Le désir de bonheur est au cœur de l’humanité et il est important de le sauver. Mais peut-on sauver le désir sans juguler les convoitises ? Il ne s’agit pas de condamner le plaisir mais il faut reconnaître qu’en passant son temps à le chercher, on engendre la mort. Se satisfaire d’un système qui prétend vendre du plaisir pour faire grandir le profit de quelques-uns a engendré des écarts jamais atteints entre les peuples et, à l’intérieur de chaque peuple, des écarts entre une poignée de possédants et une masse grandissante de miséreux. Le pouvoir, dans une société, est sans doute indispensable. Mais si on le vise pour sa satisfaction personnelle, on oublie le bien de ceux sur lesquels on veut l’exercer.

Par-delà la convoitise qui tourne vers soi-même, chrétiens et musulmans, en puisant dans nos sources spirituelles, nous avons à devenir témoins de l’amour qui nous tourne les uns vers les autres : c’est le chemin, nous le croyons, qui conduit au bonheur que désirent tous les hommes.

Convoitise, désir et islam

Trois personnalités musulmanes très différentes manifestent une même sensibilité. Toutes rendent hommage à la loi : en limitant les convoitises, elle permet le plaisir et procure le bonheur.

Selon Mohammed Benali, la loi manifeste l’amour que Dieu nous porte  :
Le plaisir, la loi, l'amour de Dieu - Mohammed Benali

Fatima Chbibane souligne pour sa part l’importance de la sexualité.  :
Sagesse humaine, sagesse coranique - Fatima Chbibane Bennaçar

Parlant au nom des tisserandes de « La Caravelle », Fatima Tayab s’inquiète de voir les jeunes tiraillés entre deux mondes  :
Le plaisir de vivre - Fatima Tayab

Convoitise, désir et mystique

En islam et en christianisme, des hommes et des femmes ont compris qu’en dépassant toutes les formes de convoitise, y compris religieuses, le désir humain pouvait s’ouvrir à Dieu.

Cette démarche s’inscrit en des textes ; on constate, en les lisant, une étrange parenté entre mystiques musulmans et mystiques chrétiens  :
L'expérience mystique - Mystiques musulmans et chrétiens

Elle s’inscrit aussi dans la vie des saints. Christine Fontaine tente de le faire apparaître en évoquant la vie de Charles de Foucauld, l’ermite du Sahara :
Sur les traces de Charles de Foucauld - Christine Fontaine

Convoitise, désir et manque

Le manque que masque la convoitise fait naître l’angoisse.

Bernanos, un auteur chrétien, met en scène dans ses romans – en particulier dans « Le Journal d’un curé de campagne » que présente Michel Jondot  – des personnages qui s’ouvrent à Dieu parce qu’ils ne masquent pas l’angoisse face au manque qu’ils traversent  :
Le temps du désir - Michel Jondot

Dans une tout autre démarche, les philosophes et les psychanalystes se sont intéressés à ce phénomène : Nibras Chehayed, à ce propos, nous fait entrer dans la pensée de Jacques Lacan :
L'autre face du désir, l'angoisse selon Lacan - Nibras Chehayed

Convoitise, désir et perversion

La convoitise est dangereuse. Elle s’accompagne d’un désir de domination qui engendre la violence.

On le constate souvent au sein d’une famille : Marianne Huteau, une psychologue, en témoigne :
Les perversions du désir - Marianne Huteau

La convoitise fut aussi – elle est encore – le moteur des difficultés entre l’Orient et l’Occident. Celui-ci veut imposer à l’autre une civilisation « du démonstratif, du calculable et de l’individu », refusant « l’intrusion de l’absolu ». Telle est l’opinion de Mustapha Chérif, un philosophe algérien et musulman.  :
Le Prophète et notre temps - Mustapha Cherif

Boutros Hallaq, un universitaire français, arabe et chrétien, lui fait écho en dénonçant l’idéologie du progrès :
Le désir comme antidote à la violence - Boutros Hallaq