L'Eglise et le pouvoir
Michel Jondot
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En évoquant le rôle de la papauté dans l'histoire de l'Occident,
on se rend compte que le christianisme
a influencé la vie politique de deux façons différentes.
Autre est le rôle de la papauté qui a affronté le pouvoir séculier ;
autre est l'action des saints qui ont su inventer
des manières de vivre inspirées de l'Evangile et adaptées à leur temps.


Un personnage étrange?

Aux yeux de l'islam, le Pape est un personnage étrange. Aucun Chef d'Etat n'oserait se présenter affublé de pareils vêtements. Que représente cet homme vivant dans le palais sans doute le plus luxueux de l'Europe? On comprendrait que, pendant les cérémonies, en tant que chef religieux, son habillement le distingue. Mais pourquoi ne le voit-on jamais semblable aux autres vivants ? Comment comprendre que les personnalités politiques les plus en vue viennent le rencontrer au Vatican et que la plupart des pays entretiennent avec lui des relations diplomatiques ? Les catholiques de France prétendent que l'Eglise n'est pas une force politique mais leur chef a des allures d'Empereur ! Comment croire, quand on voit s'étaler la pompe pontificale, que pouvoir et religion, en christianisme, sont distingués ?

Il est bien vrai qu'en réalité, le rapport du monde chrétien au pouvoir politique n'est pas enfermé dans une formule définitive qui correspondrait à la volonté explicite de Jésus. La personnalité du Pape, son rôle dans le cours des événements de notre temps, est un rappel vivant de l'histoire de l'Europe et des variations constantes du rapport entre la papauté, la vie chrétienne et le pouvoir des Etats.

A en croire les Evangiles et les écritures chrétiennes, Jésus aurait structuré une toute première communauté constituée de douze hommes qu'on appelle « les apôtres ». Il aurait désigné l'un d'entre eux comme leur responsable : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ». D'après les catholiques, les apôtres auraient transmis la charge confiée par Jésus à des hommes qu'on appelle « les évêques  » ; ceux-ci, de génération en génération, se sont considérés comme leurs successeurs. L'un d'entre eux a toujours exercé, dans la tradition catholique, la fonction confiée à Pierre ; c'est lui que désigne le mot «pape».

L'Eglise à ses débuts

Pendant les premiers siècles de l'Eglise, le groupe des apôtres et de Pierre d'abord, celui des évêques et du successeur de Pierre ensuite, sont entrés en conflit avec les pouvoirs en place. En prêchant l'Evangile dans les synagogues, ils se heurtaient aux autorités du monde juif. En se répandant à travers le bassin méditerranéen, ils se heurtèrent à l'Empire. Pierre fut éxécuté à Rome sous le règne de Néron, mis à mort avec des centaines d'esclaves juifs. Le christianisme, en effet, a pris naissance dans le monde des exclus. Pendant plus de trois siècles, la Communauté chrétienne a vécu dans la clandestinité ; les premières générations étaient livrées en pâture aux bêtes sauvages, dans les jeux du cirque. Les persécutions sont nées du refus des chrétiens de considérer comme divin le pouvoir de l'Empereur. L'unité romaine se maintenait du fait que le pouvoir était considéré comme sacré. Tout refus de cette divinisation était considéré comme sacrilège et crime d'Etat.

Une Eglise constantinienne

Une véritable révolution s'est produite en l'an 313, avec la conversion de l'Empereur Constantin. Commençait une période où la religion se réclamant de Jésus allait se confondre avec le pouvoir politique. Devenu chrétien, l'Empereur cessait de se considérer comme dieu. Néanmoins, il se considérait comme choisi par Dieu pour régenter le peuple chrétien. Soucieux de sauver l'unité, il organise l'Empire en cinq provinces (Antioche, Jérusalem, Alexandrie, Byzance et Rome) à la tête desquelles présidait un évêque, appelé patriarche. L'Evêque de Rome était considéré comme le successeur de Pierre. A ce titre il a toujours joui, dans l'antiquité, d'une autorité particulière. Aucune décision ne fut prise sans lui, concernant le dogme et la morale.

