Les protestations d'un chrétien
Jean-Claude Bardin
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En nous disant les difficultés éprouvées face aux conversions des musulmans au christianisme,
un lecteur se fait l’écho de beaucoup de Français.
Nous nous devons de les écouter sans pour autant, bien sûr, les approuver.

La pression communautaire en France

Mon attention a été attirée par l’article intitulé : « Pourquoi l’Eglise cache-t-elle les conversions ? »

Je trouve la réponse proposée particulièrement décevante car elle évite soigneusement d’aborder les vrais problèmes. Je veux bien comprendre que vous vous exprimiez avec une certaine circonspection à propos d’une question que vous qualifiez de délicate. Les deux phrases suivantes sont un modèle d’euphémisme : « Il semble que les familles chrétiennes acceptent plus aisément qu’un des leurs choisisse sa voie. Il est sans doute sociologiquement plus facile pour un chrétien de devenir musulman que pour un musulman de devenir chrétien ».

Tout cela pour éviter de dire que la charia, s’appuyant sur le coran et les hadiths, menace de mort tout musulman qui abandonnerait l’islam ou au mieux le condamnerait à l’exil. C’est un fait que dans aucun pays musulman la liberté religieuse n’est vraiment respectée sauf bien sûr s’il s’agit pour un non-musulman de devenir musulman mais dans l’autre sens, vous le savez bien, c’est quasi impossible. Joseph Fadelle et bien d’autres en connaissent le prix à payer. En France, la situation est peut-être moins dramatique mais la pression communautaire ou familiale est telle qu’un(e) musulman(e) pour se convertir devra le plus souvent rompre les liens avec sa famille et changer de domicile.

Vous n’ignorez pas que l’UOIF, lors des discussions pour la création du CFCM, a refusé la demande du Ministère de l’Intérieur de mentionner le droit pour tout musulman de quitter l’islam pour adhérer à une autre religion.

Ce n’est donc pas seulement sociologiquement qu’il est « plus facile pour un chrétien de devenir musulman que pour un musulman de devenir chrétien » mais religieusement.

La démission de l'Eglise

La difficulté pour ces convertis venant de l’islam n’est pas non plus absente du côté de l’Eglise de laquelle ils attendraient légitiment accueil et soutien. Trop souvent on leur fait comprendre que leur conversion est un obstacle au dialogue islamo-chrétien et qu’il vaut mieux pour eux de rester discrets. N’est-ce pas là en fait le signe du caractère souvent biaisé dudit dialogue. Il semblerait que la tâche du dialogue l’emporte sur la mission d’évangélisation. Jésus n’a-t-il pas confié comme mission première aux Apôtres, et donc à l’Eglise entière, d’aller par toutes les nations pour en faire des disciples et les baptiser. Il ne s’agit pas d’abandonner le dialogue, qui n’a pas pour objet premier la conversion, mais de rappeler le caractère primordial de l’évangélisation. Le pape Benoît XVI dans son message pour la journée mondiale (15 janvier 2012) du Migrant et du Réfugié affirmait : «Le phénomène migratoire actuel est également une occasion providentielle pour l’annonce de l’Évangile dans le monde contemporain. Des hommes et des femmes provenant de diverses régions de la terre, qui n’ont pas encore rencontré Jésus Christ ou ne le connaissent que de façon partielle, demandent à être accueillis dans des pays d’antique tradition chrétienne. Il est nécessaire de trouver à leur égard des modalités adéquates afin qu’ils puissent rencontrer et connaître Jésus Christ et faire l’expérience du don inestimable du salut, qui est pour tous source de « vie en abondance » (cf. Jn 10, 10).»

Dans son encyclique Redemptoris missio, le pape Jean-Paul II, précisait l’articulation entre dialogue et mission. Il rappelait notamment que « le salut vient du Christ et que le dialogue ne dispense pas de l’évangélisation » (n. 55) et que « Le dialogue doit être conduit et mis en œuvre dans la conviction que l’Eglise est la voie ordinaire du salut et qu’elle seule possède la plénitude des moyens du salut » (idem).

Il semble qu’en France nous soyons bien loin d’une telle annonce du Christ, unique Sauveur des hommes, aux musulmans.

Le dialogue demande la vérité

Enfin, on ne peut affirmer qu’une interpellation ferme et courtoise de nos interlocuteurs musulmans au sujet de l’intolérance de l’islam favoriserait l’islamophobie. Le dialogue demande la vérité et doit accepter d’aborder les vrais problèmes. Or il est évident que l’islam a un problème structurel avec la violence et la liberté religieuse parce qu’il s’enracine dans les textes fondateurs de l’islam et la pratique de Muhammad lui-même. Tant que les musulmans n’auront pas accepté de regarder en face ce problème, d’en discerner les racines et de réaliser les réformes nécessaires, ils ne pourront légitimement se plaindre d’être victimes d’islamophobie. Malheureusement trop souvent l’invocation de celle-ci est un prétexte pour ne pas regarder en face le problème. Ce terme est d’ailleurs souvent utilisé comme un refus de toute critique de l’islam. Cette question devrait être l’un des principaux sujets du dialogue islamo-chrétien sinon celui-ci risque de tourner en rond pendant longtemps.

Jean-Claude Bardin



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