D'un prosélytisme l'autre

Boutros Hallaq
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Boutros Hallaq s’interroge : tout prosélytisme n’est-il pas lié à une stratégie politique de domination via la religion ?

« Je trouve indigne de vouloir que les autres soient de notre avis. Le prosélytisme m’étonne. » (Paul Valéry)

Cette réflexion d’un grand poète au début du siècle dernier exprime une opinion caractéristique de la modernité. Comment ne pas y souscrire si l’on entend par prosélytisme toute action visant à susciter, voire forcer l’adhésion d’autres personnes à sa foi.

Apparu au 18° siècle, dans un Occident en train de s’affranchir de l’autorité ecclésiastique, le terme visait prioritairement l’action de l’église catholique. Aussi conviendrait-il, afin d’en parler à bon escient, de le mettre à jour : c’est-à-dire d’en élargir le champ sémantique afin d’englober toute religion, mais aussi par extension « toute théorie, doctrine, idéologie relevant du sociétal, du politique et/ou de l’économique ».

Il importe aussi de prendre acte d’une rupture historique, celle qui a vu l’apparition du terme prosélytisme lui-même : l’émergence de l’idée de laïcité. Avant ce moment, il était question de conversion, de répandre la foi, d’apostolat, etc, surtout probablement dans le monde monothéiste, où a prévalu la « mono-vérité », notion étrangère par exemple pour l’empire romain ou pour les sociétés d’Extrême-Orient. Cela a créé, dans le judaïsme et l’islam, une tradition de conquête pour imposer la foi qui n’a pas tardé à contaminer le christianisme dès qu’il est devenu religion d’empire. Depuis, apostolat rimait le plus souvent avec stratégie d’État (ou des autorités en place) englobant celles des institutions reconnues par lui : ordres, confréries et autres œuvres de mission. Il s’est trouvé, sans doute, des mouvements d’apostolat qui ont emporté par conviction l’adhésion des groupes visés ; reste que le plus souvent, la conversion a été largement facilitée par les attributs du pouvoir : avantages proposés, protection accordée, menaces et dans les cas extrêmes répression généralisée. Dans ce contexte, ce que maintenant nous appelons prosélytisme allait de soi, et relevait même de procédés doux et de motif noble, le zèle à l’égard du non-croyant. En revanche, dans les sociétés qui ont accepté une forme de laïcité, l’apostolat tendait à passer par le dialogue, le témoignage de vie, loin de toute volonté de pouvoir et dans le respect de la liberté de chacun. Tant il est légitime pour une foi sincère, quel qu’en soit l’objet, de pouvoir se communiquer, se partager et pourquoi pas s’universaliser, loin de toute pression. Cependant, cela ne peut pas être affirmé indifféremment de toutes les missions, chrétiennes ou musulmanes, celles notamment opérant dans des zones plus ou moins éloignées de leur point d’attachement, ou mieux encore dans le sillage d’une puissance étrangère nouvellement implantée. Dans les dernières décennies du siècle dernier, la compétition faisait rage entre missions chrétiennes et musulmanes en Afrique. Tout était permis pour séduire, attirer, allécher le public concerné. Il nous faudra donc opérer une nette distinction entre prosélytisme et l’apostolat de témoignage : Albert Schweitzer, Mère Teresa, Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre ou Martin Luther King pour ne citer qu’eux témoignaient de leur foi uniquement par leur action de solidarité  ; tout comme Mandela ou Gandhi essayaient, dans leur exercice du pouvoir, d’emporter pacifiquement la conviction de leurs concitoyens.

Pourtant le prosélytisme que d’aucuns ont cru mort survit toujours dans le monde moderne, et en se métamorphosant devient tellement protéiforme qu’on a peine à débusquer ses différentes manifestations, comme à le faire admettre comme tel par ses propres agents ou acteurs. N’est-on pas toujours le prosélyte de quelqu’un, et souvent un prosélyte qui s’ignore ? J’aimerais, à partir de ce rappel sommaire, donner à voir quelques cas vécus, révélateurs du prosélytisme.


