" Paix sur Jérusalem "
Jean-Claude Petit- Mgr Sabbah
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« Paix sur Jérusalem » est le titre du livre de Monseigneur Sabbah. Jean-Claude Petit nous présente l’auteur et nous propose la lecture de quelques extraits.

Originaire de Nazareth où il sera ordonné prêtre en 1955, Michel Sabbah, Palestinien de nationalité est nommé en décembre 1987, Patriarche latin de Jérusalem. Cette nomination, qui intervient au tout début de l’Intifada, sera considérée comme l’une des décisions les plus importantes de Jean-Paul II, compte tenu de sa nouveauté et de sa dimension politique. La mission du Patriarche s’étend sur quatre pays : la Palestine, Israël, la Jordanie et Chypre. L’Église latine dont il est le chef est l’une des treize Églises de Jérusalem.

Nommé Patriarche émérite à sa retraite, Mgr Sabbah continue d’être très attentif à son peuple et de mettre Jérusalem au cœur de son engagement incessant pour la paix. Tel est d’ailleurs le message particulièrement fort du livre Paix sur Jérusalem, propos d’un évêque palestinien (Ed. Desclée de Brouwer, 2002) écrit avec lui par Yves Teyssier d’Orfeuil, arabisant, diplômé en Histoire et Science politique, qui a enseigné deux ans à l’Université de Bethléem. Un livre, dont les quelques extraits rassemblés ici peuvent constituer un avant-goût intéressant à l’Université d’hiver consacrée à Jérusalem et organisée début décembre prochain à Annecy par Chrétiens de la Méditerranée, dont Mgr Sabbah est un ami fidèle.

Jean-Claude Petit
Président d’honneur de Chrétiens de la Méditerranée

Extraits de « Paix sur Jérusalem »

« La vocation de Jérusalem est une vocation très belle parce que, au fond, c’est Dieu que l’on veut y rencontrer. Lorsqu’on voit un juif ou un musulman qui prie, ce qu’on voit en eux c’est leur volonté de rencontrer Dieu, et c’est Dieu que l’on voit en eux. La base de tout c’est la foi en Dieu. Ce serait magnifique si un jour les croyants des trois religions pouvaient se rencontrer dans l’esprit de leur prière, au-delà de toute hostilité humaine. En cette rencontre précisément consiste la vocation de Jérusalem. Elle a la vocation d’unir. Il n’y a pas une ville au monde où les trois religions sont aussi imbriquées qu’à Jérusalem. Or c’est une chance au niveau de la foi. Je suis toujours touché de voir un juif qui récite ses psaumes, ou un musulman qui fait sa prière le vendredi. Même la prière du muezzin qui appelle à la foi en un Dieu prend son sens dans une âme sincère qui vent prier et rencontrer Dieu et les hommes à Jérusalem. Il faut avoir cet esprit de prière, car il faut que nous arrivions à nous accepter dans la foi malgré nos différences. Tuer à Jérusalem est la négation de Dieu. Malheureusement c’est ce qui arrive aujourd’hui encore.»[…]

[…]D’un point de vue proprement chrétien, Jérusalem a une dimension universelle car elle a une signification pour les chrétiens du monde entier : « Parler du christianisme et de Jérusalem veut dire qu’il faut garder toujours à l’esprit deux formes de présence chrétienne à Jérusalem , distinctes mais fortement unies : la locale et l’universelle, les chrétiens palestiniens locaux et les chrétiens du monde entier. Les deux sont présents à Jérusalem et les deux sont intimement liés entre eux et avec la Ville sainte. » […]

[…] Jérusalem est au cœur du conflit israélo-palestinien et puisque la majorité des Lieux saints, juifs, chrétiens et musulmans, s’y trouvent, elle donne au conflit une dimension religieuse et aux croyants une responsabilité particulière : « C’est pourquoi les croyants y ont un rôle capital à jouer. Ils ont le devoir d’agir pour le rétablissement de la justice et la réconciliation. Jérusalem est une Ville sainte. La permanence du conflit et le fait de laisser durer les injustices et les inégalités sont en contradiction avec cette sainteté et avec toutes les valeurs religieuses. Les vrais croyants souffrent de ce qui se passe aujourd’hui à Jérusalem. Toutefois, la douleur ne suffit pas ; car il revient à tout croyant sincère, de quelque région qu’il soit, d’assumer ses responsabilités et de travailler afin que toute oppression soit écartée, et que la justice et la réconciliation soient rétablies. »[…]

[…] « Les chefs religieux ont aussi un rôle à jouer, un rôle de réconciliation, et non un rôle d’extrémisme exclusiviste. Jérusalem est aujourd’hui une ville disputée, à cause de sa sainteté et de son caractère religieux. Les trois religions concernées sont d’accord pour dire que c’est la ville de Dieu et des prophètes. Le chemin montré par Dieu aux croyants n’est pas celui de la guerre, et bien que l’on trouve dans l’histoire humaine nombre de guerres de religions, bien que l’on trouve un esprit de guerre même dans les Saintes Écritures, dans leurs expressions humaines et linguistiques. Malgré cela, le commandement de Dieu à l’humanité est : “Connaissez-vous les uns les autres, aimez-vous les uns les autres, et collaborez pour le bien de tous. »

Monseigneur Sabbah



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