En 395, l'Empire était séparé en deux : Rome et Byzance, la ville de Constantin. Quelques décennies plus tard (476), la capitale de l'Empire d'Occident tombait sous les coups des barbares ; l'unité s'effritait mais l'évêque de Rome demeurait dans l'ancienne capitale et sa primauté sur l'Eglise s'en trouvait renforcée ; il demeurait pour tous le symbole d'une unité à la fois perdue et désirée. Lors d'un Concile, à Constantinople, en 681, le pape était absent. Il fit parvenir son opinion par des émissaires. Son texte mit fin aux hésitations. A l'unanimité les évêques se mirent d'accord en disant : « Pierre a parlé». Ainsi était reconnu le fait que l'évêque de Rome succédait au Chef des apôtres.

Le pape en rivalité avec les puissants

L'Europe est sortie de l'anarchie provoquée par les grandes invasions au fur et à mesure que celui qui prenait le pouvoir sur un territoire adhérait à la religion chrétienne. En recevant le baptême à Reims, des mains de l'évêque Rémi, Clovis en 496 faisait naître la France : ce moment de l'histoire est exemplaire de la façon dont sont nés les différents pays occidentaux qui composent aujourd'hui l'Union Européenne : le pouvoir des Etats s'appuyait sur l'Eglise. Les princes se sont servis des évêques pour que soit sacralisée leur fonction. Autour de l'évêque de Rome se constituaient les Etats Pontificaux. Le successeur de Pierre se trouvait alors dans une étrange position. En tant que Chef d'Etat, il entrerait en rivalité avec les rois, les princes et les empereurs. En tant que responsable de l'Eglise, il aurait à veiller sur la fidélité à la doctrine et la morale dans chacun des différents pays. La suite des siècles sera une succession de conflits entre les pouvoirs politiques et le pouvoir que le Souverain Pontife considère devoir exercer sur l'Eglise universelle pour maintenir l'unité de la foi.

1517 : le pouvoir de Rome est contesté

La plus douloureuse des difficultés qu'ait eu à connaître la Chrétienté, en Occident, est sans doute celle qui vit le jour en Allemagne en 1517. Un moine, Martin Luther, affiche 95 thèses pour contester le pouvoir de Rome ainsi que la corruption de l'Eglise et du clergé. Un vaste mouvement de «  Réforme » accompagné de violences envahit l'Europe. En Allemagne de nombreux princes profitent des troubles pour s'affranchir du Pape et adopter la nouvelle religion chrétienne, le protestantisme, non seulement pour eux mais pour tous leurs sujets. En Angleterre, Henri VIII promulgue ce qu'on appelle « l'acte de suprématie » qui fait du roi et de ses successeurs « le chef unique et suprême de l'Eglise d'Angleterre  ». En France, la conscience nationale est pour longtemps encore marquée par les massacres de la St Barthélemy, le 24 août 1572, dont environ 10 000 protestants sont victimes.

Les raisons de l'apparition du protestantisme, sans doute, sont complexes. Toujours est-il que ce qu'on appelle « les guerres de religion » manifestent que l'unité, à l'intérieur de chacun des pays européens, pendant longtemps, ne s'est maintenue que dans la mesure où le pouvoir séculier tenait sous tutelle la religion chrétienne, sous sa forme catholique ou protestante.

