Après l’assassinat d’un prêtre pendant la célébration de la Messe, cet été à St Etienne de Rouvray, quarante-deux personnalités musulmanes ont pris la parole à propos des événements perpétrés par des terroristes se réclamant de l’islam. Ils ont voulu rompre le silence de leurs coreligionnaires face à la succession des crimes commis au nom du Coran. Ce faisant, ils s’efforçaient d’éviter une déchirure dans le pays entre les musulmans de France et l’ensemble des citoyens. Le mot n’a pas été employé mais leur démarche avait une allure de repentance.
Repentance : le mot désigne les demandes de pardon qui se multiplient dans l’Eglise depuis quelques décennies. La France tout entière, elle aussi, se repent de ses complicités, lors du gouvernement de Vichy, avec le régime nazi. Les lieux de « mémoire » sont nombreux et « Le Musée de la Shoah », ouvert à Paris en 2005, maintient le souvenir du génocide des années 40.
N’y a-t-il pas quelque chose de trouble dans le fait de considérer ses fautes et ses torts ? « Il y a des contritions plus sales que les péchés » disait Péguy. Bien des croyants quittent leurs religions parce qu’ils considèrent qu’on a fait de Dieu un juge impitoyable qui scrute les reins et les cœurs (« Dieu était dans la tombe et regardait Caïn »).
Augustin parlait de « ver rongeur » pour désigner le mal qui tourmente la conscience. Le remords est-il évitable ? Il s’empare de ceux qui ont enfreint la loi mais, sans loi, aucune vie humaine n’est possible. En réalité le recours au pardon est le vrai remède à la culpabilité. Il permet au fautif d’être en paix avec lui-même : il convient que les croyants se débarrassent des fausses images d’un Dieu qui condamne. Aux yeux des musulmans Il est toute miséricorde. Aux yeux des chrétiens Il se dépouille de toute Puissance et, par Jésus et en Lui, Il devient notre frère. Forts de cette conviction, réjouissons-nous lorsqu’un peuple ou une religion font œuvre de repentance. Ils travaillent pour la paix et, loin de s’abaisser, le sachant ou non, ils rendent hommage au Seigneur des croyants.
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Réflexions sur le pardon
Le pardon est une notion religieuse
qu’on trouve aussi bien en islam qu’en christianisme.
Une fois de plus Mustapha Chérif nous fait profiter de sa vaste culture théologique : le pardon, facteur de civilisation, a une place importante dans le Coran et il circule à travers l’histoire :
L'islam et le pardon
Mustapha Cherif
Michel Jondot nous rappelle que, dans la Révélation chrétienne, le pardon ne peut se comprendre sans se référer à la Loi. Le rapport de la Loi au pardon est assez semblable à celui de la Mort à la Résurrection :
La faute et le pardon
Michel Jondot
Le pardon a également sa place dans la philosophie profane. Nibras Chehayed en apporte le témoignage en nous présentant la pensée de Jacques Derrida :
A l'épreuve de l'impossible...
Nibras Chehayed
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Le pardon dans les conflits politiques
Au moins depuis 1948, la violence déchire les populations résidant en Terre Sainte. Comment les chrétiens arabes de cette région du monde
réagissent-il ?
Pardonner pour être libéré
Sabeel
Le 20ème siècle a été marqué par les graves conflits qui ont traversé l’Algérie après avoir opposé celle-ci à la France. Monseigneur Henri Teissier a vécu depuis la première heure cette période de l’histoire au cours de laquelle l’Eglise, dont il était l’Archevêque, a partagé les souffrances d’un peuple.
Comment peut-on pardonner?
Monseigneur Teissier
La France doit-elle faire acte de repentance à l’égard de l’Algérie pour les « actes de barbarie » qu’elle y a commis ? Un candidat aux élections présidentielles parle de « crime contre l’humanité » : est-ce excessif ? Saddek Sellam nous fait part de ses réactions :
Appeler les choses par leur nom
Sadek Sellam
Il était impossible de concevoir ce numéro sans faire allusion à la Commission de Réconciliation initiée par Monseigneur Desmond Tutu et Nelson Mendela. Luc-André Leproux nous rappelle la situation
Trust, the road to reconciliation
Luc-André Leproux
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