La révélation en islam
Saad Abssi et Mohammed Benali
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L'impression qui émane d'une lecture du Coran par les chrétiens
est que son information concernant le christianisme est très pauvre et souvent inexacte".
Ainsi s'expriment les évêques de France dans une note publiée le 11 février 2008.
Regrettons qu'ils n'aient pas ajouté qu'en écoutant les musulmans parler de leur Livre,
on découvre leur conviction: Dieu parle, Dieu se révèle.





Dans l'Arabie du 6ème siècle finissant

Musulmans ou musulmanes nous sommes toujours impressionnés lorsque nous entendons psalmodier le Coran. Ce livre est pour nous « la Parole de Dieu » inscrite dans la langue arabe de toute éternité.

Le Livre est venu dans l'histoire par les lèvres d'un homme, Mohammed. Dans l'Arabie du 6ème siècle finissant, ce membre influent de la tribu des Qorayshites, menait une vie spirituelle intense. Il avait coutume de se retirer pour se recueillir à l'écart de la ville où il demeurait ; il quittait fréquemment sa demeure pour faire retraite dans une grotte, au Mont-Hira, au nord ouest de La Mecque. Très vite il traversa des crises que les mystiques, dans toutes les traditions religieuses, connaissent bien : tourmentes, angoisses, tremblements. « Couvrez-moi », disait-il, lorsqu'il traversait de telles épreuves. La crise atteint son comble un certain jour : « Le début de la révélation ce fut la vraie vision et elle venait comme le surgissement de l'aube » ; Aïcha rapporte en ces termes le témoignage qu'elle a reçu de son mari.

Cette vision s'est accompagnée d'une voix : « Tu es l'Envoyé de Dieu! ». La tradition nous dit que Mohammed fut profondément troublé par ces événements. Il fut aidé par son épouse Khadidja  ; celle-ci lui permit de comprendre et d'accepter sa vocation de Prophète au sens où l'entend l'islam : celui qui prononce les mots de Dieu lui-même.

Un texte scandé par des impératifs

Le texte du Coran est scandé par des impératifs : « Dis », « parle  », « propose leur la parabole». Le premier mot entendu est « Iqra  », c'est-à-dire « lis » (cf. Sourate XCVI). La racine est la même que celle qu'on trouve dans le terme « Coran » qu'on peut traduire par « lecture  ». Tout au fil de son histoire personnelle, au gré des circonstances, Dieu faisait connaître sa volonté à son Envoyé ; un secrétaire notait soigneusement les propos entendus sur des supports les plus divers : papyrus ou omoplates de chameau par exemple. Plus tard, sous le califat d'Uthman, (644-656), les textes qui, dans les années suivant la mort de Mohammed, étaient récités et connus par coeur, furent rassemblés et classés en fonction des dimensions des recueils ; mis à part le texte d'ouverture (« Fatiha »), les différents chapitres - on les appelle des « sourates » - sont en ordre décroissant : la sourate II contient 286 versets (ayat). La dernière (CXIV) n'en compte que six.

Les périodes s'entrecroisent

Lorsqu'on lit le Livre de manière continue on a du mal parfois à suivre un sens qui soit constamment évident. En effet les fragments réunis renvoient à des situations différentes de la vie du Prophète. Tout un travail de lecture, rendu nécessaire pour les besoins de la compréhension, a abouti, dès les premiers siècles de l'Hégire, à distinguer deux types de versets qui s'entrecroisent. Ils correspondent aux deux périodes où la Parole de Dieu est descendue de façon directe sur celui qu'Il avait choisi. On distingue,en effet, la période mecquoise (612 à 622) et la période médinoise (622-632). Les versets de la première ont une allure révolutionnaire. Ils s'adressent aux riches familles de La Mecque dont les possessions sont une injure faite aux pauvres. A ceux qui exploitent le peuple, Dieu par son Prophète, dans un style vif et violent, annonce un jugement final: «Quand il sera soufflé dans la trompe, Ce sera là un jour horrible, intolérable aux ingrats  » (LXXXIV, 8-10). Les textes de la période médinoise ont un autre ton. On y trouve les normes qui régissent la vie de la nouvelle cité islamique ; ils contiennent les règles juridiques concernant le statut des personnes: mariages, litiges, procès, héritages, esclavage. Ils précisent les règles du culte et de la prière. Il légifèrent également sur l'usage de l'argent et de l'usure, sur la guerre et la vie militaire.