La religion faisait les citoyens

Ceci permettait d'avoir une vie commune et un esprit commun. La religion a scandé le temps avec le rythme des dimanches et des fêtes. Elle a fixé des normes morales évidentes pour tous, en particulier à propos des mariages, du respect de la vie, du travail ou de la propriété. La fidélité et l'unanimité religieuses étaient les facteurs d'unité nationale que tout roi, tout prince avait pour charge de favoriser. La religion faisait les citoyens. Quand un roi est catholique, ses sujets sont bons citoyens dans la mesure où ils sont bons paroissiens. C'est la raison pour laquelle juifs et musulmans avaient été chassés d'Espagne. En France, l'édit de Nantes (1598) promulgué par Henri IV avait tenté une certaine cohabitation entre catholiques et protestants. Il est révoqué par Louis XIV en 1685 : un pouvoir personnel s'accommode mal d'un pluralisme idéologique. Il faudra attendre la révolution de 1789 pour que les protestants soient considérés comme citoyens à part entière.

La révolution française : un tournant

En effet la dissociation entre citoyenneté et appartenance religieuse s'opérait dans le texte même de la « Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen » adopté le 26 août 1789 : « Nul ne peut être inquiété pour ses opinions même religieuses ». Désormais la citoyenneté en France n'était plus dépendante de l'appartenance à l'Eglise romaine. On pouvait être juif ou protestant et jouir des mêmes droits que les catholiques. Les notions de liberté individuelle et de démocratie, progressivement bien que souvent de façon conflictuelle, se substituaient à la foi traditionnelle pour forger la conscience nationale. On appelle «  sécularisation » cette séparation entre l'Eglise et l'Etat qui n'a plus besoin du religieux pour s'imposer. Le clergé perdait progressivement son emprise sur les institutions et les esprits. Par exemple, on lui retirait la gestion des mariages en imposant la célébration civile avant toute cérémonie religieuse. La morale conjugale s'en trouvait affectée : l'Etat rendait possible le divorce, rendant légal ce que l'Eglise et la papauté considéraient comme immoral. Cette sécularisation, née en France, s'est vite étendue, sous des formes diverses, à toute l'Europe, au cours du XIXème siècle, y compris aux Etats Pontificaux qui échappaient au pouvoir du Pape au fur et à mesure que se forgeait l'unité italienne.

On comprend que voyant son pouvoir politique lui échapper, la Papauté ait, dans un premier temps, réagi de façon négative. En 1864, au moment où la Ville de Rome demeurait la dernière possession pontificale, le Pape Pie IX publiait le « Syllabus » : un catalogue condamnant les idées modernes. Présentant l'Eglise comme le modèle des sociétés à cause de sa structure hiérarchique préservant les Droits de Dieu, le Pontife romain détruisait les idées de progrès, de liberté, de démocratie et de République. Son successeur, Léon XIII, revenait sur ces positions qu'il considérait comme trop rigides et conseillait, en 1892, aux catholiques de se rallier à la République.

La séparation de l'Eglise et de l'Etat

Dès lors, en France, deux courants se dessinaient. D'une part de nombreux catholiques s'ouvraient à la modernité  ; ils étaient particulièrement attentifs à la question sociale consécutive à l'industrialisation. On parlera plus tard à leur propos de « Démocratie chrétienne » En revanche, de nombreux prêtres et fidèles refusèrent de se rallier. Leur résistance, par contrecoup, fit naître un anticléricalisme farouche dont l'Eglise de France allait faire les frais. Le 9 décembre 1905 le Parlement votait la Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat. Elle est l'acte de naissance de la laïcité. La vie religieuse n'avait plus droit de cité, refoulée dans la vie privée. Toute influence, au niveau national, était retirée au clergé, en particulier sur la jeunesse. Surgissait la question de l'école qui devait demeurer brûlante jusqu'à une date récente.

Le Pontife romain, Pie X, manifestait alors son hostilité et les relations entre l'épiscopat français et le gouvernement s'en trouvèrent fortement affectées. Il fallut attendre l'année 1923 pour que soient acceptées les «  associations cultuelles » ; celles-ci permettent aujourd'hui que chaque évêque, en son diocèse, se sente autonome par rapport aux autorités civiles. Quelques années plus tard, en 1929, Pie XI accédait à une réelle indépendance par rapport à tout pouvoir politique en signant « les accords du Latran ». Il reconnaissait Rome comme capitale de l'Italie. En échange, les 44 hectares du Vatican devenaient un Etat souverain mais purement symbolique.

