Mabrouk Aïd !


Prière à la mosquée de Gennevilliers
Aquarelle de Noëlle Herrenschmidt

Mabrouk Aïd !
Prenons part au bonheur de l’autre : tel est à peu près le sens du mot « Mabrouk ». L’Aïd est une invitation à partager la joie de l’autre. L’expression circule entre les disciples du Coran à la sortie de la mosquée. On la répète pendant trois jours aux parents et amis que l’on rencontre. Les chrétiens de « La Maison islamo chrétienne » voudraient la crier très fort à leurs amis musulmans. On devrait hurler de joie, ne serait-ce que pour étouffer les bruits de peur qui se répandent dans le pays lorsqu’il est question de l’islam en France.

Mabrouk Aïd !
Prenons part au bonheur de l’autre. Il est appelé à la vie. L’islam est en fête parce que l’Ange de Dieu a arrêté le bras d’un homme qui croyait honorer Allah en sacrifiant son fils. Le Dieu d’Abraham veut sauver la vie humaine. Sauver la vie : voilà bien le programme commun confié à tous les descendants d’Abraham.

Mabrouk Aïd !
Vienne le jour où l’on pourra prononcer ces deux mots en vérité.
Ce jour est celui où nous saurons arrêter les combats qui arrachent la vie non seulement aux enfants mais aux pères. Si nous crions « Mabrouk Aïd » aujourd’hui c’est avec le désir de voir reculer la mort au Proche-Orient – en Syrie comme en Palestine ou Israël – et disparaître les menaces qui pèsent sur tant et tant de pays africains !
Ce jour est celui où l’Occident saura éviter les naufrages de ceux et celles qui cherchent une place en Europe pour faire vivre leurs familles !

Mabrouk Aïd !
Fêter l’Aïd en Islam c’est partager la joie de donner ce que l’on possède. L’agneau que l’on immole n’est pas réservé à nourrir la famille qui en dispose. Il n’a pas de saveur s’il n’est pas consommé avec autrui. Le partage et le don l’emportent sur le sacrifice. Immoler le mouton n’est pas une obligation ; en revanche, l’acte de donner est prescrit. La joie à partager se manifeste lorsqu’on tente d’arracher autrui à sa détresse.
Que chacun, musulman ou chrétien s’interroge ! Qu’il regarde la société dans laquelle il vit ! S’il est vraiment croyant, il ne pourra se résigner de voir s’approcher les mois d’hiver alors que tant d’hommes, de femmes et d’enfants seront chaque soir à la recherche d’un abri. Qu’il partage l’angoisse de celui que le chômage menace, qu’il prenne sa part des victimes de la crise que nous traversons.

Mabrouk Aïd !
N’hésitons pas à prononcer la formule. Elle n’est pas magique mais elle laisse deviner le désir de Dieu. Il veut que sa création soit habitée par un bonheur dont nul ne serait exclu. Entrons tous dans le désir de Dieu.

Les chrétiens membres du bureau de La Maison Islamo Chrétienne,
le 15 octobre 2013



Aquarelle de Noëlle Herrenschmidt