Prosélytisme de pouvoir

Imaginez une commune de six mille habitants sur les hauts plateaux syriens, un tiers de chrétiens, deux de musulmans, vivants en bonne intelligence vers le milieu du 20e siècle. Dominée par le Mont appelé Saint Maron, cette commune a hérité de deux temples romains majestueux construits en d’énormes blocs de pierre, transformés, pendant ou peu après le règne de Constantin, en églises chrétiennes. Elles servent depuis des siècles l’une au culte chrétien et l’autre au culte musulman. Le primo-adolescent que j’étais se rappelle d’une jeune fille si belle (« belle comme la lune », dit-on en arabe) qu’à l’église elle attirait les regards de tous les jeunes et moins jeunes hommes lorgnant sans cesse vers la travée de droite réservée aux femmes. Imaginez ce qui se passe dans la tête de l’adolescent lorsque, quelque temps après, il lit la colère résignée dans les yeux des adultes : la belle s’est mariée avec un jeune musulman, certes de famille honorable et sans reproche, mais musulman après tout ; et si elle n’est pas tenue de se convertir à l’islam, ses enfants seront musulmans. N’ayant aucune chance lui-même, étant chrétien, de se marier plus tard avec sa remarquable copine de classe musulmane, vous pouvez mesurer le surcroit de trouble qui l’accable ! N’est-ce pas une forme de prosélytisme socio-politique violent d’autant plus insupportable qu’il est reconnu et imposé par un État se réclamant de la modernité ?

De même, ce garçon apprendra, en arpentant la Syrie, que des localités côtières entières ont été converties au catholicisme pendant le mandat français (1920-1945), avant de revenir à leur foi première peu après l’indépendance. Prosélytisme symétrique du vainqueur du moment !

Il apprendra aussi, en découvrant les autres communautés chrétiennes du pays, que sa communauté dite grec-catholique, dont il est si fier, n’est qu’une branche schismatique du tronc orthodoxe mère, schisme provoqué par les missionnaires catholiques européens à partir du 16e siècle. La même opération s’était reproduite au sein des différentes églises de tradition syriaque, arménienne et copte : il s’agissait de constituer des églises orientales rattachées à Rome. Les missionnaires protestants, anglais ou américains, suivront rapidement le même chemin. Or cette « conversion », facilitée par le prestige de l’Occident en passe de devenir puissance dominante, s’est traduite automatiquement au niveau des masses par un progrès économique, culturel, social et hygiénique, auxquels s’ajoutait la protection accordée par les puissances européennes, la Russie comprise. On peut douter que l’effet obtenu soit attribué au seul témoignage de foi, et ce, quelle que soit la sincérité de certains individus. D’ailleurs à en croire les historiens, les premiers jésuites arrivés au Proche-Orient avaient pour unique mission de se mettre au service du patriarche grec-orthodoxe d’Antioche, prélat respecté, sollicité par les autres sièges patriarcaux (Constantinople, Moscou…) pour ramener la concorde en modernisant les institutions. C’est seulement quelques décennies plus tard que le Vatican a adopté une politique de grignotage qui s’est peu à peu étendue à toutes les églises orientales. Ce prosélytisme s’est poursuivi jusqu’à la fin du 20e siècle ; il a toujours ses défenseurs. Il m’en coûte de rapporter la réaction du Cardinal Lustiger lors d’une table-ronde organisée, il y a une vingtaine d’années, à l’Institut catholique de Paris à l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, avec la participation d’une personnalité grec-orthodoxe de premier plan. Celle-ci faisait remarquer que provoquer une scission au sein de l’Église orthodoxe n’était pas le meilleur service qui lui ait été rendu. Et voilà que le cardinal se dresse debout et prétexte d’un rendez-vous pour quitter la salle tout renfrogné. Or, être soi-même le résultat d’un prosélytisme, non point d’une religion à l’autre, mais d’une église à l’autre, pareillement chrétiennes mais inégales en force, posait au jeune homme qu’il était devenu un problème intime d’identité.

