Regard d'une élue
Alexandra d'Alcantara
"La nourriture en islam et en christianisme" Page d'accueil Nouveautés Contact

Alexandra d’Alcantara est conseillère municipale, chargée des cultes, à Gennevilliers. A ce titre, elle doit régler les questions de nourriture dans les cantines scolaires.

Élus de collectivités territoriales nous mettons en oeuvre la laïcité, fondée sur les principes de la liberté de conscience et de l’égalité de droit et de dignité. Elle permet à chacun de croire ou ne pas croire en toute liberté. Une liberté individuelle de pratiquer ou pas une religion. Pour cela je pense qu’il est nécessaire et indispensable de rappeler que la République est laïque et que ses principes sont communs à tous les citoyens.

Vivre ensemble à Gennevilliers

Ma conception de la laïcité tout comme celle du Maire de Gennevilliers découle de notre conception du Vivre Ensemble et de faire société.

Les relations entre les cultes et la Municipalité sont très présentes dans notre ville. Parce que je crois qu’on ne peut faire la Ville sans que chacune et chacun y trouve toute sa place. Ces rencontres m’ont beaucoup apporté durant mon mandat d’élue. Mieux se connaître c’est mieux comprendre les attentes et les difficultés de chacun.

Parce qu’à Gennevilliers, nous sommes attachés à la promotion de ce qui rassemble, le « Vivre Ensemble » constitue le fil rouge dans notre gestion municipale. Nous travaillons à lutter contre tout ce qui exclut, tout ce qui peut diviser, notamment à l’égard de la question religieuse. Nos origines culturelles sont une richesse et ne doivent pas être un frein aux traditions de partage, à la rencontre de l’autre, des valeurs qui caractérisent notre ville.

Liberté de pratique à l’intérieur d’un débat politique

Une grande partie de la population Gennevilloise est de confession musulmane. Il me paraît normal que les élus aient soutenu la communauté pour se construire par elle-même un lieu de culte décent tout comme un carré musulman dans le cimetière de leur ville. Certains diront qu’il s’agit d’un recul devant l’assaut du religieux. Je ne le crois pas. Au contraire. Cette façon de créer du dialogue engendre de la dignité. Ainsi j’ai accompagné la communauté sur divers projets comme la mise à disposition de matériels et équipements pendant le ramadan ou encore pour l’organisation de la fête de l’Aïd. La liberté de pratique religieuse doit s’accompagner du débat politique et favoriser le dialogue et le vivre ensemble.

Dans notre ville nous sommes confrontés à une demande autour de la viande hallal dans la restauration scolaire. Nous ne sommes pas pour y répondre favorablement car cela installerait le fait religieux au sein des établissements scolaires et engagerait des fonds publics dans le financement de la religion. Par contre, avec le Maire de Gennevilliers et des élus de notre majorité, nous sommes pour le respect de la pratique individuelle de la religion. C’est pour cette raison que nous proposons des repas de substitution à la viande pour celles et ceux qui le souhaitent. Ainsi la réponse est d’installer une alternative sans que personne n’ait besoin de justifier ses choix personnels. Pour des raisons écologiques nous travaillons aussi à l’instauration de repas végétariens. C’est une question qui vient également dans les crèches. Question plus délicate car il est plus difficile de trouver des alternatives à la viande pour des bébés et des enfants en très bas âge. Nous étudions cette question. Depuis maintenant plusieurs années nous servons des menus avec du poisson lors des deux banquets des anciens afin que les personnes âgées de confession musulmane puissent participer à tous les évènements organisés par la Municipalité.

Nécessité d’un débat permanent

Régulièrement je suis conviée à des échanges et des dialogues inter-religieux, « les Thés de Gennevilliers ». Ces rendez-vous nous permettent d’aborder avec les musulmans et les chrétiens de vrais sujets de société et à travers de nombreux témoignages de mesurer les difficultés que rencontrent les différentes communautés.

Je suis persuadée qu’un dialogue permanent est indispensable et fertile. Nous avons besoin surtout de discussions, de connaissance et de respect mutuels, de fête commune. Lorsque je suis invitée à la mosquée pour l’Aïd, à la synagogue, je porte un foulard dans l’esprit du respect des traditions, tout comme je me suis couverte les bras en entrant au Vatican. Certains me diront qu’il s’agit d’un signe de soumission ou de pression des fondamentalistes. Il s’agit simplement de respect du lieu de culte qui n’entrave en rien ma liberté, mais est une marque de respect de ceux qui m’invitent.

Alexandra d’Alcantara


Retour au dossier "La nourriture en islam et en christianisme" / Retour page d'accueil