Le livre et la vie du Prophète

Ces deux périodes correspondent aux deux grandes étapes qui constituent la vie du Prophète de l'islam. Des travaux récents ont affiné ces distinctions et des historiens sérieux peuvent reconstituer avec assez de précision le déroulement de la vie de Mohammed en retrouvant l'ordre dans lequel les versets furent prononcés. Ce constat fait contraste avec la foi musulmane concernant le Livre Saint. Celui-ci est le reflet d'une histoire contingente, mais en même temps il existe de toute éternité auprès de Dieu.

Le livre, l'éternité et l'histoire

Le 10ème siècle de l'ère chrétienne a vu s'affronter deux écoles de pensée. Un courant, s'appuyant sur la raison, prétendait que puisque l'intelligence humaine peut se pencher sur lui, le texte fait partie de la création. Il s'est affronté à des adversaires qui ont imposé la foi au Coran incréé. Ces derniers n'avaient pas de mal à trouver des arguments dans le texte lui-même qui parle d'un « Livre matriciel » (Umm al kitab) dont les mots qu'on a aujourd'hui sous les yeux sont la dictée parfaite. Il se trouve sur une « Table bien gardée » (« La Mère du Livre se trouve auprès de lui » XIII, 39). Dieu l'a fait « descendre » : ce verbe est un mot clé pour dire la venue de la révélation (« Louange à Dieu qui a fait descendre le Livre sur son serviteur  » XVIII, 1). Lors de son ascension dans le ciel, le Prophète eut la vision de quelques uns de ces versets (« ayat ») : « Gloire à celui qui fit voyager son serviteur la nuit, de la Sainte Mosquée à la mosquée très éloignée dont nous avons béni les abords afin de lui montrer certains de nos signes » (XVII, 1).

Comment concevoir l'articulation entre le Livre éternel et le déroulement des événements très singuliers dont nous sommes, à la suite de Mohammed, les acteurs et les témoins, au fil des jours, au fil des siècles ? Les musulmans répondent que l'Ecriture déposée auprès de Dieu sur « une table bien gardée » n'est rien d'autre que le récit de l'histoire humaine tout entière dont le Coran est un fragment. C'est dire que la vie humaine, pour le lecteur du Coran, est prédéterminée. Rien de ce qui arrive à un individu n'échappe à Dieu ; à chaque instant, Dieu crée ce qui survient et ce qui survient est écrit de toute éternité. On traduit en français par le mot « Destin  » l'expression coranique (« Qadar ») qui désigne ce rapport entre l'Ecriture, la vie humaine La  sourate XCVIII associe les deux thèmes : destin et révélation (« nous l'avons fait descendre ce Livre la nuit du Destin » ; XCVII).

Le Coran et la Bible

En descendant sur son serviteur, au 7ème siècle de l'ère chrétienne, le Coran se réfère aux révélations antérieures, juives et chrétiennes, qui sont abondamment citées. La création d'Adam ne ressemble pas à celle que rapporte le récit biblique mais il est bien le premier homme, le père de l'humanité entière, le Calife de Dieu, exerçant la maîtrise que son créateur lui confie. On lui transmet la connaissance des « noms » pour qu'il soit capable de désigner ce qui compose l'univers. L'histoire de la chute, quant à elle, ressemble à celle de la Genèse avec cette différence qu'Eve n'y joue pas le rôle pervers qui lui est attribué dans le Pentateuque. Les conséquences de leur faute ne sont pas transmises à leurs descendants. Abraham est une figure importante : le Livre parle de lui dans vingt-cinq sourates. Il restaure le monothéisme à l'état pur, celui des origines, se soumettant entièrement à la volonté de Dieu. En ce sens, il est le premier vrai musulman (ce mot signifie « soumis »).