Quelques guerres plus tard, il voit le wahhabisme déferler sur toute la région. Des associations soi-disant civiles pourvues d’importantes ressources s’implantent, et au fur et à mesure que des groupes se voyaient bénéficier d’avantages matériels ou moraux, la pratique religieuse progresse et avec elle le voile et la démarche d’exclusion ; la construction de mosquées est alors multipliée par sept ou huit en seulement vingt ans. Rapidement, la pression s’accentue avec la mise sous surveillance de l’éducation, de la vie culturelle, des media, du régime alimentaire et jusqu’à la présence de non musulmans dans les organes de décision. Prosélytisme dont sont impactés en premier lieu les Sunnites ; car il ne suffit plus d’être sunnite, il faut l’être conformément au wahhabisme : prosélytisme entre les tenants d’une même doctrine de foi. Rappelons que, en vue de prendre le pouvoir au début du 20e siècle, le fondateur de la dynastie saoudienne, Abdel-Aziz Ibn Saoud, ne combattait pas des hérétiques mais des tribus sunnites considérées comme hérétiques tant qu’elles n’adhèrent pas au wahhabisme et ne se soumettent pas par conséquent au joug d’Ibn Saoud. Ce prosélytisme inter-sunnite, qui avait coûté à la Péninsule arabique un demi-million de morts, a repris de plus belle après l’alliance scellée à la fin de la deuxième guerre mondiale entre l’État wahhabite et les puissances occidentales et s’étendit par la suite, au-delà du monde arabe, à de nombreux états en Asie et en Afrique. Il s’inscrivait, grâce aux revenus du pétrole, dans une stratégie politique de domination, via la religion. Il reproduisait le système de conversion de l’islam des origines.


Prosétlytisme assujetti à une idéologie politique

L’adulte qu’il était devenu suit avec stupeur en 1982 le déploiement, dans le sillage de l’armée israélienne, de centaines d’Évangéliquess américains, au Sud-Liban envahi. On assiste au triomphe d’une forme moderne de prosélytisme, dont les origines remontent à la fin du 19e siècle. La conversion à une autre foi n’est plus l’objectif ultime, mais tout au plus une phase d’embrigadement dans l’une de ces idéologies de modernité qui se cristallisent après l’annonce de « la mort de Dieu  » (cf. Nietzsche). En font partie le sionisme, le marxisme à la soviétique, le laïcisme intransigeant … qui fonctionneront pratiquement quasiment comme de nouvelles religions. Le laïcisme révolutionnaire en est arrivé à instaurer le culte de l’Être suprême. Le sionisme, notamment, après la Shoah, est devenu une vérité indiscutable, transcendante, quasi-révélée, malgré les tragédies qu’il engendre depuis trois quarts de siècle. Nous connaissons les pratiques du communisme soviétique athée, qui singent celles de la religion la plus totalitariste. Idem du nazisme et du fascisme, de façon plus ambiguë. L’Évangélisme anglo-saxon dans sa forme récente force l’Évangile à s’inscrire dans la même logique. En effet, ses adeptes, passés pour être les meilleurs soutiens de la politique annexionniste d’Israël, s’activent auprès des chrétiens pour les convaincre de la juste cause du sionisme. En adoptant la foi « évangélique », ils œuvreraient pour la réalisation de la promesse divine concernant la Terre promise. Conversion monnayée, obtenue en faveur d’un objectif à deux termes parfaitement contradictoires : faire triompher l’idéologie sioniste, mais pour hâter le retour du Messie qui déclencherait à son tour la conversion définitive de tous les juifs. Par ailleurs, chacun peut constater par les temps qui courent les dégâts causés par la stratégie « évangélique » triomphante aux USA.