Une double hiérarchie dans l'Eglise

Ce trop bref survol historique laisse deviner le jeu du pouvoir à l'intérieur duquel le christianisme a été pris. Il ne doit pas masquer que l'histoire des églises en Europe ne s'y réduit pas. Un théologien - le Père de Montcheuil - parlait, il y a quelques décennies, d'une double hiérarchie dans l'Eglise : celle des clercs, (prêtres, évêques et pape) d'une part et d'autre part celle des saints dont l'Europe d'aujourd'hui est aussi l'héritière. La modernité a été préparée au fil des siècles et les disciples de Jésus y ont joué un grand rôle.

On reproche à l'Eglise son obscurantisme à propos de l'affaire Galilée ; en réalité, la raison humaine aurait-elle pu se développer en Occident si Thomas d'Aquin n'avait distingué celle-ci de la Révélation ? Grâce à lui la philosophie s'est dégagée de la théologie. La liberté, si chère aux héritiers du siècle des lumières, aurait-elle pu trouver son expression si elle n'avait été précédée des débats sur la grâce où les mystiques faisaient la découverte de la liberté spirituelle dans l'acte de foi chrétienne. L'exposé n'a pas fait apparaître le pouvoir de l'argent dans l'évolution de la société  ; un François d'Assise, au XIIIème siècle, puisait dans l'Evangile la force de résister à la poussée du capitalisme naissant ; il faisait de la solidarité avec les pauvres l'idéal de sa vie. Aurions-nous les Droits de l'Homme si en France, au siècle de Louis XIV, Vincent de Paul n'avait pris la défense des galériens et promu le respect des exclus ou des malades ? N'est-ce pas Jean-Baptiste de LA SALLE qui lutta contre l'analphabétisme des enfants dans les populations défavorisées ? Il milita pour la gratuité de l'enseignement deux siècles avant Jules Ferry.

La fin de l'anticléricalisme

Le XXème siècle fut celui des idéologies totalitaires : le nazisme et le communisme tout particulièrement. On regrette la timidité de Pie XII devant la politique d'extermination juive. Prenons garde d'oublier le courage évangélique de Pie XI qui a condamné, avec clarté, l'antisémitisme hitlérien comme le totalitarisme soviétique ; ce faisant, il se manifestait libre de toute compromission politique.

Dans le même temps, en un siècle où la laïcité les obligeait à prendre leurs distances par rapport aux pouvoirs en place, les chrétiens redécouvraient la saveur de l'Evangile et la liberté spirituelle. Sous l'impulsion de l'Action Catholique ils en sont venus à cesser de lutter contre un anticléricalisme et un laïcisme grandissant pour être « au coeur des masses », au coude à coude fraternel avec tous, par-delà tous les clivages politiques, là où les pouvoirs en place écrasaient les libertés. Pendant la Résistance au nazisme, des églises protestantes, se constituant en « église confessante », se sont opposées à Hitler jusqu'à y laisser leur vie. En France, un poète athée, Aragon, s'est plu à chanter le lien entre « Celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas » lorsqu'il fallait courir le risque de mourir pour sauver la liberté.

Dans un occident sécularisé et laïcisé

Le Concile Vatican II (1962-1965), convoqué par Jean XXIII (« le bon pape Jean » comme on l'a appelé) permettait de sortir définitivement et officiellement d'une Eglise qualifiée de constantinienne. Celle-ci voulait redécouvrir sa vocation première et se redéfinir dans un Occident sécularisé et laïcisé. Désormais elle ne se considère plus comme une société parfaite dont la structure hiérarchique permet d'honorer les Droits de Dieu. Elle se présente comme « peuple de Dieu », reconnaissant à tous les baptisés et non seulement à la hiérarchie une tâche à accomplir quitte à l'inventer pour faire grandir la paix, la justice et le respect des droits de la personne humaine. Elle prend ses distances, en tant qu'institution, par rapport à ce qu'elle appelle « les réalités terrestres » dont elle proclame « l'autonomie ». Elle cesse de se présenter comme le tout de l'histoire et du monde pour s'ouvrir sur autre qu'elle-même ; elle veut faire corps non seulement avec les autres églises chrétiennes mais avec les différentes religions et se mettre à l'écoute de toute l'humanité : « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho en leur cSur » (« L'Eglise dans le monde de ce temps », n°1).