Abraham n'a pas à être monopolisé par les chrétiens ni les juifs : «  Abraham n'était ni juif ni chrétien mais il était un vrai croyant, soumis à Dieu » (III, 67). On l'appelle « l'ami de Dieu » (Khalil). Moïse est le personnage biblique auquel le Coran se réfère le plus souvent : 236 occurrences ! On montre en lui l'homme qui est comme l'archétype du Prophète de l'islam : incompris du Pharaon comme Mohammed chez les puissants de La Mecque, acculé à l'Exode comme le Prophète de l'islam à la fuite (Hégire). La résistance des hébreux, dont parle la Bible, ressemble assez aux incompréhensions rencontrées lors de la prédication coranique.

Jésus dans le Coran

Jésus, tel que le Coran en parle, marque beaucoup la piété musulmane. Il est à noter cependant que son nom n'est pas celui que lui donnent les arabes chrétiens: les musulmans l'appellent Issa, fils de Maryam et les chrétiens disent Yeshoua. Certes, il est né miraculeusement et la virginité de sa mère est honorée. Mais les récits de sa naissance ne correspondent pas à ceux qu'on trouve dans les Evangiles des chrétiens. Il est le souffle de Dieu et la parole de Dieu. Il a reçu un Evangile (Injil) que les chrétiens ont modifié (« les pervers ne jugent pas d'après ce qu'il a révélé  »). Les chrétiens, en effet, ont « altéré » le message. Ils ont fait de lui un fils de Dieu (IX, 30). Ils se sont rendus coupables de polythéisme en parlant de Trinité, une trinité qui, d'ailleurs ne correspond pas à celle que prêche l'Eglise puisqu'elle est composée de Dieu, de Jésus et de sa mère (IV, 171 ; V, 73 et 116). Notons au passage qu'il s'agit des juifs et des chrétiens que côtoyait Mohammed. Ces passages ne portent pas atteinte au respect que les musulmans doivent aujourd'hui aux Gens du Livre.
Enfin Jésus, puisqu'il est l'ami de Dieu, ne peut être mort sur la croix (IV, 157). En réalité, la destinée de Jésus est pareille à celle de ses devanciers. Il vient communiquer la vérité dont l'humanité a besoin pour aller vers son salut. Le message est transformé par les hommes. Jésus est venu "comme une miséricorde pour les enfants d'Israël, mais ils ne l'ont pas reconnu ». Il a redressé les erreurs des Israélites ; en particulier il a modifié les interdits que les Juifs avaient introduits.
C'est pourquoi Dieu a envoyé Mohammed. Ainsi le Livre se présente comme le terme définitif de la révélation en même temps que son commencement puisqu'il rétablit la vérité des origines communiquée à Adam.



Les Gens du Livre

Il est beaucoup question des juifs et des chrétiens dans le Coran où ils sont désignés comme « les Gens du Livre ». Bien qu'ils soient considérés comme des déviants par rapport au message éternel, on peut vivre avec eux et épouser leurs femmes. On dit des chrétiens que Dieu a versé dans leur cSur « douceur et miséricorde ». Même si la vie monastique est invention humaine et non prescription divine, même si certains moines ont vécu de façon répréhensible, le Coran reconnaît dans le monachisme la volonté d'être agréable à Dieu. Malgré leurs erreurs, contrairement aux polythéistes, « les Gens du Livre » ont leur place dans la société islamique, à condition de verser une taxe en échange de la protection qu'on doit leur accorder.

La révélation, en islam, ne se réduit pas au livre du Coran. L'islam, en se répandant à travers le monde, s'est trouvé face à des civilisations dont les coutumes étaient inconnues à Médine.
Les terres irriguées par le Nil et l'Euphrate, par exemple, entraînaient un genre de vie qui n'était pas celui des populations d'Arabie à qui s'adressait le Coran. Ceci déclencha une activité réflexive intense  ; pour s'adapter à la réalité tout en se soumettant à la volonté de Dieu, on recourut aux paroles et aux comportements du Prophète dont les compagnons gardaient le souvenir. Le mot « ijtihad » désigne ce travail de réflexion et le mot « sunna » désigne la tradition qui remonte aux temps de la révélation du livre ; elle est considérée comme deuxième source de la loi coranique.

