Les banques islamiques
Deux point de vue opposés

Le point de vue de Ghazi Hidouci

Le point de vue de Mohammed Benali

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Pour respecter la Sharia qui interdit le prêt à intérêt,
les musulmans ont inventé un système économique original :
les banques islamiques.
Voici, sur le sujet, deux points de vue opposés.

Le point de vue de Ghazi Hidouci



Comment fonctionnent les banques islamiques ?

Je ne crois pas du tout aux banques islamiques. Elles font marcher le système! Les banques islamiques disent : « Nous ne faisons pas d'usure, nous faisons un service financier normal. Ca devrait être bon; sauf quelles disent : « nous ne prêtons qu'aux riches! »

Le fondement des banques islamiques est le suivant : pour ne pas faire le service financier spéculatif qui est interdit, je ne fais que des transactions dans lesquelles les deux parties prennent le risque. Donc je ne prends pas d'argent mais je mets une action dans ton affaire. Et si elle ne marche pas, nous sommes tous les deux perdants. Donc nous ne faisons pas de commerce et nous sommes tranquilles avec la religion. Sauf que les banquiers ont besoin d'une garantie. Ils ont besoin d'un Etat qui leur dise : « si ça ne marche pas, je prends en charge ». Or les banques islamiques, créées en Arabie Saoudite, se sont installées dans le système de la privatisation et non de l'Etat. C'est un peu l'islam rétrograde qui dit : « nous faisons notre affaire tout seuls ».

«Et comment faites-vous votre affaire tout seul ? Et si vous perdez votre argent?»

Eh bien, on ne perd pas son argent! Parce qu'on va prendre des hypothèques sur la mauvaise affaire. On va dire à celui avec qui on s'est associé, « je vais vous prendre des hypothèques sur un bien que vous possédez, par exemple votre maison  ». Donc les banquiers ne sont jamais perdants. Mais pour moi, ils n'ont rien d'islamique, rien de religieux. Et ces banques gagnent beaucoup d'argent parce qu'elles ont fini par ne faire que de l'immobilier, à Abou Dhabi ou ailleurs.

Elles essayent de s'implanter en France; en ce moment elles y font du lobbying. Elles sont déjà implantées en Grande-Bretagne. Et y a des raisons à cela : elles sont harmonieuses avec les pratiques de la plus grande place de spéculation financière du monde. En Arabie Saoudite, par exemple, elles n'accèdent pas au crédit interbancaire. Leurs fonds ne leur viennent que de ceux qui leur disent : « Nous sommes musulmans, nous mettons notre argent chez vous; nous ne voulons pas de spéculation, nous ne voulons pas toucher des intérêts. » Quand elles s'implantent en Europe, elles font du crédit interbancaire... et elles n'ont plus rien d'islamique ! Elles vont tirer de l'argent d'un système dit islamique pour le recycler dans le système occidental de transactions. Il n'y a pas de risques !

Le religieux leur dit : « Prenez le risque, vous ne connaissez pas le futur, il appartient à Dieu. » Et eux répondent : « On n'a pas pris le risque parce qu'on a fait une transaction mais on connaît le futur parce qu'on prendra la maison en otage. »


«Si moi j'arrive dans une banque islamique et que je leur demande de me donner de l'argent,
quelle hypothèque vont-ils me proposer?»

Si tu n'as que la maison que tu vas acheter et rien d'autre, alors ils ne te donnent rien. Ils ne donnent pas aux pauvres. C'est pour cela que je dis qu'ils ne prêtent qu'aux riches. Ils sont restés dans un système capitaliste avec des taux de rendement de 15% comme les autres. En plus, ils demandent maintenant de bénéficier des crédits peu chers dans le système normal, c'est-à-dire de spéculer sur l'argent, d'emprunter à 3% à la Banque Centrale.

«Et si moi, en bonne musulmane,
je mets mon argent dans une banque islamique, je ne touche rien?»

