A l'écoute de convertis

L'itinéraire de Dominique - Mehdi

Myriam, un itinéraire vers l'Eglise catholique

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Ces deux témoignages appellent le respect.
l'un et l'autre laissent deviner la volonté
de répondre à un appel venu d' en-haut.

L'itinéraire de Dominique - Mehdi



Carton de Dominique-Mehdi Doulain

Vingt ans en 1968

Le mot « conversion » ne me convient pas. Je préfère parler d'itinéraire. J'avais vingt ans en 1968. Les événements de mai mavaient beaucoup remué et pour la première fois de ma vie, je me suis lancé dans un engagement politique. Je prenais conscience des défaillances du pouvoir. A cette époque-là j'étais étudiant, en classe de prépa.

Je suis d'une famille chrétienne ; j'ai été élève dans un pensionnat tenu par des religieux, à Metz. J'y ai fait ma communion mais je garde un assez mauvais souvenir de mes éducateurs. Il est vrai que je n'étais pas un très bon élève.

Après mai 1968 j'ai été admis à l'ESME (Ecole spéciale de mécanique et d'électricité). Pendant mes études d'ingénieur, je suis passé de l'engagement politique à la découverte du monde artistique et j'ai suivi, de façon plus ou moins informelle, une formation chez un graphiste.

Il a fallu passer par le Service National. Je ne voulais pas porter les armes et j'ai demandé de faire la coopération. On m'a proposé l'Algérie ou la Tunisie. Sur les conseils de mon père, j'ai opté pour la Tunisie. On m'y a confié l'atelier de maintenance de l'ENSET.

Je les voyais faire le Ramadan

Avant de partir, comme j'ignorais tout du monde maghrébin j'ai demandé conseil à un ami : «comment m'informer sur le contexte arabe ? » « Commence par lire le Coran », m'a-t-on répondu. J'ai acheté une traduction dont j'ai commencé la lecture sur le bateau. Je n'ai pas été séduit, loin de là ! Arrivé en Tunisie, j'ai eu envie de connaître le monde arabe et je me suis mis à l'écart du monde des coopérants. J'ai appris la langue arabe. J'ai rencontré plusieurs Tunisiens qui sont devenus mes amis. Je les ai vus vivre. Je les voyais faire le Ramadan. J'étais impressionné; leur comportement, leur morale, leur façon de vivre étaient pour moi source de questionnement.

Ils me prêtaient des livres et nous avions de nombreuses discussions. Mon intérêt pour l'islam a d'abord été littéraire. Je l'ai abordé par des livres et des colloques. La connaissance de cette culture m'a peu à peu interpellé ; elle faisait renaître chez moi le besoin d'une spiritualité et d'une croyance. Cette période a correspondu avec le décès de mon père. Ceci joint au changement de culture et de pays a opéré en moi un détachement qui m'a ouvert sur le spirituel. L'islam était là, le chemin était ouvert, je m'y suis engagé.

J'ai rencontré à Tunis le Père Michel LELONG. Il a su m'écouter et me conseiller par rapport à ce qu'il percevait de l'islam. Il connaissait beaucoup d'itinéraires de chrétiens en Islam. Je rends grâces à sa très grande tolérance.

Au moment de quitter la Tunisie, j'ai entrepris des démarches auprès des autorités administratives pour obtenir un papier attestant que j'étais musulman. Je me suis trouvé devant des difficultés administratives : j'ai laissé tomber

J'ai été long à m'insérer dans l'islam de France

Rentré en France, j'ai gardé mes amis et mes amies de Tunisie. L'une de ces dernières est devenue mon épouse. J'ai dit mon itinéraire à ma mère et à mes frères et soeurs. Ils ont été étonnés de ce parcours qui non seulement ne les a pas choqués mais qu'ils ont admiré. Rien n'a été cassé dans le cercle familial. A plusieurs reprises j'ai prié avec ma mère ; elle s'exprimait dans son langage chrétien et moi dans mon langage musulman.

En Tunisie, j'avais fait la Shaada avec l'ami qui priait avec moi. Par rapport à l'islam je n'ai entrepris aucune démarche officielle jusqu'à mon mariage où je me suis adressé à la Grande Mosquée de Paris. J'ai été long à m'insérer dans l'islam de France. J'ai rencontré quelques personnalités dans des colloques où m'invitait le Père Lelong et j'allais chaque vendredi à la Grande Mosquée. Mon premier rapport avec l'islam de France s'est effectué avec un groupe soufi à Paris, par l'intermédiaire d'Amanhulla (Philipe) DEVOS. Une association de banlieue m'a contacté, essentiellement des Marocains. Ils attendent que je les aide à trouver un lieu de prière. Ce sont des gens d'un milieu simple dont la culture ne fait pas apparaître la richesse de l'islam que j'ai choisi. Je continue une recherche sur le patrimoine et la culture d'un islam plus ouvert.