Ne serait-il pas justifiable d’inscrire aussi dans la même logique une certaine représentation idéologique, assez répandue actuellement, de la démocratie dégradée et hypocrite à la fois ? L’adulte en question l’a vécue jusqu’au traumatisme dans l’invasion à répétition de l’Iraq par les USA : une première fois en 1991 sous couvert international, puis unilatéralement en 2003. Elle marque le début d’une tragédie toujours en cours frappant l’Iraq, la Syrie et toute la région, dans le but de redessiner un Proche-Orient nouveau, forcément « démocratique », puisque dominé par les USA et leurs clients locaux ? Cette tragédie finira de proche en proche par gagner l’Occident, via le jihadisme islamiste. L’étendard levé cette fois est celui d’une valeur universelle, la démocratie, mais arrangée par une superpuissance conformément à ses intérêts de telle sorte qu’elle apparaisse aussi évidente qu’une religion révélée. Triomphe du prosélytisme idéologique.


Le prosélytisme comme mysticisme : l’islamisme

Peut-on appréhender le prosélytisme islamique qui sévit en France, quelle qu’en soit la forme, séparément des diverses manifestations déjà évoquées ? Du point de vue juridique, la pratique des États fondés strictement sur la Charî’a ne tient pas du prosélytisme mais de la conversion par coercition, comme dans le wahhabisme où aucune séparation entre les ordres religieux et politique n’est envisageable. En revanche, dans les états majoritairement ou totalement musulmans qui ne sont pas régis par la Charî’a, le prosélytisme est affaire d’opportunité comme dans les pays occidentaux. Mais au niveau international, le prosélytisme compris dans son sens occidental ne commence à être pratiqué par des pouvoirs musulmans dans le jeu de domination mondial, que depuis quelques décennies. Il me semble en effet que les conversions à l’islam avant les indépendances, voire avant la naissance des puissances pétrolières, concernaient peu d’individus, cultivés et jouissant d’un bon statut social : ils ne visaient en se convertissant aucun avantage matériel ou moral. Le phénomène n’a débuté, en France comme partout ailleurs, qu’à la faveur de l’implantation d’associations sociales financées par l’étranger. Celles-ci ne visaient au départ que les musulmans d’origine plus ou moins fraichement installés en France, et généralement d’obédience sunnite. Il s’agissait souvent de les attirer vers une pratique intégriste et un modèle essentiellement wahhabite, implacable à la saoudienne ou un peu plus souple comme aux Émirats arabes et au Qatar. Il est indéniable que l’État français a laissé faire soit pour complaire aux investisseurs wahhabites, soit pour confiner la culture arabe dans le religieux et, par conséquent, la neutraliser dans le processus de la diversification culturelle – qui représente toujours un tabou – et devenait menaçant aux yeux de certains. Il leur fallait des « musulmans français » et non des citoyens se reconnaissant de culture arabe (signifiée par la désinence espiègle de beur). J’ai assisté, comme enseignant universitaire, au basculement d’une identité (français de culture arabe) à une autre (musulman intégriste). Les intérêts de la politique française du moment coïncidaient avec ceux des groupes prosélytes.

Une autre phase s’ouvre bientôt avec les nombreuses interventions militaires occidentales de plus en plus violentes, la férocité de la répression israélienne contre l’identité Palestinienne et, enfin, la mainmise dans les pays arabes des élites, militaires déclarés ou camouflés en civils, sur les richesses et les destins des pays. La montée en puissance du mouvement jihadiste, amorcée avec al-Qa’ida, atteint son apogée avec la création par Daech d’une base territoriale, à la faveur de l’instabilité en Irak et de la guerre civile en Syrie. C’est à ce moment qu’une idéologie islamiste extrémiste s’est affublée d’une dimension universaliste pour se lancer dans un prosélytisme tout azimut visant autant les « fidèles » que les « infidèles ». Ces derniers jouaient le rôle de garants de l’universalité de la lutte contre le mal représenté par un Occident chrétien dominant, opprimant le monde de l’islam. Ainsi, il offrait aux nouveaux venus, au-delà des pouvoirs de jouissance (femmes à volonté) et de puissance et en plus des récompenses promises après le « martyre », une contrepartie bien valorisante : lutter pour la justice sociale et la fraternité. Tous « frères » pour le triomphe du bien, dans une mystique qui n’est pas sans rappeler celle à laquelle prétendaient les différentes utopies.

