Une journée de
réflexion organisée par Mes-Tissages et l’association En-Nour
A l’heure où les propos du Chef de l’Etat à Rome avaient
réactivé en France la question de la laïcité, il convenait que chrétiens et
musulmans s’interrogent sur la place des religions dans la marche de l’histoire
en cours.
Dans la salle des fêtes de Malakoff, 350 personnes, le 20 janvier,
se sont affrontées au problème. L’évêque de Nanterre, Monseigneur Daucourt, les
avaient rejointes. Sa prise de parole fut un vigoureux appel au dialogue.
Une table ronde réunissait, autour du thème « Religion et politique », trois personnalités différentes :
Un musulman :ancien
ministre des finances en Algérie, Ghazi Hidouci a bien distingué le
fonctionnement du pouvoir dans un pays et la religion musulmane. L’Islam ne
peut se confondre avec aucun régime, qu’il soit monarchique ou théocratique,
laïque ou islamique. Par-delà tous les instruments de gouvernement, l’Islam met
chaque citoyen face à l’au-delà ; le Coran l’invite à la justice et au souci du pauvre ; comment répond-il à cet appel ?
Un chrétien arabe :
Boutros Hallaq, Professeur de langue et de civilisation arabe, a fait
apparaître le contraste entre la montée des idées modernes, au Proche-Orient, à
l’intérieur du Réformisme issu de la Renaissance arabe et, d’autre part, le
retour du religieux qui a suivi. Celui-ci prend sa source dans le sionisme
qui a fait naître un état appuyant sa légitimité sur la Bible mais aussi dans
le wahhabisme que l’Occident a introduit en favorisant l’installation de la
famille Saoud au pouvoiren Arabie.
Un athée:
ancien secrétaire du P.C. des Hauts de Seine, Patrice Leclerc est conseiller
général et membre du Conseil municipal de Gennevilliers. Il se sent proche des chrétiens
et des musulmans engagés sur sa ville au service des plus démunis. Il respecte
les démarches authentiquement spirituelles. Il se méfie des pressions que les
religions risquent de faire peser sur les consciences. Un pays laïc ne peut accepter
de signes religieux dans l’espace public. Il se doit pourtant de créer les
conditions pour que chaque croyant puisse respecter les exigences que lui dicte
sa conscience.
Une conférence de Mustapha Chérif
avait précédé. L’Islam est aux prises avec la modernité. La sécularisation pose
aux disciples du Coran des questions radicales que Mustapha n’a pas esquivées.
En réalité l’Islam, certes, est mis à l’épreuve, mais la société séculière
l’est également. L’humanité tout entière, à l’heure de la mondialisation, est
prise dans une opposition où l’on peut discerner à la fois menace et promesse.
Tout ensemble humain, religieux ou séculier, peut succomber à la tentation du
repli et de la fermeture ou courir la chance de l’ouverture. Le croyant est
invité à recevoir la Révélation comme un appel à l’ouverture et à contribuer
ainsi à la libération de tous..