites du pays conquis. Ils poursuivent, au-delà de la Palestine, un programme d'installation sur un territoire qui, prétendent-ils, leur a été promis par Dieu à travers Abraham. Ils ont comme cible le Liban, la Syrie, la Jordanie, le Sinaï. Ne parlons pas de l'Irak, pays déjà brisé grâce aux Etats-Unis, leurs alliés. Si Abraham revenait, il ne pourrait se reconnaître en ces héritiers-là !

Les chrétiens, eux aussi, sont les descendants d'Abraham. Depuis le 5ème siècle, ils ont poursuivi une politique de persécution des Juifs couronnée par ce que certains appellent « l'holocauste » nazi. Aujourd'hui, au nom de cette soi-disant promesse faite à Abraham, ils approuvent la spoliation de la Palestine depuis 1947 avec tout le cortège de crimes inimaginables qui s'en est suivi jusqu'à ce jour. «La promesse est irrévocable» prétendent les plus hautes autorités chrétiennes. Les chrétiens deviennent ainsi complices de ce que les Palestiniens appellent la Naqba, la catastrophe dont les conséquences se poursuivent en s'aggravant depuis 60 ans et qui dépassent les horreurs nazies.

Si j'étais Abraham, je renierais mes soi-disant enfants, juifs ou chrétiens !

Un complexe de culpabilité ?

On peut s'interroger. Si les chrétiens se bouchent ainsi les yeux, n'est-ce pas parce qu'ils souffrent d'un complexe de culpabilité vis-à-vis du monde juif ? Ce comportement est doublement stupide.

D'abord il encourage les Juifs du monde entier à devenir complices d'un assassinat systématique du peuple palestinien. Et si ce processus n'est pas arrêté ils deviennent aussi complices de la disparition qui s'ensuivra des autres peuples arabes. D'autre part, ce comportement des chrétiens conduira tôt ou tard à l'élimination de leurs frères dans la foi à l'intérieur du monde arabe en son entier. C'est chose faite, ou presque, en Palestine. C'est chose faite, ou presque, en Irak.

Etouffer la parole

Des chrétiens ont réagi, il faut l'avouer, avec pour seule arme l'Evangile. Dès 1944, Monseigneur Kyrillos HAJJAR, évêque de Palestine, protestait contre la colonisation de la Palestine par les Juifs ; il le paya de sa vie et fut assassiné. Monseigneur Hilarion KAPPOUGI était évêque de Jérusalem lorsqu'en 1974 il fut incarcéré. Il n'avait pas peur de dénoncer l'injustice faite à son peuple mais il était trop avisé pour commettre l'imprudence qui lui valut son procès. On l'accusa d'avoir transporté des armes ; rien ne put être prouvé mais il fut tout de même condamné à la prison.

Monseigneur Hanna ATALLAH vient d'être nommé porte-parole des Palestiniens à Jérusalem. Premier évêque arabe orthodoxe, il est affronté tous les jours à la réalité. Les Palestiniens sont en situation de tout perdre ; il le voit et il le dit. Ce faisant il prend le relais de Monseigneur Michel SABBAH, un homme de paix et d'amour qui n'a jamais prononcé un mot de haine. En tant que Patriarche latin de Jérusalem, il a réclamé le droit des Palestiniens. « Paix sur Jérusalem  » : le titre de son livre traduit merveilleusement la manière dont il a conçu son ministère.

Mais quelle tristesse de constater que le départ de Monseigneur SABBAH est sans doute la marque d'un désaveu de la part de l'Eglise ! Quant aux autres noms qui viennent d'être cités, qui les connaît en Occident ? Leur parole est étouffée et on veut ignorer leur témoignage. N'est-ce pas la foi en la Parole qui fait le chrétien ? La Parole a pris chair pour être à notre portée. Pourquoi l'Eglise, dans ses instances officielles, reste-t-elle muette ? Elle frôle le sacrilège en recourant à l'Ecriture pour justifier son silence. Certes, il faut croire aux promesses adressées à Abraham ; il est bien vrai qu'elles sont irrévocables. Oui, il faut dire que les héritiers d'Abraham, le peuple juif, sont le peuple élu. Elu pour donner naissance à Jésus qui annonce un monde nouveau, une terre nouvelle. Mais arracher une terre à un peuple est une faute qui ne peut être justifiée par l'Ecriture. La terre promise, aux yeux des chrétiens, est le Royaume de Dieu. En réalité la terre d'aujourd'hui, en Palestine, est devenue un enfer.

Abouna Elias Zahlaoui, Damas

A voir : Les chrétiens de Syrie (vidéo 19')
(Le Père Elias Zahlaoui intervient à la 17ème minute)



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