Dans sa phase ultime, le prosélytisme de terreur jihadiste joue sur tous les leviers signalés dans les phases précédentes, y compris le levier de la transcendance, mais il y ajoute l’ivresse d’une mystique idéologique de participer à une aventure fraternelle universelle susceptible de construire le paradis sur terre ; le réel est alors appréhendé dans une démarche magique et la mort niée. N’est-ce pas déjà, à titre d’exemple, la logique du mouvement anarchiste depuis ses origines russes à la fin du 19e siècle en passant par la guerre civile espagnole et celles d’Amérique latine ?

Il est indéniable là aussi que, malgré la dangerosité extrême de ce prosélytisme de terreur, l’Occident y trouvait quelque intérêt, du moins avant qu’il ne soit lui-même touché. Par réalisme peut-être, par intérêt cynique aussi, il s’est contenté de juguler le le terrorisme jihadiste de sa cour interne, mais il n’a jamais pris la peine d’aller l’écraser dans son nid. Il n’en avait pas les moyens, dit-on ; mais n’avait-il pas quelques années plus tôt mobilisé un million de soldats pour défendre les puits du pétrole contre Saddam puis a fini par achever l’œuvre en réduisant l’Iraq à son « état préhistorique », selon l’expression utilisée par les stratèges du Pentagone ? Ici, en revanche, il s’est contenté de repousser Daech en direction des forces ennemies, syriennes et russes. Très probablement, sans l’intervention décisive de Moscou, paniquée de voir le jihadisme implanté à ses frontières, la coalition aurait continué jusqu’à maintenant à opérer ses raids aériens à des milliers de kilomètres d’altitude. D’ailleurs, quelle mesure l’Occident prend-il maintenant contre un membre de l’Otan, la Turquie, qui continue à exporter par milliers ces jihadistes vers ses terrains d’opération ? Et comment aurait-il pu combattre efficacement ce jihadisme, et plus largement le prosélytisme islamiste, tout en maintenant une coopération avec le wahhabisme ? Renvoyer chez eux quelques imams ! Cécité ou complicité par intérêt ?


Un prosélytisme universel lucratif :
l’utopie du consumérisme

On serait fondé, pour finir, à se demander si l’on peut sérieusement lutter contre ces prosélytismes, tout en pactisant avec une certaine utopie consumériste promettant le bonheur, qui y a partie liée. Il s’agit de prendre conscience de la toute-puissance d’un prosélytisme global et totalitaire qui s’introduit dans le tissu du quotidien le plus banal à l’échelle planétaire ; qui peuple l’espace et le temps psychique de chacun tel un filet invisible d’araignée. Cette idéologie consumériste ultra-libérale prétendant apporter le bonheur détermine non seulement l’action des hommes d’affaires – c’est normal – mais aussi celle des autorités politiques et des élites à qui elle dicte les conduites à suivre, les guerres à mener et les justifications rationnelles à tout excès. Elle ne nous laisse aucun répit avec sa publicité ultra-présente dans notre espace (rue, transport, travail, loisir, domicile…), qui sature notre univers culturel et mental. Non content d’instrumentaliser le corps de la femme puis de l’homme, elle s’attaque maintenant à celui des enfants et même des nourrissons pour délivrer son évangile de bonheur. Tout objet, tout souffle de vie sert de prétexte à la consommation. Nous commençons, c’est évident, à réagir à ce rapt sans précédant sur nos destins liés au destin de notre terre, au profit d’une infime minorité ; rapt qui n’est probablement pas innocent de l’apparition du fléau de la pandémie en cours. Mais beaucoup s’en faut pour inverser la tendance. Commencer à lutter contre ce prosélytisme ravageur pour l’humanité entière serait peut-être la voie la plus adéquate pour commencer à réduire tout autre prosélytisme, ne serait-ce que parce que cela nous obligerait à affronter notre part d’égoïsme individuel.

Boutros Hallaq

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