L'islam d'aujourd'hui ? Il est soumis à des courant contradictoires parce qu'il évolue dans un contexte nouveau. Il n'est plus lié à un Etat ce qui le libère pour ses interprétations. Devant cette situation on trouve deux courants. Un courant nostalgique qui refuse l'ouverture; pour eux il s'agit de contenir l'islam dans les lectures restrictives du passé. Un autre courant cherche à s'ouvrir sur l'immense richesse que cette coupure permet de découvrir.

L'Eglise ne m'a pas gêné

Au cours de mon itinéraire, l'Eglise ne m'a pas gêné. Elle a une attitude d'ouverture sur les autres. Les chrétiens ne sont pas fermés face aux autres spiritualités. Le monde chrétien m'a donné la liberté de me sentir bien ailleurs que chez elle. Je ne me sens pas en contradiction avec mon patrimoine chrétien.

J'ai oublié de dire la place qu'a tenu la recherche esthétique dans ma démarche : je suis devenu artiste en même temps que musulman. Ce n'est sans doute pas par hasard. Je ne peux concevoir mes recherches artistiques sans les interrogations fondamentales auxquelles me conduit l'islam ; elles sont alimentées par mes recherches spirituelles. Je considère mes oeuvres comme des métaphores de ma quête mystique.

Dominique-Mehdi Doulain


Carton de Mehdi - Dominique Doulain


Myriam, un itinéraire vers l'Eglise catholique



Peinture de Soeur Boniface

La croix que portent les chrétiens

La jeune Myriam marche dans une rue d'une ville d'Afrique du Nord. Elle trouve une jolie croix par terre et la ramasse; puis elle met la chaîne autour de son cou. Sa maman lui demande de l'enlever et lui explique que c'est la croix que portent les chrétiens, et non les musulmans. Myriam réfléchit. Cet événement restera gravé dans sa mémoire. Elle grandit sans histoire dans une famille nombreuse et très unie. Son père a travaillé en France puis, revenu dans son pays, a lui-même acquis un commerce.

Comme dans la plupart des familles musulmanes, la foi en Dieu est toujours présente autour de Myriam. Ses parents sont fidèles à leurs prières. Myriam aime sa famille et admire la foi et l'amour de sa mère pour les siens mais aussi pour tous ceux à qui elle est prête à rendre un service. Ses frères et soeurs font des études secondaires ou supérieures.Une grande partie de la famille vit en France. Myriam se sent la moins douée.

Elle raconte : « je n'aimais pas ma vie, et puis il y a eu un déclic. J'ai vu la paix ; je l'ai vue sur le visage d'une chrétienne. Alors j'ai voulu aller en France pour comprendre : c'est quoi, la paix ? » Sa famille ne savait pas pour quelles raisons Myriam voulait partir, mais elle la laisse rejoindre ses frères et soeurs en banlieue parisienne.


De longs échanges à partir de l'Evangile

Là elle cherche à rencontrer une communauté chrétienne et manifeste le désir de connaître ce qu'est cette vie chrétienne et quelle en est la source. Le curé d'une paroisse qu'elle contacte me dit franchement : « je ne vois pas la possibilité d'engager un dialogue suivi avec Myriam, j'aimerais que tu t'en occupes ». C'est ainsi que j'ai reçu Myriam. Un des premiers sujets abordés a été celui de son « secret d'enfance», sa découverte de la croix. Alors les questions ont surgi. Nous avons pris le temps de longs et fréquents échanges à partir de l'Evangile. Elle a découvert que c'est par amour que Jésus a offert librement sa vie pour nous. Nous avons aussi parlé du Coran, de ce qui y est écrit sur Jésus, Marie: des noms connus, des différences. C'était une occasion pour moi de relire le Coran, sachant que le cheminement de Myriam partait d'une source religieuse en elle.

Jésus est pour moi une lumière

Elle a rencontré d'autres jeunes chrétiens de son âge en participant au bénévolat dans une association de quartier. Avec un autre groupe que Myriam et moi rencontrions tous les mois, l'Eucharistie était célébrée et Myriam participait au partage d'Evangile. Peu à peu Jésus est entré dans sa vie mais le chemin a été long et difficile ; elle sait exprimer sa confiance : «Je sais que Dieu me tient par la main et que je suis toute petite devant Lui. Quand je vois tout en noir, Jésus est pour moi une lumière. Je sais qu'Il me donne beaucoup d'amour (j'avais connu aussi beaucoup d'amour avec ma mère). Je sais qu'Il ne me juge pas et que je n'ai pas à m'en faire».

Myriam aime sa famille. Elle veut rester en relation avec elle et jouit des rencontres, participe aux fêtes mais garde son secret.

Au bout d'un cheminement de cinq années, elle demande le baptême. « Avec le baptême, je trouve aussi une famille. J'ai découvert qu'être baptisée, c'est aussi recevoir l'amour humain ». Elle n'oublie pas que dans toute famille, joies et difficultés sont présentes. « Quand je suis découragée, je vais voir mes amis, je peux dire ce que je pense sans être jugée et je retrouve la paix ». « La paix, maintenant, elle est dans ma tête. Maintenant j'ai la paix. La paix c'est la résurrection de Jésus en moi ».

Bénédicte BAYRAUD


Peinture de Soeur Boniface

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