Tu ne touches rien et la banque islamique va utiliser ton argent comme n'importe quelle autre banque. C'est ça leur truc. Le truc c'est de toucher cet argent, parce que beaucoup de musulmans disent : « Il ne faut pas toucher d'intérêts. Dans une banque islamique je suis tranquille.  » Il met 100 et il reprend 100. L'art de vendre du vide !

Ghazi Hidouci



Le point de vue de Mohammed Benali



La vente à terme

Pour comprendre le système des banques islamiques, il faut d'abord parler de «  la vente à terme » : Tu as besoin d'une maison ; elle vaut 10000 euros. Je te l'achète et tu me rembourseras en 20 ans la somme de 13000 euros. On se met d'accord sur un prix. Ce n'est pas un prêt à intérêt ; on ne prête pas à taux fixe. C'est du commerce. Prêter à intérêt consiste à miser sur l'avenir. Ce n'est pas la même situation que dans le cas des banques islamiques où l'on se met d'accord sur un prix. Dans les banques, le taux change et je ne sais pas combien j'aurai payé dans 15 ans. En revanche, dans les banques islamiques, la maison est achetée par la banque et revendue avec un bénéfice. Ils n'ont pas besoin d'hypothèque puisqu'ils possèdent la maison en garantie.

On ne vend pas l'argent

Dans le système occidental, la banque donne l'argent et le notaire donne les papiers de la maison en garantie. La banque n'achète rien et ne vend rien. Dans le système islamique, c'est la banque qui achète. Elle revend avec un bénéfice ! C'est du commerce. Ce bénéfice à percevoir est étalé sur 20 ans. Quand une banque, dans le système occidental, apporte de l'argent, elle fait du bénéfice sur l'argent. On ne vend pas l'argent ; on vend un bien. L'interdiction de l'islam c'est de vendre ou d'acheter l'argent. Mais on peut faire du commerce : vendre un bien et faire un bénéfice sur la vente.

La participation ou le partenaria

Pour comprendre les banques islamiques, il faut aussi parler de « la participation » : Quelqu'un a un projet; il fait un plan de financement. Il crée une structure juridique et il lui faut 150 000 euros. Il n'a que 40% du financement ; la banque islamique apporte 60%. On appelle cela « participation » ou « partenariat ». Là, le risque est pris. Quand on crée une société, on fait des parts ; sur cent parts, la banque en possède 60. La banque islamique garde les parts dans la société. Elle reste propriétaire des parts de la société juridique. Les banques islamiques font de l'argent comme les autres mais elles ont rusé pour éviter le système des intérêts. En Arabie Saoudite,100% des sociétés sont financées par des banques islamiques.

L'intérêt d'une banque islamique, pour un musulman, c'est de pouvoir emprunter de l'argent sans intérêt et ainsi de respecter la sharia.

Les comptes d'épargne à participation

Parlons enfin des « comptes d'épargne » : les banques islamiques ne font pas de comptes d'épargne. Ils font des comptes d'épargne à participation. Ils t'incitent à participer sur un projet. On prend ton argent pour l'investir. A la fin de l'année la banque te présente le bilan de la société. Ce sont des « actions » : elles sont permises dans le système islamique. Mais on a l'assurance qu'elles ne sont pas investies dans l'armement ou dans une entreprise dont la finalité est immorale. On est associé à un projet dont on ne sait s'il va ou non me rapporter quelque chose.

Les banques n'ouvrent pas de compte d'épargne. Ils font des Comptes Courants. Tu reprends ce que tu as déposé. La banque prend des hypothèques pour garantir l'argent déposé. Je prends un exemple; je crée une société qui va fabriquer 100 000 camions à exporter, en Arabie Saoudite. La banque garde la main sur les camions. Elle garantit ainsi l'argent des petits investisseurs.

Il faut souligner que la banque reçoit l'argent, investit et fait sortir la zakat. Cet argent va aux pauvres.

Mohammed Benali



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