Ijtihad !

Une science juridique se mit alors en place : les spécialistes de la sunna manièrent également le raisonnement par analogie et considérèrent que le consensus des savants sur un point était également une garantie de bonne interprétation. Ainsi, autour de quatre écoles différentes se constitua un corpus législatif qu'on appelle sharia. Au milieu du 10ème siècle on considéra que ce travail juridique sur le texte était achevé. On parle de « fermeture des portes de l'ijtihad ». Il revenait alors aux spécialistes du droit (fiqh) d'apprécier la conformité d'un comportement avec les prescriptions de la sharia.
En même temps que ce travail législatif, on commentait le texte du Coran lui-même. Deux mots désignent ce type d'activité : tafsir et tawil. Le « tafsir » est une explication du texte verset par verset pour en fixer le sens en se référant aux témoignages de la tradition ; ce faisant, on s'efforce de ne pas trahir le message en insérant une manière de comprendre personnelle. En revanche le « tawil » est un effort pour éclairer les passages obscurs, faire apparaître un sens caché et interpréter ce que les grammairiens appellent des métaphores. En réalité, par le tafsir plus que par le tawil s'est constituée ce qu'on appelle parfois l'orthodoxie sunnite.

Relire la révélation

Un courant « réformiste » a vu le jour au tout début du 20ème siècle avec des hommes comme El Afghani et Mohammed Abdu. Ils voulurent réinterpréter le Coran et la tradition, réclamant « la réouverture des portes de l'ijtihad ». Il s'agissait de relire la révélation à la lumière des notions impliquées dans la modernité : démocratie, nationalité, rationalisme. Cette relecture a contribué à la prise de conscience des méfaits de la colonisation et à la lutte pour les indépendances. Aujourd'hui le mouvement réformiste se déploie en deux sens contradictoires. Si les uns et les autres sont d'accord pour déplorer le poids des siècles et de la tradition, si les uns et les autres veulent redécouvrir la jeunesse et la vigueur du texte révélé, ils divergent néanmoins sur la manière d'articuler l'histoire présente sur la Parole de Dieu entendue aux origines de l'islam.

Les uns insistent sur la souveraineté de Dieu à laquelle il faut se soumettre ; il s'agit de retrouver une cité musulmane épurée des scories de la modernité. On appelle jahilyya la période qui précédait l'apparition de l'islam ; celle-ci est réapparue avec les sociétés de type occidental et les pays musulmans ont eu le tort de s'inspirer des modes de gouvernement prétendus démocratiques puisque le Coran ne veut reconnaître d'autre pouvoir que celui de Dieu. Pour des penseurs comme Sayyid Qutb, un intellectuel condamné à mort par Nasser en 1966, les musulmans, au coeur de la modernité, doivent retrouver l'ardeur des premiers compagnons de l'époque mecquoise : ils travaillaient pour qu'advienne la vraie société voulue par Dieu et dont Médine est le modèle. Certes, ce courant a sa grandeur ; il est porté par un souffle mystique qui séduit beaucoup les jeunes. Mais il a ouvert la porte au salafisme et à tous les excès que l'on déplore aujourd'hui.

Le Coran dans la modernité

A l'inverse de cette relecture qui veut ignorer les sciences humaines d'aujourd'hui et ne s'appuyer que sur la foi, des intellectuels pensent que le musulman gagne à appliquer, sur le texte sacré, les méthodes historiques ou les méthodes littéraires contemporaines, telles que la linguistique ou la sémiotique. On fait remarquer par exemple, que le texte s'adresse à une communauté humaine bien située dans l'histoire. Certes, le Coran fait reculer la barbarie, reconnaît des droits aux femmes mais un historien n'a pas de mal à reconnaître que la parole s'adresse à une société de type patriarcal qui ne peut pas renaître aujourd'hui. Le Coran, par exemple, recommande de bien traiter les esclaves : faut-il ressusciter l'esclavage ? Les chrétiens que l'on côtoie aujourd'hui ne ressemblent pas à ceux que le Prophète a rencontrés. Faut-il prendre le Coran à la lettre et les soumettre systématiquement à un impôt ? Ne vaut-il pas mieux les considérer comme des citoyens à part entière ? La linguistique fait remarquer qu'un texte suppose à la fois un destinateur et un destinataire. Le destinataire d'aujourd'hui n'est pas celui de l'Arabie du 7ème siècle. Il faut bien en tenir compte si on veut recevoir le message de Dieu dans le contexte d'aujourd'hui.