Dans un autre texte sur l'Eglise - la Constitution « Lumen Gentium  » - le Concile pour préciser sa pensée emploie un terme assez difficile à faire comprendre aux non-initiés; il parle de « sacrement ». Ce mot permet aux croyants de reconnaître le lien entre le mystère de Jésus - sa mort et sa Résurrection - et le présent de l'histoire. Leur mission est de vivre avec la conviction que l'Esprit Saint qui était à l'oeuvre en Jésus est en action aujourd'hui dans son Eglise, dans la mesure où ses membres se laissent inspirer par le message évangélique. Chose étonnante : la papauté, en 1864, condamnait la liberté, la démocratie et la République. Un siècle plus tard, le Concile promulgait un décret pour affirmer que la liberté religieuse, toute laïque qu'elle puisse sembler, est une valeur évangélique.

Le pape, un personnage symbolique

«Le Pape est une vieille idole qu'on encense par habitude », écrivait Montesquieu dans les Lettres Persanes, aux approches de la Révolution française. Cette habitude n'est pas morte : on peut être étonné de ces tournées médiatiques où le successeur de Pierre se fait acclamer partout dans le monde. Véritable « idole des jeunes » dans le monde catholique ! On comprend aisément l'étonnement du musulman.

Malgré ces manifestations spectaculaires, l'héritier de Pierre ne peut être pour personne un adversaire à craindre. Il est devenu un personnage symbolique. La pompe qui l'accompagne est une relique de l'époque constantinienne disparue. L'attachement que lui porte le monde catholique tient sans doute au fait que son existence maintient en éveil la conscience évangélique : considéré comme successeur de Pierre sa personne rappelle la communauté apostolique des origines, autour de Jésus.

Les papes prennent la parole

Les papes prennent la parole. Celle-ci peut s'avérer utile : les nombreuses prises de parti romaines en faveur d'un état palestinien sont sans doute une aide pour ce peuple injustement privé de sa terre. Les diverses Encycliques ne cessent de préciser une doctrine sociale qui peut aider les gouvernements et les peuples à respecter les Droits de la personne humaine et à faire grandir la justice et la paix. A l'heure de la mondialisation on peut y voir une heureuse contribution à la formation d'une conscience morale internationale.

La parole d'un pape, avouons-le peut aussi être maladroite. Les musulmans en ont fait l'expérience à propos de la Conférence de Ratisbonne. Les catholiques d'extrême droite voient leurs demandes écoutées favorablement par Benoît XVI. : les voici autorisés à revenir à la liturgie précédant le Concile ! Quant à l'invitation du Vatican de ne plus aider financièrement Amnesty International sous prétexte qu'on y aide des femmes en détresse à avorter, elle ne peut que blesser la conscience contemporaine, religieuse ou non. Devant de pareilles maladresses, on peut rester serein. Les textes de Vatican II font davantage autorité que les déclarations pontificales qui ont suivi.

Reconnaissons-le : souvent la parole romaine est stérile. Pendant des siècles, l'enseignement de l'Eglise a forgé la morale familiale. Celle-ci est mise à l'épreuve par la modernité ; sans cesse les Pontifes protestent contre les unions libres, l'avortement, les expériences génétiques ou l'homosexualité. Peine perdue : ces paroles ne sont plus écoutées. Sans doute est-ce le symptôme d'une sécularisation qui n'a pas encore dit son dernier mot.

Michel JONDOT




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