Le Coran et l'orthodoxie

Il faut reconnaître que ces intellectuels ne sont pas toujours bien reçus par les gardiens officiels de l'orthodoxie : les « oulamas ». Le mot signifie « savants ». Leur origine remonte à la naissance de l'islam ; ils étaient, dans l'ancienne société islamique, considérés comme les spécialistes du droit et les vrais connaisseurs de la religion. A ce titre, ils jouissaient, dans le passé, d'un grand prestige. Aujourd'hui le collège d'Oulamas le plus considéré est celui de l'université islamique d'Al Azhar, au Caire. Certains « oulamas » ont un prestige particulier et leur parole est prise au sérieux par les musulmans dans le monde entier.

On trouve ces savants aux côtés des hommes de pouvoir, en principe pour apprécier dans quelle mesure les décisions prises sont en conformité avec la sharia et avec la tradition. On leur reproche souvent, aujourd'hui, leur conformisme et leur traditionalisme étroit. Les mauvaises langues les soupçonnent d'être manipulés par ceux qu'ils devraient conseiller. On connaît l'épisode navrant de l'histoire du roi Faruk, au moment où on le poussait à abdiquer, au tout début des années 1950. Il pressa les Oulamas d'attester qu'il était descendant du Prophète et, à ce titre, intouchable ! Avouons qu'ils ne sont que très rarement en situation de parler librement. Ils exercent leurs fonctions, très souvent, dans des régimes non démocratiques et s'ils n'appuient pas le pouvoir en place, ils se condamnent à l'exil ou à la mort.

Les musulmans et leur Livre

On ne peut réduire l'approche du Coran à ces systèmes de lecture. Certes, l'islam s'est institutionnalisé et, à ce titre, l'interprétation du Livre donne prise à la polémique. Mais, en réalité, l'islam n'a pas de clergé et chaque croyant est seul dans la dévotion qu'il porte à son livre. La parole de Dieu n'est pas seulement contenue dans des pages écrites ; elle est mémorisée dès la petite enfance ; elle retentit cinq fois par jour dans la prière. Elle est répétée dans les conversations les plus diverses : ainsi Dieu, dans la conscience croyante, est-il au rendez-vous de toutes les activités. Il est fréquent que des musulmans se réunissent pour réciter ensemble les sourates qu'ils connaissent par coeur; par-delà le sens de ce qu'ils prononcent ils font entendre cette conviction que, par sa parole, Dieu est présent.
On raconte l'histoire de certains mystiques qui demeuraient des jours entiers sur le parvis de la Mosquée de La Mecque en psalmodiant le Coran pour que leurs vies soient pénétrées de Dieu lui-même. Les mosquées sont pleines, les soirs de ramadan, et le texte révélé tout entier est réentendu au fil du mois par les musulmans convaincus.
Même les musulmans plus tièdes vouent un grand respect pour le Livre. Ils veillent à ce que rien de profane ne soit posé sur lui. C'est souvent un élément de décoration dans les maisons. L'immense respect de tous s'exprime aussi par l'amour de la langue arabe qui est véritablement à leurs yeux et à leurs oreilles la langue de Dieu.

Le Dieu qui parle est aussi le Dieu qui crée. Le livre est comme le monde  : un don du créateur. On aime le Livre comme on aime la vie. Loin des commentaires savants, le comportement quotidien du musulman s'efforce d'en témoigner.

Saâd ABSSI et Mohammed BENALI




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